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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 30 avril 2021

christian berst art brut tomasz machciński pologne 1942

 Orphelin, Tomasz Machciński se construit une identité autour d’un autographe, qui lui a été adressé par une actrice qu’il croit alors être sa mère. De cette confusion, qui a duré plus de vingt ans, est née une mythologie protéiforme et personnelle qui re-construit l’artiste. À l’image du mythe ovidien, ou de Gregor Samsa, Tomasz Machciński ne peut être décrit. En effet, son œuvre se compose de plus de 22 000 autoportraits d’autant de physionomies différentes. Exposées en 2019 aux Rencontres de la Photographie, ses œuvres font déjà partie des collections du Musée d’Art Moderne de Varsovie et du Musée de la Photographie de Cracovie (Pologne) ainsi que de la collection abcd/Bruno Decharme.

Tomasz Machcinski - © christian berst — art brut

date 1942

pays pologne

sans titre - © christian berst — art brut sans titre - © christian berst — art brutsans titre - © christian berst — art brut

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Le culte de l'authenticité personnelle, une hantise occidentale moderne ?

LE 29/04/2021

À retrouver dans l'émission

LE TOUR DU MONDE DES IDÉES

par Brice Couturier

"Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris", c’est l’un des paradoxes fameux attribués à Oscar Wilde. Sommé d'être "lui-même", le sujet de la modernité accumule les poses... et se perd dans la pire des aliénations. Pourquoi faudrait-il absolument "se trouver" puis "rester fidèle à soi-même" ?

"Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris" Oscar Wilde
"Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris" Oscar Wilde Crédits :  Kevin Schafer - Getty

Nous sommes constamment exhortés par la publicité et les cultures de masse à "être nous-même", voire "à nous assumer tels que nous sommes". Les guides de développement personnel nous incitent à "partir à la recherche de soi-même". Et les psychothérapeutes à faire "un travail sur soi". Par la suite, nous serons également invités à "rester fidèle à nous-même". Quand on s’est enfin trouvé, on ne se quitte plus… Mais d'où sort cette manie de l'authenticité ? L’essayiste Alexander Stern signe un article très intéressant sur cette question sur le site Aeon.

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Michael Sandel-Peter Singer. Comment (bien) faire le bien ?

Dossier/Faut-il toujours viser l’utile ?

Michael Sandel-Peter Singer. Comment (bien) faire le bien ?

Peter SingerMichael J. Sandel, propos recueillis par Martin Legros publié le 

Ce sont deux des plus grandes voix de l’éthique contemporaine. Michael Sandel, dont les leçons sur la justice ont fait le tour du monde, fonde la morale sur un socle de valeurs qui échappent à la logique du marché. Peter Singer, lui, s’est imposé comme le grand défenseur de l’utilitarisme, qui vise à maximiser, grâce au calcul, le bien-être collectif. S’appuyant sur de passionnantes expériences de pensée, ils nous initient à deux conceptions diamétralement opposées de la vie bonne. 

Peter Singer : Je suis un utilitariste. Pour moi, une action est bonne si ses conséquences augmentent le plaisir du plus grand nombre ou réduisent la souffrance de ceux qui en sont affectés. Et je suis convaincu que l’utilité est la fin unique et ultime de la vie.

Michael Sandel : Je ne pense pas qu’il soit possible de réduire tous les biens dont nous nous soucions à une valeur unique qui serait l’utilité. Il y a une pluralité de biens moraux. Dans certaines situations, il s’agit de savoir quelle est l’utilité du bien que l’on poursuit ; dans d’autres, ce qui compte est d’assurer la dignité, l’honneur ou le respect ; dans d’autres encore, de s’intéresser au caractère de la personne, à son courage ou à sa lâcheté. La variété de ces critères moraux est précieuse. Et ce serait une erreur de vouloir tout réduire au calcul de l’utilité.

