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lundi 16 mars 2015

« Marie ! Sonnette, stagiaire ! »

17.03.15

« Infirmière ? Quel beau métier. Enfin, ce n’est pas un métier que je pourrais faire » ; « Tu vas voir, tu te lances dans une profession dans laquelle tu trouveras toujours du boulot ! » ; « Ce métier t’offre tellement de possibilités… Tu ne t’ennuieras jamais. » Que de belles paroles. Des paroles que l’on entend en boucle, lorsque l’on est étudiant infirmier. Cela a l’air idyllique, pas vrai ? Beau métier, profession riche en embauche, pleine de branches différentes… ça fait presque rêver. Mais à côté, qu’avons-nous ?
Détruite de l'intérieur, Marie, ESI de 2e année, survit à sa formation plutôt que de la vivre...
Je voudrais partager avec vous mon expérience. Exprimer ce que j’ai pu vivre, ressentir. La tempête qui fait rage dans mon esprit chaque jour qui passe et qui me pousse à vouloir interrompre chaque jour ma formation. Je suis aujourd’hui en 2ème année. J’ai validé ma 1ère année avec succès, mais les chemins que j’ai dû emprunter pour ça sont longs et sinueux. Les cicatrices qui marquent ma mémoire sont lourdes et profondes. Parce qu’il suffit d’un stage pour vous bousiller, pour écraser le peu de confiance que vous aviez de vous. Un stage pour tout décimer en vous, vous faire sentir moins que rien.
Le stage qui a ouvert ma 2ème année s’est déroulé dans un service de chirurgie orthopédique. Ou devrais-je dire : mon cauchemar s’est fait dans un service de chirurgie orthopédique. Une usine à prothèses où les patients ne sont finalement que des numéros. Il ne leur est attribué aucune identité, sinon une pathologie clairement définie et une chambre. Une ambiance totalement impersonnelle règne. Oh bien sûr, leur cas est abordé dans la salle de soins : celle-ci n’arrête pas de sonner pour rien ; ce qu’il peut m’épuiser avec ses plaintes quotidiennes, et j’en passe. Bien entendu, je ne reprends pas exactement les paroles entendues. Mais elles s’inspirent de ça. Y a le 22 qui sonne, t’y vas ? ; T’as vu la PTG du 1 ce matin ? ; …
Une usine à prothèses où les patients ne sont finalement que des numéros. Il ne leur est attribué aucune identité, sinon une pathologie clairement définie et une chambre.
Je suis arrivée dans le service en début d’après-midi. Personne pour m’accueillir, cadre absente. J’ai attendu sur une chaise que quelqu’un daigne m’accorder un minimum d’attention. Le soleil éclatait dans mon dos et m’hurlait de me tirer de là pour profiter de ses rayons. Ce que j’aurais dû faire, finalement. Cela m’aurait épargné bien des blessures. Une aide-soignante s’est approchée de moi, m’a montré où me changer et où déposer mes affaires. Une fois parée, une infirmière m’a harponné et m’a dit : Tu sais te servir d’un tensiomètre ? J’ai répondu que oui. Elle m’a dit d’en prendre un parmi tous et de la suivre pour une visite « au placard », comme ils l’appellent. Un lieu où sont entassées les personnes venant pour des soins ambulatoires. Ils arrivent le matin et repartent le soir. Le service ne m’a pas été présenté immédiatement. Personne ne m’a dit qu’il y avait deux ailes et que les équipes étaient divisées entre les deux à chaque fois. Je me suis vue emportée dans l’engrenage très vite. Trop vite.

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