Autisme: des différences cérébrales visibles dès 6 mois
Créé le 20-02-2012
Des différences de développement dans le cerveau d'enfants autistes se manifestent très tôt, révèle une étude, entre 6 mois et 2 ans.
Le cerveau des autistes est différent de celui des personnes ‘normales’, qui ne souffrent pas de ces troubles du développement neurologique. De nombreux travaux utilisant l’imagerie cérébrale fonctionnelle, comme ceux menés par Monica Zilbovicius en France (Inserm/CEA), ont révélé ces différences impliquées dans les difficultés de communication et d’interactions sociales des autistes. Une étude menée aux Etats-Unis montre que ces différences sont le fruit d’un long et progressif développement tout au long de l’enfance.
L’équipe dirigée par Joseph Piven (University of North Carolina) a comparé le développement cérébral de 92 enfants à 6, 12 et 24 mois. Ils avaient tous un aîné diagnostiqué autiste : un terrain génétique qui les place d’emblée dans une catégorie "à haut risque" de souffrir de troubles du spectre autistique (TSA).
A deux ans, 28 de ces enfants montraient les symptômes des TSA. Or la technique d’imagerie cérébrale utilisée par les chercheurs a révélé que chez ces enfants le développement de la matière blanche était différent dès l’âge de 6 mois. Cette matière blanche est riche en fibres nerveuses, entourées d’une gaine protectrice, la myéline. Elle est essentielle pour le transport des signaux nerveux et donc de l’information entre différentes parties du cerveau.
En reconstruisant en 3D la forme de cette matière blanche, Piven et ses collègues ont observé un développement plus lent de ces fibres entre 6 et 24 mois chez les enfants qui ont été diagnostiqués autistes.
Ces observations ne permettent pas encore de définir un nouvel outil de dépistage des TSA mais elles peuvent aider à les mettre au point, soulignent les chercheurs, qui publient leurs travaux dans l’American Journal of Psychiatry.
L'importance des gènes synaptiques
D’autres résultats importants ont été publiés ce mois-ci dans PLoS Genetics par l’équipe de Thomas Bourgeron (Institut Pasteur/CNRS) sur les bases génétiques de l’autisme. Les analyses de ces chercheurs révèlent le rôle d’une protéine localisée sur les synapses, les points de contact entre les neurones, dans les troubles autistiques. Une mutation du gène SHANK2 qui code cette protéine provoque une baisse du nombre de synapses et donc une moins bonne communication entre les neurones.
Bataille contre la psychanalyse
L’autisme est déclaré Grande cause nationale 2012 en France. La Haute autorité de santé doit publier le 6 mars prochain ses recommandations de bonnes pratiques pour le diagnostic et la prise en charge de l’autisme. D’après le journal Libération, ce rapport pourrait officiellement désavouer la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme –un rôle vivement dénoncé par les parents d’enfants autistes et qui ne subsiste qu’en France, où Lacan a fondé une école très influente. La bataille fait rage entre tenants des méthodes comportementalistes, appliquées partout dans le monde, et tenants de la psychanalyse, qui a défini l’autisme comme une maladie psychologique liée à de mauvais rapports mère-enfant (lire Autisme: un documentaire met la psychanalyse à l'épreuve).
C.D.
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