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mercredi 16 mars 2011

Psychiatrie : réforme où "déraison d'État"  ?

Le projet de loi voulu par Nicolas Sarkozy sur les conditions d'internement en hôpital psychiatrique révolte la grande majorité de la profession. Un collectif d'intellectuels dénonce un projet de loi où « seul le trouble à l'ordre public est pris en compte ».

A la veille de l'examen par l'Assemblée nationale du projet de loi modifiant les conditions de soins ou d'internement en hôpital psychiatrique, la tension monte. En quelques jours, la pétition lancée par le Collectif des 39 contre « la nuit sécuritaire » a recueilli près de 10 000 signatures. Et du côté de la profession, la potion est amère. On est aux portes d'une « réforme élaborée à la va-vite et qui n'agit que sur la peur » s'insurge l'Union nationale des psychiatres mobilisée depuis plus d'un an. « Avant d'en arriver à la loi de 1990 qui régit tout acte psychiatrique, nos concitoyens avaient mis 10 ans », rappelle Patricia Parry, psychiatre à l'hôpital Marchant. « L'actuel gouvernement a légiféré en 10 mois sur un sujet qui méritait une large consultation nationale ! » Qu'on le veuille ou non, la loi sur l'internement est une loi sur les libertés individuelles.

À la demande d'un Nicolas Sarkozy, pressé d'en finir avec la question depuis le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental en fuite en 2008, le conseil des ministres a adopté le projet de loi le 26 janvier dernier. Dans ses grandes lignes, il prévoit la possibilité de soigner des patients sous contrainte, même quand ils ne sont pas hospitalisés. L'hospitalisation d'office est, elle, remplacée par les « soins sans consentement sur décision du représentant d'État ».

Seul hic, « aujourd'hui, toute déviance, tout « trouble » est signe d'une maladie mentale : le handicap professionnel (chômage…), l'opposition, la délinquance sont devenus très officiellement des symptômes psychiatriques » explique Olivier Labouret, président de l'Union des psychiatres. Et d'ajouter : « Le durcissement des pratiques sécuritaires est très net et s'accélère : nombre de personnes n'ayant plus de troubles mentaux susceptibles de porter atteinte gravement à l'ordre public se voient refuser leur sortie de l'hôpital, au mépris du droit et de la clinique, uniquement par peur d'une récidive ! » Qu'en sera-t-il demain du jeune de 18 ans, diabétique, parti faire la fête avec ses copains avant de se retrouver à l'hôpital parce que trop imbibé et en état d'agitation intense - effet secondaire bien connu ? Une hospitalisation sous contrainte ? Un fichage pour troubles psychiatriques ? Un tiers de la population française souffre de troubles psychiques. Une manifestation est prévue devant l'Assemblée dès demain, jour de l'examen du projet de loi en séance publique.

Le chiffre : 70 000

Patients > Internés. En France, ils sont 70 000 patients à être internés dans des hôpitaux psychiatriques. 60 000 l'ont été à la demande de tiers, 10 000 ont été hospitalisés d'office.


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