P. S. : Si je suis prêt à ramener tous les biens moraux à l’échelle de l’utilité, cela ne veut pas dire qu’au quotidien, il faille toujours viser l’utile. Il est possible que si l’on recommande aux gens de n’avoir que l’utile en tête, ils soient enclins à faire des erreurs. Calculer les meilleures conséquences, en principe, c’est toujours possible, mais si l’on essaie de faire ce calcul au milieu de la vie de tous les jours, et pas seulement en tant que philosophe, on est confronté à des situations d’urgence, où l’on est sous pression, émotionnellement lié à ceux avec qui l’on agit. Dans ces situations, suivre les règles morales communes sans opérer de calcul utilitariste peut être la meilleure chose à faire. Mais il n’empêche : c’est bien le but ultime de la vie. Et la seule question est de savoir s’il faut le viser directement ou si l’on peut parfois l’atteindre indirectement.

jeudi 29 avril 2021

Entretien Robert Badinter : “Je crois que la conscience morale a la forme d’un tribunal”

Robert Badinter, propos recueillis par Martin Legros publié le 

Robert Badinter en 2018. © Joël Saget/AFP

Le grand avocat et ex-ministre de la Justice, qui a combattu pour l’abolition de la peine de mort, la réforme des prisons ou le droit des homosexuels, est aussi auteur de théâtre. Ses pièces viennent d’être réunies dans Théâtre I (Fayard). Robert Badinter livre ici sa réflexion sur la pente qui conduit certaines victimes à abdiquer quand d’autres parviennent à préserver leur dignité.

Très jeune, vous avez nourri une passion pour le théâtre existentialiste de Camus, Sartre et Ionesco. Cette passion a accompagné vos combats judiciaires, contre la peine de mort notamment. Au prétoire comme à l’Assemblée, vous avez donné à cette bataille une dimension théâtrale. La justice est-elle un théâtre ?

Robert Badinter : Il est vrai qu’il y a des affinités profondes. La justice, comme le théâtre, rassemble devant un public les acteurs d’un drame pour essayer de déterminer les responsabilités de chacun et de prononcer un jugement équitable. Des deux côtés, il y a un lieu, des décors, un rituel, des costumes… Mais la différence majeure – vraiment majeure ! – entre une pièce et un procès criminel, c’est que le dénouement en justice n’est pas écrit à l’avance. Personne ne sait comment la pièce finira. C’est ce qui fait l’intensité dramatique d’un procès d’assises : le sort d’un homme se joue quelquefois dans un très bref laps de temps. Par ailleurs, les acteurs du procès ne se retournent pas vers le public, une fois le jugement rendu, pour saluer. Il ne faut donc pas confondre les deux. C’est la grave erreur qu’a commise Oscar Wilde lors de son procès. La dramaturgie judiciaire anglaise l’a entretenu dans l’idée que son procès était une sorte de jeu théâtral et qu’il allait pouvoir mettre tout le monde dans sa poche. Il a payé très cher cette confusion. Elle lui a coûté la liberté et, d’une certaine manière, la vie.

Clotilde Leguil : “Rousseau pense à la fois le ‘nous’ et le ‘je’”

Clotilde Leguil, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le  

Illustration : © Jules Julien pour PM


La pandémie vous angoisse ? Et si, plutôt que d’entrer « en thérapie », vous vous plongiez dans l’œuvre de Rousseau ? Pour la psychanalyste Clotilde Leguil, le grand auteur des Lumières est en effet le premier, bien avant Freud, à percevoir un « malaise dans la civilisation ».

Jean-Jacques Rousseau, les dates clés
1712 Il naît à Genève dans une famille d’horlogers. Sa mère meurt une dizaine de jours après l’accouchement.
1728 Il rencontre Madame de Warens qui le convertit au catholicisme et sera plus tard sa maîtresse.
1749 Il participe au concours de l’Académie de Dijon. Son Discours sur la science et les arts obtient le premier prix l’année suivante.
1761 Il publie La Nouvelle Héloïse, Du contrat social et Émile ou De l’éducation.
1778 Il meurt à Ermenonville.

