Suicide derrière les barreaux
Publié le 01/12/2010
Les statistiques révèlent une mortalité par suicide cinq fois plus élevée chez les hommes incarcérés que dans la population générale. Mais la contribution spécifique des troubles psychiatriques à ce phénomène demeure méconnue, et une étude britannique a donc exploré les relations entre une pathologie mentale et des tentatives de suicide « presque réussies » (near-lethal suicide attempts) chez 60 prisonniers âgés d’au moins 18 ans, et comparativement à 60 prisonniers n’ayant pas ces mêmes antécédents suicidaires (groupe témoin).
Sans surprise, des troubles psychiatriques sont « omniprésents » chez les prisonniers ayant commis une tentative de suicide « presque mortelle ». Mais de façon plus inattendue, on retrouve aussi ces troubles chez 62 % des sujets-contrôles. Les pathologies concernées comprennent des antécédents dépressifs (avec parfois d’autres tentatives de suicide), des troubles anxieux, des addictions à des drogues ou /et un contexte psychotique. Sur le long terme, on observe l’association de ces suicides en prison avec une « dépression récurrente » ou une psychose.
Cette étude confirme le dysfonctionnement (probablement mondial) des politiques d’incarcération souffrant sur le terrain d’une confusion entre l’hospitalisation du malade mental et l’incarcération du délinquant, puisqu’une certaine population pénale (et même une surpopulation) se retrouve derrière les barreaux, alors qu’elle n’aurait manifestement rien à y faire, les intéressés relevant davantage des compétences de « blouses blanches » que de celles de « robes noires. » Et comme le disent de façon plus feutrée les auteurs, l’écart entre la proportion des prisonniers souffrant de problèmes psychiatriques et ceux recevant des traitements médicamenteux ou une aide psychothérapeutique suggère qu’en plus d’une meilleure évaluation des risques, « il faudrait réexaminer le traitement et la gestion des troubles psychiatriques communs chez les prisonniers à risque. » Au Royaume-Uni, depuis 2006, la responsabilité des soins pénitentiaires est confiée au National Health Service (NHS), le système étatique de santé public (décrit par un ancien chancelier de l’Échiquier, Nigel Lawson, comme la « religion nationale » du pays). Les auteurs espèrent que cela permettra de revaloriser les recherches sur l’efficacité et le coût des interventions psychiatriques en prison.
Dr Alain Cohen
Les statistiques révèlent une mortalité par suicide cinq fois plus élevée chez les hommes incarcérés que dans la population générale. Mais la contribution spécifique des troubles psychiatriques à ce phénomène demeure méconnue, et une étude britannique a donc exploré les relations entre une pathologie mentale et des tentatives de suicide « presque réussies » (near-lethal suicide attempts) chez 60 prisonniers âgés d’au moins 18 ans, et comparativement à 60 prisonniers n’ayant pas ces mêmes antécédents suicidaires (groupe témoin).
Sans surprise, des troubles psychiatriques sont « omniprésents » chez les prisonniers ayant commis une tentative de suicide « presque mortelle ». Mais de façon plus inattendue, on retrouve aussi ces troubles chez 62 % des sujets-contrôles. Les pathologies concernées comprennent des antécédents dépressifs (avec parfois d’autres tentatives de suicide), des troubles anxieux, des addictions à des drogues ou /et un contexte psychotique. Sur le long terme, on observe l’association de ces suicides en prison avec une « dépression récurrente » ou une psychose.
Cette étude confirme le dysfonctionnement (probablement mondial) des politiques d’incarcération souffrant sur le terrain d’une confusion entre l’hospitalisation du malade mental et l’incarcération du délinquant, puisqu’une certaine population pénale (et même une surpopulation) se retrouve derrière les barreaux, alors qu’elle n’aurait manifestement rien à y faire, les intéressés relevant davantage des compétences de « blouses blanches » que de celles de « robes noires. » Et comme le disent de façon plus feutrée les auteurs, l’écart entre la proportion des prisonniers souffrant de problèmes psychiatriques et ceux recevant des traitements médicamenteux ou une aide psychothérapeutique suggère qu’en plus d’une meilleure évaluation des risques, « il faudrait réexaminer le traitement et la gestion des troubles psychiatriques communs chez les prisonniers à risque. » Au Royaume-Uni, depuis 2006, la responsabilité des soins pénitentiaires est confiée au National Health Service (NHS), le système étatique de santé public (décrit par un ancien chancelier de l’Échiquier, Nigel Lawson, comme la « religion nationale » du pays). Les auteurs espèrent que cela permettra de revaloriser les recherches sur l’efficacité et le coût des interventions psychiatriques en prison.
Dr Alain Cohen
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