«L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux»
Publié le 10/03/2011
« L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux »
L'avis de Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon, ancien expert à l’Afssaps.
> Quel regard portez-vous sur l’affaire du Mediator ?
Pour moi, il y a 3 coupables : l’Afssaps, les médecins et Servier en dernier car c’est un commerçant qui avait une autorisation de vendre. J’ai siégé à l’Afssaps 6 ans, jusqu’en 2003, et je n’y ai jamais entendu parler du Mediator. J’ai plusieurs fois hurlé contre les hypnotiques mais je n’ai jamais été entendu. Quand un expert en pédiatrie ou en psychiatrie parlait, tout le monde se marrait. L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux. Je ne crois pas à la corruption mais plus à des petites lâchetés : l’Afssaps avait peur des procès, d’être mal notée.
> Et les conflits d’intérêts ?
Ils existent dans tous les pays. Pour être expert, il faut avoir publié sur des médicaments donc avoir été en contact avec des labos puisque c‘est eux qui font les essais. Le conflit d’intérêt est permanent. Il y en aurait moins si l’Inserm faisait des études cliniques mais cet institut, qui nous coûte très cher, s’occupe des rongeurs et peu des bipède C’est un des grands coupables car il a failli à sa mission.
> Comment améliorer la pharmacovigilance ?
Elle est trop contraignante pour les médecins : il faudrait pouvoir appuyer sur un bouton sur Internet et qu’un inspecteur vienne. J’aimerais aussi qu’il y ait des études indépendantes sur des classes de médicaments. Dans la dépression légère, par exemple, on sait que les anti-dépresseurs ne sont pas validés alors que les psychothérapies cognitives permettent d’aller mieux. Mais la France marche sur la tête. Nous avons 3 sortes de « psy » habilités à faire de la psychothérapies or seuls les psychiatres travaillent car ils sont remboursés. Du coup, ils ne font plus de psychiatrie mais de la psychanalyse. C’est aberrant ! Cela coûterait moins cher à la sécu et à l’État de rembourser aussi les psychologues et les psychothérapeutes.
Recueilli par Sylvie Montaron
Pour moi, il y a 3 coupables : l’Afssaps, les médecins et Servier en dernier car c’est un commerçant qui avait une autorisation de vendre. J’ai siégé à l’Afssaps 6 ans, jusqu’en 2003, et je n’y ai jamais entendu parler du Mediator. J’ai plusieurs fois hurlé contre les hypnotiques mais je n’ai jamais été entendu. Quand un expert en pédiatrie ou en psychiatrie parlait, tout le monde se marrait. L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux. Je ne crois pas à la corruption mais plus à des petites lâchetés : l’Afssaps avait peur des procès, d’être mal notée.
> Et les conflits d’intérêts ?
Ils existent dans tous les pays. Pour être expert, il faut avoir publié sur des médicaments donc avoir été en contact avec des labos puisque c‘est eux qui font les essais. Le conflit d’intérêt est permanent. Il y en aurait moins si l’Inserm faisait des études cliniques mais cet institut, qui nous coûte très cher, s’occupe des rongeurs et peu des bipède C’est un des grands coupables car il a failli à sa mission.
> Comment améliorer la pharmacovigilance ?
Elle est trop contraignante pour les médecins : il faudrait pouvoir appuyer sur un bouton sur Internet et qu’un inspecteur vienne. J’aimerais aussi qu’il y ait des études indépendantes sur des classes de médicaments. Dans la dépression légère, par exemple, on sait que les anti-dépresseurs ne sont pas validés alors que les psychothérapies cognitives permettent d’aller mieux. Mais la France marche sur la tête. Nous avons 3 sortes de « psy » habilités à faire de la psychothérapies or seuls les psychiatres travaillent car ils sont remboursés. Du coup, ils ne font plus de psychiatrie mais de la psychanalyse. C’est aberrant ! Cela coûterait moins cher à la sécu et à l’État de rembourser aussi les psychologues et les psychothérapeutes.
Recueilli par Sylvie Montaron
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