« J’ai beaucoup pensé à Rousseau en mars 2020 lors de l’extension de l’épidémie de Covid-19 à la planète et du confinement. Ce qui nous arrivait était inédit. La pandémie nous a confrontés à un temps d’arrêt, à la suspension de l’accélération folle dans laquelle les échanges, la mondialisation, les progrès scientifique, technique et numérique nous emportaient. M’est revenu en mémoire le Discours sur les sciences et les arts, où Rousseau adopte une perspective critique sur le progrès et, plus précisément, sur la finalité du savoir et du progrès des sciences et des techniques. Le progrès nous mène-t-il à mieux vivre ensemble ? Améliore-t-il le lien social ? Contribue-t-il à “épurer les mœurs” ? Là où la question de l’Académie de Dijon invitait plutôt à répondre par l’affirmative et à défendre la connaissance, Rousseau répondait négativement en faisant valoir une distinction entre le progrès scientifique et technique, et le progrès humain et moral. C’est une première. Quand Descartes parle de “se rendre comme maître et possesseur de la nature”, soit d’un progrès qui irait en direction de la maîtrise et de l’arraisonnement de la nature, Rousseau s’interroge sur ce que ce progrès apporte vraiment à l’être humain. Il est le premier à percevoir une forme de déshumanisation due au progrès scientifique et technique.

Martine, une héroïne pas si mièvre

30/03/2021

Par Yann Lagarde

Derrière le charme un peu désuet de la BD imaginée par Marcel Marlier et Gilbert Delahaye dans les années 1950, se cacherait en réalité un certain goût pour l'autonomie et l'aventure.






Martine, pour vous c’est une fillette modèle un peu énervante ? Des parodies sur internet ? Des dessins aux couleurs pastel qui fleurent bon les années 1950? 

Derrière son allure candide, Martine est beaucoup moins niaise qu’elle en a l’air. Le personnage défendrait même un certain goût certain pour l’aventure, la découverte, la débrouillardise, l’autonomie et l’écologie

Phénomène de l’édition depuis les années 1950, Martine c’est une soixantaine d’albums, des aventures traduites en plus de 30 langues et des dizaines de millions d’exemplaires vendus dans le monde.

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La paresse est l’avenir de l’homme


DOCUMENTAIRES

À PROPOS DE LA SÉRIE

Épisode 1 : Les Hikikomori, se retirer pour ne rien faire

Le phénomène touche aujourd’hui au Japon près d’un adolescent sur cent. Les hikikomori décident soudain de se couper du monde pour une durée indéterminée, et de se murer dans leur chambre, avec l’objectif de suivre le modèle d’une vie idéale, passée à ne rien faire : Aucune ambition, aucune préoccupation vis-à-vis de l’avenir, un désintérêt total pour le monde réel les caractérisent. Ce phénomène apparu au début des années 90, au Japon, tend à s’étendre aux États-Unis et à l’Europe à travers le nombre grandissant de NEET, ces jeunes de 16 à 18 ans qui préfèrent devenir SDF plutôt que de s’insérer socialement.

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Du pessimisme chic


 


Frédéric Schiffter publié le  

Bien des philosophes, de Spinoza à Clément Rosset, semblent avoir prêté à la joie un pouvoir presque magique. Mais n’est-ce pas une simple croyance optimiste ? Et que penser de ceux qui, comme l’explique Frédéric Schiffter dans ce récit personnel, vivent plus spontanément dans le compagnonnage de la tristesse et de la mélancolie ?

Lors d’un été à Majorque, je rendis visite à Clément Rosset dans le pueblode montagne où il possédait une maison. J’arrivai, comme prévu, à l’heure du déjeuner. D’autres amis étaient déjà là. Une table avait été réservée à la terrasse ombragée de l’auberge du lieu. La patronne et sa fille nous servaient. Les plats défilaient lentement. Arrosée d’un vin catalan, la conversation allait sans but. Nous parlions de la jota majorquine, de plages, de balades, d’autres villages de l’île, beaux et peu courus. Quelqu’un demanda à Clément Rosset de bien vouloir raconter sa noyade et sa résurrection (lire Récit d’un noyé, Éditions de Minuit, 2012). « C’est très simple : je me suis endormi en nageant comme on s’endort au volant. » Au café, l’échange prit un tour plus philosophique. À un moment, m’entendant tenir je ne sais plus quel propos désabusé qui dut l’agacer, Clément Rosset s’exclama : « Ah ! Le pessimiste chic parle ! » Rires de la tablée. Par le passé, à une autre occasion, j’avais eu droit à la pique. Jean Lorrain aurait dit : « Arrête de nous enschopenhauerder ! » « Pessimiste chic ? Ça me va ! », ai-je répondu en levant ma copita de hierbas, un digestif local. 

