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mercredi 9 avril 2014

Après les soins intensifs, la dépression pour un tiers des patients concernés

09/04/2014

Douze mois après hospitalisation dans une unité de soins intensifs, la dépression concerne un malade sur 3 et le handicap dans la vie quotidienne 1 patient sur 4.
Une étude du devenir à long terme des patients admis en réanimation souligne l’importance de l’altération de leur qualité de vie. Beaucoup de malades sont incapables de retrouver une activité professionnelle comparable à celle qu’ils avaient avant leur hospitalisation, et leur qualité de vie semble très altérée. En réanimation, les facteurs de stress sont en effet nombreux et rendent compte de la diminution des capacités mentales, de la dépression, de l’anxiété et des troubles du sommeil. Les données de la littérature observationnelle soulignent l’insuffisance de la prise en charge préventive et curative de ces symptômes, mais aussi la caractérisation insuffisante des troubles mentaux et fonctionnels après séjour en soins intensifs.

Évalués à 3 et 12 mois

Dans ce contexte, JC Jackson et coll. (centre médical de l’université Vanderbilt, Nashville, Tennessee) ont cherché à évaluer les relations entre l’âge des patients, la durée de leur delirium et les troubles mentaux et fonctionnels après séjour en réanimation. A cet effet, ils ont réalisé un essai multicentrique prospectif, de type étude de cohorte, dans lequel ils ont inclus des patients admis en réanimation médicale ou chirurgicale à Nashville pour insuffisance respiratoire ou état de choc. Les malades ont fait l’objet d’une évaluation à 3 et 12 mois avec dépistage de la dépression et évaluation de sa sévérité à l’aide du score de Beck, recherche d’un état de stress post-traumatique à l’aide de la Post-Traumatic Stress Disorder Checklist Scale (PCLS), et évaluation de leur incapacité fonctionnelle dans les activités de la vie quotidienne, à l’aide du « Pfeffer Functional Activities Questionnaire » et de l’échelle d’autonomie de Katz. Ils ont recruté 821 patients d’un âge médian de 61 ans.

La dépression est principalement due aux troubles somatiques

Une dépression a été mise en évidence à 3 mois chez 37 % des patients dont les données étaient disponibles, et chez 33 % des sujets évaluables à 12 mois. Cette dépression a été principalement due à troubles somatiques plutôt qu’à des troubles cognitivo-affectifs. Les symptômes dépressifs sont apparus banals même chez les malades n’ayant aucun antécédent de dépression, et ont été retrouvés chez 30 % des patients évalués à 3 mois et 29 % des sujets évalués à 12 mois. Un stress post-traumatique a été mis en évidence chez 7 % des patients. Enfin, un handicap dans les activités de la vie quotidienne est retrouvé chez 32 % des patients à 3 mois et chez 27 % des sujets de l’étude à 12 mois. Aucune association cohérente n’a pu être mise en évidence entre la présence d’un delirium en réanimation et ces résultats.
Ainsi, des troubles mentaux et une incapacité fonctionnelle sont fréquents après hospitalisation dans une unité de soins intensifs. La dépression est cinq fois plus fréquente que le stress post-traumatique et est induite par des symptômes somatiques. Une prise en charge physique semble donc à privilégier chez les patients qui quittent les soins intensifs.
Dr Gérard Bozet
Jackson JC, et al. Depression, post-traumatic stress disorder, and functional disability in survivors of critical illness in the BRAIN-ICU study: a longitudinal cohort study. Lancet Respir Med. 2014. Doi : 10.1016/S2213-2600(14)70051-7.

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