En dix-huit ans, la situation des femmes se destinant à la médecine aura bien évolué. En 1867, le Conseil de l'instruction Publique se prononce contre l'entrée des femmes dans la médecine, jugeant cette admission contraire aux mœurs et aux conditions sociales. Quand elle n’est pas présentée comme un monstre hermaphrodite, on invoque sa faiblesse pour lui refuser l’accès à la faculté : pas assez de force physique, des menstruations inopportunes, une nature trop sensible… Et si jamais elle tombe enceinte, comment fera-t-elle pour s’approcher des malades ?
« Pour être médecin il faut avoir une intelligence ouverte et prompte… »
Un certain Richelot remarque même : « Pour être médecin il faut avoir une intelligence ouverte et prompte, une instruction solide et variée, un caractère sérieux et ferme, un grand sang-froid, un mélange de bonté et d'énergie, un empire complet sur toutes ses sensations, une vigueur morale, et au besoin, une force musculaire. Ne sont-elles pas au contraire de la nature féminine ». Tout cela n’empêche pas l’anglaise Élisabeth Garrett, en 1870, puis Madeleine Brès, en 1875 d’obtenir leur doctorat contre vents et marées, grâce notamment dans le cas de la Française au soutien de l’impératrice Eugénie et du ministre de l’Instruction publique, Victor Duruy.
« Internes en chignon »
Il faudra néanmoins attendre 1882 et un arrêté préfectoral du 17 janvier 1882 pour que les femmes puissent prendre part au concours de l’externat, mais avec interdiction de concourir à l’internat. Il faudra don attendre un autre arrêté daté du 31 juillet 1885 pour que les femmes puissent accéder à ce concours : « Les élèves externes femmes qui rempliront les conditions déterminées par le règlement sur le service de santé seront admises à prendre part au concours de l'internat. Les internes femmes seront soumises à toutes les règles d'ordre intérieur et de discipline qui concernent les internes hommes ». Arrêté qui suscite une violente campagne anti-féministe dans la presse contre ces « internes en chignon ». Augusta Klumpke fut en 1886 la première femme à devenir interne des hôpitaux de Paris.
Si, à la rentrée de 1887, on dénombre 114 femmes sur les bancs de la Faculté, 12 seulement sont Françaises, le plus fort contingent étant celui des Polonaises au nombre de 70 suivies par les Anglaises (8).
Les malheureuses sont victimes d’un véritable ostracisme, parquées dans un coin reculé de l’hémicycle, après avoir attendu du professeur l’autorisation d’y rentrer, étant alors l’objet des quolibets des garçons qui les bombardent de projectiles divers… Bien du chemin restait encore à faire pour que les femmes médecins soient définitivement acceptées dans la société française…
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