Ce « pessimisme chic », dont Clément Rosset me faisait souvent grief, était à ses yeux une pose où entrait plus de dandysme que de philosophie, une façon de parader mon désenchantement à la boutonnière, un parti pris affecté pour la mélancolie. Je crois surtout que ce qui irritait le philosophe était la perplexité dans laquelle me laissait son nietzschéisme. 

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Entretien avec Fethi Benslama autour de son nouveau livre “Le Saut épique”

Frédéric Manzini publié le  

Quelques jours après l’assassinat d’une employée du commissariat de police de Rambouillet par un homme apparemment radicalisé, le projet de loi sur le renseignement et la lutte antiterroriste est présenté aujourd’hui en Conseil des ministres, avant une intervention du Premier ministre Jean Castex. 

C’est l’occasion d’écouter le chercheur Fethi Benslama sur les individus radicalisés. À la fois universitaire, spécialiste de l’Islam et psychanalyste, il s’intéresse à la question de la radicalisation et du terrorisme. Après Un furieux désir de sacrifice (Seuil, 2016) qui inventait la notion de « surmusulman », il vient de faire paraître Le Saut épique (Actes Sud) dans lequel il s’appuie sur son expérience de clinicien pour tenter de comprendre ce qui pousse certains individus dans le djihad guerrier.

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"La cohabitation solidaire" : nouveau maillon de la politique d'intégration ?

LE 28/04/2021

À retrouver dans l'émission

LE REPORTAGE DE LA RÉDACTION

par Anne Fauquembergue

Depuis 2018, une dizaine d’associations en France sont habilitées par l’Etat afin de développer des "cohabitations solidaires". En janvier 2021, 332 cohabitations étaient en place. Pour les réfugiés, ce petit maillon de la politique d’intégration est précieux au temps du covid. 

François et Camille Combeau avec leurs enfants Félicie et Lucien hébergent à titre gratuit Mariama Bah, une réfugiée guinéenne depuis septembre 2020 dans les Yvelines
François et Camille Combeau avec leurs enfants Félicie et Lucien hébergent à titre gratuit Mariama Bah, une réfugiée guinéenne depuis septembre 2020 dans les Yvelines Crédits : Anne Fauquembergue - Radio France

Selon la Dihal, la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, en janvier 2021, 322 cohabitations solidaires étaient en cours. Un chiffre en légère baisse par rapport aux mois précédents du fait de la crise sanitaire. Ce dispositif regroupe deux types d'accueil : des réfugiés hébergés chez des "citoyens" de la société civile et des réfugiés en colocation. Depuis 2019, plus de 1 000 personnes ont pu bénéficier de ce programme via une dizaine d'associations habilitées par l'Etat. 

L'exemple de Mariama Bah dans la famille Combeau dans les Yvelines 

Camille et François Combeau ont déménagé avec leurs deux enfants en 2019 à Maisons-Laffitte dans les Yvelines. Le couple a désormais plus d’espace et surtout une petite dépendance dans le jardin qui permet d’accueillir Mariama Bah, une réfugiée guinéenne, explique Camille Combeau :

Quand nous étions à Paris, la question ne se posait pas faute de place. L'idée a germé après notre déménagement pendant le confinement. Notre dépendance était libre. Nous avons d'abord pensé à la proposer à une femme battue mais cette idée présentait des risques. A l'exemple d'un couple d'amis, nous nous sommes mis en lien avec l'association "réfugiés bienvenue" qui nous a présenté Mariama. 

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Vire Normandie. De l’hypnose médicale en réalité virtuelle

Publié le 

Deux infirmiers anesthésistes s’intéressent à l’hypnothérapie à la clinique de Vire Normandie. Thierry Lochu pratique l’hypnose médicale au bloc opératoire et Patrick Sauvestre reçoit à son cabinet.

La clinique Notre-Dame de Vire Normandie voit ses pratiques évoluées.

« Nous ne pratiquons pas l’hypnose à toutes les interventions chirurgicales. Elle est destinée majoritairement aux douleurs légères et aux actes courts », explique Thierry Lochu, infirmier anesthésiste à la clinique Notre-Dame de Vire Normandie.

L’hypnose, combinée à l’anesthésie locale, permet de rester éveillé, sans trop souffrir, pendant une thyroïdectomie ou une endoscopie, par exemple. Les praticiens utilisent l’HynoVR, une solution logicielle thérapeutique qui recourt aux casques de réalité virtuelle.


