Le TDAH est « à la mode »
Publié le 05/09/2012
Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH, en anglais Attention-deficit hyperactivity disorder : ADHD) continue à faire débat dans la littérature psychiatrique.
Des auteurs exerçant au Danemark s’interrogent ainsi sur l’augmentation significative du nombre de cas diagnostiqués ces dix dernières années, « non seulement chez les enfants et les adolescents, mais aussi chez les adultes », car une modification importante dans la conception actuelle du TDAH concerne la fréquence croissante de son diagnostic chez l’adulte : il ne s’agit plus d’un trouble cantonné à la pédopsychiatrie, et « au moins 2 % des adultes seraient affectés» (taux à comparer aux « 5 à 7,7 % d’enfants atteints »), certains symptômes du TDAH semblant « persister à l’âge adulte et entraîner des difficultés psychosociales. »
Les auteurs évoquent notamment un critère objectif de « l’intérêt croissant des professionnels pour cette question » : l’essor considérable du nombre de publications sur le sujet. Par exemple, une recherche avec le mot-clef « ADHD » sur PubMed [1] fournissait « 714 résultats en 2001, contre 1 924 dix ans plus tard. » Même constat avec les termes « attention deficit hyperactivity » : « 699 résultats en 2001, et 1 731 en 2011. »
Il reste à savoir, en l’absence de « bio-marqueurs fiables de TDAH », si la vogue actuelle de ce diagnostic reflète bien une réalité clinique, ou si celle-ci ne résulte pas (au moins en partie) d’un phénomène de « disease mongering » [2] où les médecins auraient plus ou moins « façonné » une maladie « à la mode », en fonction de la disponibilité d’un traitement ad hoc ? Quoi qu’il en soit, les auteurs estiment que « l’incidence du TDAH chez les enfants de 5 à 9 ans va bientôt culminer », bien qu’il soit encore « trop tôt pour déterminer quand le pic sera atteint chez les adolescents et les adultes » où la fréquence de ce diagnostic demeure manifestement à la hausse.
Dr Alain Cohen
Kjeldsen BV et coll. : Increasing number of incident ADHD cases in psychiatric treatment. Acta Psychiatrica Scandinavica, 2012; 126: 151–152.
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