Le "Oui mais" des hospitaliers au Pacte de confiance
07.09.12 - 18:09 - HOSPIMEDIA
Des paroles oui, mais des actes c'est mieux. L'on peut concentrer ainsi les propos des organisations hospitalières et syndicales après la présentation officielle par la ministre des Affaires sociales et de la Santé de son Pacte de confiance à l'hôpital (lire nos articles du 07/09/2012 et du 06/09/2012).
Rachel Bocher, présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), "attend de juger sur pièces". La Coordination médicale hospitalière (CMH), dans un communiqué, acquiesce sur toutes les annonces de ce pacte. Elle souhaite néanmoins que ces paroles ne durent pas que le temps d'un discours et soient effectivement suivies d'actes. Elle restera donc vigilante.
Yves-Jean Dupuis, délégué général de la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne à but non lucratifs (FEHAP), "salue le lien mis en évidence par la ministre entre les hôpitaux publics et les ESPIC. Nous sommes très intéressés par le premier groupe de travail relatif au service public hospitalier dans le système de soins". Jean-Loup Durousset, président de la FHP, "s'est dit rassuré par le discours de la ministre. Il n'y a aucune raison pour que nous ne développions pas les missions de service public dans le privé lucratif". Alain Hériaud, président de la conférence des présidents de directeurs généraux de CHU, constate "que ce discours va dans le même sens que celui d'Hôpital Expo. Qui plus est, le choix d''Edouard Couty, pour mener cette concertation, est le bon choix". Le Dr Christian Müller, président de la conférence des présidents de CME de CHS, constate que "le rétablissement du service public hospitalier, les soins d'urgence, la revalorisation de la CME, tout ça va dans le bon sens. Même si nous n'avons pas entendu prononcer le mot "psychiatrie"". Gérard Vincent, délégué général de la FHF, "salue un discours pour l'hôpital public". En se posant toutefois cette question : aura-t-on les moyens de financer ce nouveau train de mesures ?
De son côté, le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS), considère que c'est "un temps important qui s'annonce", se disant, par la voix de son président Christophe Gautier, "sensible" aux propos de Marisol Touraine sur la place de l'hôpital public et le rôle des directeurs et cadres hospitaliers. Toutefois, le syndicat prévient qu'il sera "vigilant" sur le chantier de rénovation du dialogue social à l'hôpital afin de promouvoir la qualité, rappelant que directeurs et cadres agissaient en ce sens au quotidien au sein des établissements.
À la CFDT Santé sociaux, le discours de la ministre a été jugé "assez engagé, précis et déterminé", confie la secrétaire générale, Nathalie Cagneux. La confédération trouve particulièrement "très intéressant" que les trois secteurs de la santé (public, privé, privé non lucratif) soient représentés, notamment sur un sujet comme le LMD. "Le Pacte de confiance sera ce qu'on en fera. C'est une chance qu'on ne retrouvera pas d'ici un moment. Nous allons donc pleinement nous y engager."
Nathalie Gamiochipi, secrétaire générale de la CGT Santé, expose pour sa part une réaction "globalement mitigée". Le syndicat est d'un côté satisfait du dialogue qui s'instaure mais de l'autre déçu du manque d'écoute. "La démarche manque d'ouverture sur les questions fondamentales, notamment sur la question des salaires", résume-t-elle. Ce n'est pas Françoise Kalb qui la contredira. "Les agents veulent du concret et du pragmatique", a en effet déclaré la secrétaire nationale de l'UNSA Santé à Hospimedia. L'UNSA s'inscrit pleinement dans la démarche et y participera elle aussi. Les trois groupes de travail sont certes "intéressants" dans leur intitulé (service public hospitalier, dialogue social et fonctionnement interne) mais il faut encore voir ce qui se cache derrière les mots. Et de réclamer une réelle négociation avec la concertation ainsi que l'engagement de moyens nouveaux.
Chez FO Santé, on reste quelque peu dans "l'expectative" après la présentation du Pacte de confiance, le syndicat indiquant ne pas percevoir de "pistes claires et concrètes" sur des points de préoccupations immédiates, citant les hausses de salaires et des grilles indiciaires, le renforcement des effectifs ou l'abrogation du jour de carence. Par ailleurs, ses dirigeants émettent des "réserves" sur la notion de "dialogue social structuré au niveau local et rénové", craignant que celle-ci, eu égard aux contraintes budgétaires, s'avère "un outil d'accompagnement de gestion de la pénurie et de transformation des droits statutaires des agents en variable d'ajustement".
Pour la CFTC Santé et son représentant André Hoguet, Marisol Touraine a présenté un exposé avec brio sur une série de mesures liées à l'accès aux soins, à la gouvernance, etc. Toutefois, elle n'a glissé que trop vite sur le taux de l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie à 2,7% qui est "une catastrophe" car il ne reconduit pas les moyens en emplois. Et de regretter que de nombreux autres sujets soient également passés sous silence : classifications, formations professionnelles, entretien du patrimoine, comité technique d'établissement... Bref rien à dire sur la démarche et les interlocuteurs hospitaliers choisis pour mener à bien cette mission et qui devrait déboucher sur les améliorations pour l'hôpital public, résume Thierry Petyst de Morcourt, chargé de la fonction publique hospitalière à la Fédération française de la santé et de l'action sociale CFE-CGC. Toutefois, il donnera un "avis franc" sur la question à l'issue des concertations.
Le syndicat Sud Santé sociaux va tout de même plus loin. Dans un communiqué, il explique que seule une forte mobilisation sociale permettra d'imposer les revendications des salariés et de gagner de nouveaux droits. Il propose donc de passer à l'action lors de la première semaine d'octobre avec un temps fort le 6 octobre en direction de Matignon.
La rédaction
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