Julie Grollier, la physicienne qui crée des neurones artificiels

Par   Publié le 24 avril 2021

Cette chercheuse intuitive est une pionnière de l’informatique neuromorphique visant à développer des composants électroniques qui, comme notre cerveau, feraient cohabiter calcul et mémoire.

Julie Grollier dans son laboratoire CNRS/THALES, à Palaiseau, le 20 avril 2021.

« Personne ne comprend ce que je fais dans ma famille, alors peut-être que ce livre va aider ! », plaisante la physicienne Julie Grollier, à propos de son premier livre destiné aux enfants, Estelle et Noé à la découverte des intelligences artificielles (Millepages, 32 pages, 11,50 euros).

Nul doute que le lecteur, jeune ou moins jeune, saisira en effet le propos, tant l’exposé y est clair, sans rien céder à la facilité. La densité d’informations y est même assez impressionnante. En trente planches dessinées par Camouche, il est question du pionnier Alan Turing, du langage binaire, de la différence entre mémoire et processeur, de la notion d’algorithme (illustrée par une recette de gâteau au chocolat, que Julie Grollier a testée) et même d’éthique et de neuroscience… Bref, tout pour initier à cette discipline montante. Mais finalement peu pour comprendre ce que la chercheuse fait vraiment dans ce domaine !

Car Julie Grollier, 46 ans, médaille d’argent du CNRS en 2018, membre éminente de l’unité mixte que cet organisme public gère avec l’entreprise Thales près de Paris, est une spécialiste d’intelligence artificielle certes, mais dans une branche un peu à part.

Cessons le dogmatisme carcéral

par Philippe Tinber, haut fonctionnaire, Sarah Kerrich, avocate, Adrien Madec, responsable des publications d'Hémisphère gauche et Caroline Boyer, avocate pénaliste

publié le 27 avril 2021 

Le gouvernement vient d’annoncer la création de nouvelles places en prison. Cela ne suffira pas à freiner la défiance des Français envers la justice, estime le think-tank Hémisphère gauche, pour qui l’efficacité du système judiciaire passe par les alternatives à la prison.

Une des raisons de la défiance des Français envers leur système judiciaire réside dans son manque d’efficacité pour les protéger. Malgré un droit de plus en plus répressif, qui accroît les délits pouvant faire l’objet d’une peine d’emprisonnement, ni les chiffres de la délinquance ni le sentiment d’insécurité n’ont vu l’effet de ces politiques répressives. A rebours du projet de loi présenté en Conseil des ministres le 14 avril et des récentes annonces de création de nouvelles places de prison, rétablir la confiance dans la justice passerait par une politique pénale qui protège efficacement et qui lutte contre le dogmatisme de la peine de prison.

Facteur aggravant de récidive

Evidemment, la prison est indispensable pour isoler de la société les personnes les plus dangereuses, les plus susceptibles de commettre à nouveau un fait grave. Et il est nécessaire que des sanctions, parfois lourdes, soient adressées à l’égard d’individus qui contreviennent au bon ordre, à la tranquillité de tous, et au respect de chacun à une vie paisible.

Les familles monoparentales, en première ligne de la crise sociale et sanitaire

Par  et   Publié le 27 avril 2021

Perte de revenus, garde des enfants pendant le télétravail, fermeture des cantines… Pour les mères et pères isolés, la situation actuelle est une source importante de stress et de défis logistiques.

Tamara élève seule ses trois enfants : Léo, 14 ans, Noan, 10 ans, et Rose, 2 ans, chez elle, à Soustons (Landes), le 13 avril.

Un an après le début de la crise sanitaire, les parents de jeunes enfants continuent de payer un lourd tribut, surtout lorsque les écoles sont fermées. La tâche est encore plus difficile pour les nombreux « parents solos » – les familles monoparentales représentaient une famille sur cinq en France en 2018 – qui portent toutes les responsabilités du foyer sur les épaules. Il s’agit, dans la majorité des situations, de femmes seules avec enfants (entre 82 % et 85 % des cas, selon que l’on considère les enfants jusqu’à 18 ou 25 ans), dont les charges domestique et mentale se sont accrues avec les inquiétudes et restrictions liées à la pandémie de Covid-19. « La gestion de la parenté devient compliquée avec un revenu unique, car elle ajoute de l’incertitude dans une société déjà précaire et qui précarise encore plus les femmes », analyse Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

Pour certaines mères isolées, la perte de revenus liée à la mise en chômage partiel (seulement 84 % du salaire net) a été dramatique. Et pour celles qui ont continué à travailler, la garde des enfants a souvent été une source importante de stress et de défis logistiques. Sans compter que la fermeture des cantines scolaires a entraîné une hausse du budget consacré à l’alimentationconduisant des familles à recourir aux distributions alimentaires, voire à sauter des repas.

