Le système scolaire français «se dégrade par le bas»
11 septembre 2012
71% des jeunes français non-scolarisés se retrouvent souvent sans emploi ou inactifs. (Photo Martin Bureau. AFP)
L'OCDE dévoile aujourd'hui ses indicateurs sur l'éducation. Un chiffre attire l'attention : en France, le taux de scolarisation des 15-19 ans est en baisse.
C’est l'étude comparative qui fait référence dans le domaine de l'éducation. Comme tous les ans, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dévoile ce mardi ses indicateurs 2012 consacrés aux 34 pays membres de l’organisation. Une base statistique élargie qui permet de comparer de nombreux systèmes éducatifs. Dans les douze pages de la note consacrée à la France, un élément attire particulièrement l’attention : l'évolution du taux de scolarisation des 15-19 ans.
Alors que cet indicateur a progressé de 10,4 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE entre 1995 et 2010, il régresse en France. Durant ces quinze années, le taux de scolarisation des Français âgés de 15 à 19 ans est passé de 89% à 84%. Une évolution qu’il va falloir «surveiller», selon Eric Charbonnier, auteur de la note de l’OCDE.
Car ces jeunes non-scolarisés se retrouvent bien souvent sans emploi ou inactifs. C’est le cas pour 71% d’entre eux en France, un chiffre au-dessus de la moyenne de l’OCDE (57%). Et les inégalités ont tendance à durer, puisqu’un quart des 20-24 ans qui ont un niveau de formation inférieur à la fin du secondaire (autrement dit, la fin du lycée) sont au chômage. Chez les 25-29 ans, la proportion demeure élevée, à 22%. A chaque fois, ces chiffres sont supérieurs à ceux de la moyenne de l'étude.
Aggravation de l'échec scolaire
Comment expliquer cette chute du taux de scolarisation des 15-19 ans ? Eric Charbonnier tient d’abord à la relativiser. «La France souffrait d’un retard important dans ce domaine, qu’elle a comblé au cours des 40 dernières années, avance-t-il. Notre taux de scolarisation dans cette tranche d'âge n’est pas particulièrement bas, il est même au-dessus de la moyenne.» Certes, mais avec un chiffre de 84%, la France ne domine plus que d’un point la moyenne des pays de l’OCDE (l'écart était de 16 points en 1995).
Selon Eric Charbonnier, ce renversement de tendance est «d’abord dû à l’aggravation de l'échec scolaire, comme l’avait montré l'étude Pisa. Entre 2000 et 2009, l'échec scolaire chez les élèves de 15 ans est passé de 15 à 20%.» Pour lui, le système scolaire français «se dégrade par le bas». En cause notamment, le manque de mesures pour lutter contre l'échec scolaire et une pratique du redoublement qui ne fonctionne pas bien.
Il souligne aussi la faible progression des investissements dans le primaire et le secondaire entre 2000 et 2009 : si les dépenses par élève ont augmenté en moyenne de 36% dans les pays de l’OCDE, elles ont crû de moins de 10% en France. Autant de facteurs qui risquent de perpétuer la stagnation/régression du taux de scolarisation des 15-19 ans, voire de toucher d’autres catégories, notamment celle des élèves menant des études universitaires.
La note de l'OCDE sur l'éducation en France 2012
La note de l'OCDE sur l'éducation en France 2012
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