Malgré la loi qui l’impose, l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires n’est pas toujours dispensée. Pour contrer ces disparités, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) propose un programme d’éducation à la sexualité et à la vie affective dans les collèges et les lycées, mené pour et par les jeunes.
L’éducation sexuelle est-elle indispensable ? La réponse est oui. En 2004, un article du code de l’éducation oblige les établissements scolaires primaires et secondaires à dispenser une éducation à la sexualité aux élèves à raison de 3 séances annuelles. Tandis qu’une autre loi de 2010 rappelle à ces mêmes établissements leur mission d’information sur les violences et d’éducation à la sexualité. Malgré ces obligations, la loi n’est que partiellement respectée.
Augmentation des IST et des IVG
Une enquête réalisée par l’ANEMF révèle ces disparités : 1/4 des élèves de collège, et près de 30 % des élèves de lycée n’ont eu accès à aucune séance d’éducation à la sexualité. Fort de ce constat, les étudiants de l’association ont développé un programme d’éducation à la sexualité et à la vie affective dans les collèges et les lycées. Partant du principe que ce type de sujets est plus librement discuté entre pairs, l’ANEMF justifie l’intérêt d’une éducation dite populaire, effectuée pour et par les jeunes. C’est ainsi que l’association propose trois interventions annuelles monitorées par des étudiants en médecine.
Loin de relever de la simple obligation légale, leur motivation repose également sur l’inquiétante avancée des infections sexuellement transmissibles (IST), en constante augmentation depuis 2005 chez les moins de 25 ans (1). Tout aussi parlant, le taux d’IVG en France chez les mineures maintenu en 2011 autour de 10,5 jeunes filles sur 1 000 (2). D’où l’intérêt d’aborder ce type de sujets avec les élèves des collèges et lycées.
Une approche ludique pour désacraliser
Jouant sur la proximité générationnelle, le programme d’interventions repose sur des outils ludo-éducatifs, repris des pratiques de l’ONUSIDA (branche de l’ONU) et des guides del’INPES. « Nos séances sont prévues en petits groupes, avec un contenu adapté à l’âge et progressif d’une séance à l’autre », préciseMatthieu Levaillant, président de l’ANEMF. Il ajoute : « Il est évident qu’on ne va pas parler de la même chose avec des 6e qu’avec des terminales ».
Sans négliger l’aspect informatif et préventif des séances, des jeux interactifs comme le sexo bingo et le condom speed (déjà pratiqué aux Solidays) viennent déjouer les résistances et libérer la parole.« On veut désacraliser des mots comme bisexualité et fellation »explique le président de l’ANEMF. Mais pas seulement. Les interventions visent également un éveil au débat sur certains sujets d’actualité, comme l’IVG ou le mariage de tous. Pour que les jeunes puissent s’approprier la problématique et construire leur propre réflexion.
Encore des résistances
Forts d’un travail en réseau avec la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes et l’IFMSA (International Federation of Medical Students Association), l’ANEMF espère même obtenir l’agrément national pour ce programme d’interventions. Car pour l’instant les obstacles restent présents. Certains rectorats étant encore résistants à ce genre de pratiques. Déjà en place dans certaines villes (Nantes et Grenoble entre autres), l’association espère bien développer son arsenal dans toute la France. Et réfléchit d’ores et déjà à intervenir dans l’enseignement supérieur.
Dr Ada Picard
(1) La santé des collégiens en France (2010), Données françaises de l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children/INPES
(2) Les interruptions volontaires de grossesse en 2011/ DREES in Études et résultats, n° 843, juin 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire