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mercredi 15 septembre 2010





La santé déterminant de l’âge de la retraite

L’espérance de vie, l’espérance de vie en bonne santé et l’âge de départ en retraite varient de manière importante et inégalitaire selon les professions en France, selon une analyse publiée dans « Retraite et Société », la revue de la Caisse nationale d’assurance vieillesse.

En France, l’espérance de vie est l’une des plus élevées au monde et dépasse les 80 ans depuis le début des années 2000. Mais les différences d’espérance de vie entre catégories socio-professionnelles sont également « très fortes, parmi les plus grandes en Europe », expliquent Emmanuel Cambois (INED), Thomas Barnay (CNRS) et Jean-Marie Robine (INSERM) dans ce numéro consacré à l’état de santé des travailleurs âgés (n° 59, août 2010).

À 50 ans, en 2003, l’espérance de vie des professions les plus qualifiées atteignait 32 ans pour les hommes, près de 5 ans de plus que celle des ouvriers. Chez les femmes, l’écart était de 2 ans, avec une espérance de vie de 36 ans pour les plus qualifiées. Les différences sont encore plus sensibles quand on parle de bonne santé perçue : l’espérance de vie à 50 ans est alors de 23 ans pour les hommes les plus qualifiés, contre 14 ans à peine pour les ouvriers.

Ces inégalités se retrouvent à la retraite, puisque, à 65 ans, l’espérance de vie en bonne santé est de 11,1 ans pour les professions les plus qualifiées (11,6 pour les femmes) et de 6,5 ans pour les ouvriers (7). Les auteurs relèvent qu’à partir de 50 ans, les ouvriers vont passer plus de la moitié de leur vie en mauvaise santé, contre un tiers pour les plus qualifiés.

Les inégalités sont aussi liées à l’occupation : de 25 à 28 % des quinquagénaires qui ont un emploi s’estiment en mauvaise santé, contre 40 % des chômeurs qui recherchent un emploi et 75 % des inactifs. Pour les chercheurs, l’état de santé est l’un des déterminants les plus importants de l’âge de cessation d’activité. C’est particulièrement le cas des ouvriers, dont la dégradation des conditions de santé est plus élevée que pour les autres catégories, mais pour qui le choix de partir en préretraite est particulièrement coûteux. Pour eux, l’arbitrage est davantage lié à l’état de santé qu’à des raisons personnelles, contrairement aux cadres.

Ces inégalités se retrouvent dans l’ensemble des pays européens, précisent les auteurs, qui concluent que, « au-delà des statuts administratifs d’activité ou d’état de santé se pose la question des possibilités réelles de poursuite d’activité professionnelle de certaines catégories compte tenu de leur état fonctionnel, de leurs conditions de vie et des conditions d’exercice de leur emploi ». Une contribution au débat sur les retraites, si tant est qu’il soit encore ouvert.

› R. C.

Quotimed.com, le 15/09/2010

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