Douleur chez l'enfant : la contention bien présente
Daniel Annequin continue son petit bonhomme de chemin. Farouche combattant de la lutte contre la douleur chez l’enfant, ce médecin anesthésiste à l’Hôpital d’enfants Armand Trousseau à Paris a présenté, vendredi, un travail sur l’utilisation de la contention dans le soin chez l’enfant.
Eh oui, cela arrive. Et beaucoup plus souvent qu’on ne le croit. On dit même qu’en France les pratiques ont du mal à évoluer. Une infirmière en formation racontait récemment: «J’ai assisté à des scènes insupportables pour moi : des enfants que l’on maintient pendant plus de trois quarts d’heure pour poser une voie veineuse, des hurlements dont ces enfants se souviendront toute leur vie, des réflexions désobligeantes de la part de l’équipe soignante.»
Pour y voir plus clair, Daniel Annequin a réalisé, dans son hôpital qui est donc plutôt en avance sur ces questions, une étude. Les soignants ont réalisé une cotation de la contention selon une échelle de 5 niveaux. Niveau 0, pas de contention: l’enfant est calme et détendu. Le niveau 1 correspond à une «contention douce», c’est à dire une partie du corps de l’enfant est juste maintenue par une personne, sans réaction de retrait de l’enfant. Le niveau 2 renvoie à une «contention moyenne»: une ou plusieurs parties du corps de l’enfant sont maintenues avec réaction de retrait de l’enfant. Le niveau 3 correspond à une «contention forte»: une ou plusieurs parties du corps de l’enfant sont maintenues fermement, par plusieurs personnes. L’enfant proteste, crie et pleure. Le niveau 4 équivaut à une «contention très forte» : une ou plusieurs parties du corps de l’enfant sont maintenues (par plusieurs personnes) avec réaction de retrait, agitation importante de l’enfant qui se débat fortement malgré la contention.
Les résultats ? Huit unités de soins de Trousseau ont participé à cet audit qui a concerné 296 gestes chez 212 enfants. 42% des soins étaient des ponctions veineuses ou pose de cathéter, 17% de prélèvements superficiels, 10% de pansements, 6% d’aspirations rhino-pharyngées et 5% de ponction lombaire. Et bien, 28 % de ces gestes ont un niveau entre «2» et «4», 9% des gestes ont même nécessité une contention forte ou très forte. Ce qui est beaucoup. Dans plus de deux cas sur trois, les enfants qui ont subi une contention forte n’avaient pas reçu une analgésie suffisante. Et ce constat, peu encourageant: «Le soin qui se déroule mal n’est quasiment jamais arrêté et ce, même dans un hôpital très soucieux de la douleur» , note Daniel Annequin qui ajoute. «Il faut en finir avec l’omerta sur ce sujet.
Éric Favereau
Daniel Annequin continue son petit bonhomme de chemin. Farouche combattant de la lutte contre la douleur chez l’enfant, ce médecin anesthésiste à l’Hôpital d’enfants Armand Trousseau à Paris a présenté, vendredi, un travail sur l’utilisation de la contention dans le soin chez l’enfant.
Eh oui, cela arrive. Et beaucoup plus souvent qu’on ne le croit. On dit même qu’en France les pratiques ont du mal à évoluer. Une infirmière en formation racontait récemment: «J’ai assisté à des scènes insupportables pour moi : des enfants que l’on maintient pendant plus de trois quarts d’heure pour poser une voie veineuse, des hurlements dont ces enfants se souviendront toute leur vie, des réflexions désobligeantes de la part de l’équipe soignante.»
Pour y voir plus clair, Daniel Annequin a réalisé, dans son hôpital qui est donc plutôt en avance sur ces questions, une étude. Les soignants ont réalisé une cotation de la contention selon une échelle de 5 niveaux. Niveau 0, pas de contention: l’enfant est calme et détendu. Le niveau 1 correspond à une «contention douce», c’est à dire une partie du corps de l’enfant est juste maintenue par une personne, sans réaction de retrait de l’enfant. Le niveau 2 renvoie à une «contention moyenne»: une ou plusieurs parties du corps de l’enfant sont maintenues avec réaction de retrait de l’enfant. Le niveau 3 correspond à une «contention forte»: une ou plusieurs parties du corps de l’enfant sont maintenues fermement, par plusieurs personnes. L’enfant proteste, crie et pleure. Le niveau 4 équivaut à une «contention très forte» : une ou plusieurs parties du corps de l’enfant sont maintenues (par plusieurs personnes) avec réaction de retrait, agitation importante de l’enfant qui se débat fortement malgré la contention.
Les résultats ? Huit unités de soins de Trousseau ont participé à cet audit qui a concerné 296 gestes chez 212 enfants. 42% des soins étaient des ponctions veineuses ou pose de cathéter, 17% de prélèvements superficiels, 10% de pansements, 6% d’aspirations rhino-pharyngées et 5% de ponction lombaire. Et bien, 28 % de ces gestes ont un niveau entre «2» et «4», 9% des gestes ont même nécessité une contention forte ou très forte. Ce qui est beaucoup. Dans plus de deux cas sur trois, les enfants qui ont subi une contention forte n’avaient pas reçu une analgésie suffisante. Et ce constat, peu encourageant: «Le soin qui se déroule mal n’est quasiment jamais arrêté et ce, même dans un hôpital très soucieux de la douleur» , note Daniel Annequin qui ajoute. «Il faut en finir avec l’omerta sur ce sujet.
Éric Favereau
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