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dimanche 5 décembre 2010

Des anxiolytiques sur ordonnance, et après ?
Publié le 13/11/2010 

Ces dernières années, les prescriptions d’anxiolytiques ont augmenté considérablement dans le monde. Si le débat sur la « médicalisation » voire la « psychiatrisation » d’une certaine angoisse « physiologique » ou « existentielle » est récurrent (faut-il considérer toute anxiété comme pathologique et lui apporter systématiquement une réponse pharmacologique ?), le problème le plus grave concerne l’usage détourné (abuse) de ces produits, lequel peut aller de la surconsommation ponctuelle à l’addiction médicamenteuse.

Émanant du département de psychiatrie de l’université américaine de Columbia, une étude analyse ce phénomène et confirme l’intérêt d’une pharmacovigilance constante. Portant sur près de 35 000 personnes, cette enquête retrouve en effet un mésusage de ces médicaments dans près de 2 % des cas (quand celui-ci concerne l’année écoulée) et dans 7,4 % des cas (en l’intégrant sur toute la vie des intéressés). Selon la durée retenue (une année ou toute l’existence), on constate que 1,5 % à 6,3 % des sujets usent (et abusent) de ces médicaments sans même jamais avoir reçu la moindre ordonnance à cet effet. Et parmi ceux disposant d’une ordonnance en bonne et due forme, elle se trouve détournée dans une finalité non médicale, le plus souvent, chez des hommes « jeunes, de race blanche, ayant des antécédents de toxicomanie ou de mésusage d’autres substances, ou un parcours émaillé de comportements illégaux. »

Ces résultats éloquents montrent que le praticien ne maîtrise pas toujours, en pratique, le devenir de son ordonnance et qu’une prescription de bonne foi portant sur des médicaments contre l’anxiété aboutit parfois à un usage non médical de ces produits. Bien que les anxiolytiques présentent une évidente utilité clinique, une plus grande attention devrait donc être accordée à cette possibilité d’une utilisation détournée des médicaments contre l’anxiété, notamment chez des patients présentant un risque accru de mésusage (profil connu de toxicomanie, d’addictions ou de délinquance).
Dr Alain Cohen


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