Au cours de la dernière campagne présidentielle, François Hollande avait insisté à plusieurs reprises sur l’importance d’une refonte de la prise en charge de la santé mentale dans notre pays. « Je proposerai à l’issue d’une large concertation, une véritable loi sur la santé mentale, qui visera à garantir l’accessibilité du système de soins en santé mentale, à renforcer le dépistage, les capacités en établissement et le suivi en ville » avait-il notamment énoncé lors d’un de ses grands discours consacrés à la santé. Deux ans plus tard, il est désormais plus que certain que la grande loi annoncée sur la santé mentale ne fera pas partie du quinquennat en cours.
La reconnaissance du secteur tous azimut
La psychiatrie, qui comme l’ont mis en évidence de multiples rapports publiés ces dernières années, jamais suivis d’effets, souffre de fait d’une crise profonde.
Elle aurait pu être « sauvée » par une large place dans la loi de santé, qui doit être prochainement débattue et dont les orientations ont été présentées le mois dernier par le ministre de la Santé. Le discours de cette dernière était à cet égard assez prometteur : « Il y a 40 ans, la psychiatrie a eu l’intuition du territoire. Le service territorial de santé au public disposera d’un volet spécifique sur la santé mentale, qui sera le nouveau cadre d’organisation de la santé mentale et de la psychiatrie où le secteur aura toute sa place. Il s’agira d’assurer la permanence des soins, la continuité des soins, la prévention, l’insertion, la coordination des acteurs. Je réaffirme d’ailleurs ma volonté d’œuvrer en faveur d’une reconnaissance dans la loi de la mission de psychiatrie de secteur. Au-delà de ce nouvel ancrage au secteur, je lancerai un chantier avec l’ensemble des acteurs concernés » avait-elle énoncé. Les psychiatres ont le blues
Pourtant, si l’on en croit l’analyse du Syndicat des psychiatres hospitaliers (SPH), c’est une orientation quasiment opposée qui se profile. Le communiqué publié le 22 juillet donne en effet le ton, affirmant dans son titre que la loi vise à « l’achèvement des secteurs ». « Ce projet de loi parachève l’installation d’un environnement réglementaire grignotant toujours plus les spécificités de la psychiatrie dissoutes dans une vision d’abord médicalisée de planification » peut-on lire dans ce communiqué profondément amer qui regrette une nouvelle fois l’absence d’une loi « programmatique qui aurait pourtant pu traiter des importantes questions sur lesquelles un consensus avait été trouvé du côté des acteurs », et notamment l’identification des besoins, le financement ou encore le pilotage.
Aurélie Haroche
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