Covid-19 - Avant la fin de l'année, une pilule Pfizer pour limiter l'aggravation de la maladie dès les premiers symptômes

Publié le 

Le laboratoire américain travaille sur de nouveaux traitements en termes de vaccin mais aussi et surtout sur une pilule permettant de limiter l'aggravation de l'épidémie dès l'apparition des premiers symptômes. 

Le laboratoire pharmaceutique Pfizer, teste actuellement une pilule qui agirait contre le virus SRAS-CoV-2.  Selon Mikael Dolsten, directeur scientifique et président de la recherche et du développement chez Pfizer, il pourrait être prêt avant la fin de l'année.  

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mercredi 28 avril 2021

Affaire Halimi : une réforme de la responsabilité pénale s’impose

par Jean-Christophe Muller, avocat général à la cour d'appel de Paris et David Senat, avocat général à la cour d'appel de Toulouse

publié le 27 avril 2021

A l’instar de l’Italie, des Etats-Unis ou du Royaume-Uni, la responsabilité pénale doit être maintenue lorsque le trouble psychique de l’auteur d’un crime provient d’une consommation volontaire de produits toxiques.

[Cette tribune a été modifiée pour être précisée mercredi 28.04.21 à 14:00] Les dernières semaines ont vu s’intensifier la réflexion concernant les conséquences du trouble mental sur la responsabilité pénale. Depuis l’affaire Vacher (reprise par Bertrand Tavernier dans son film le Juge et l’Assassin) à la fin du XIXe siècle, le thème de la «folie criminelle» retient l’attention de l’opinion selon la manière dont la justice prend en compte ces situations qui inquiètent. Par les progrès réalisés par la justice et la psychiatrie, l’alternative ancienne entre, d’une part, l’irresponsabilité donnant lieu à des soins (sous forme d’internement) et, d’autre part, la responsabilité conduisant à la prison a vite été dépassée. La loi a ensuite conduit, en 1994, à distinguer entre l’abolition pure et simple du discernement, soustrayant le «fou criminel» à la responsabilité pénale et à l’action de la justice, et l’altération du discernement, permettant de retenir une responsabilité atténuée et de juger le criminel mais avec une diminution de la peine de prison encourue. Puis, sous la pression de la société, l’évolution a conduit à mettre fin au «non-lieu psychiatrique» par lequel la justice s’empressait d’escamoter au plus vite ces dossiers, au profit d’une procédure de déclaration judiciaire d’irresponsabilité pénale créée en 2008 et donnant lieu, le plus souvent à huis clos, à un débat entre experts et avocats au terme duquel la personne mise en cause est reconnue comme auteur matériel des faits avant d’être astreinte à une mesure d’hospitalisation contrainte.

Appel au rassemblement le 2 mai 2021 à Montreuil

 Printemps de la psychiatrie

APPEL A UNE MOBILISATION DES PRATICIENS DU SOIN PSYCHIQUE

La pandémie vient de nous rappeler ce que constatent tous les jours dans la prise en charge des souffrances psychiques et sociales les professionnels du soin. L’équilibre et le développement du sujet humain dépendent étroitement de son environnement social et culturel. Les relations humaines exigent un soin, un souci, une sollicitude qui mobilisent tact, délicatesse et parole pour accueillir et traiter la vulnérabilité spécifique de notre humanité. Et ce d’autant plus lorsque le sujet humain, conjecturalement ou structuralement, est en proie à l’angoisse et à la détresse. Les professionnels du soin doivent connaitre les techniques de santé sans pour autant se réduire à des techniciens taylorisés d’une chaine de production sanitaire sans âme et sans conscience. Plus encore que dans d’autres métiers soumis aujourd’hui à cette violence technocratique, les professionnels du soin psychique doivent pouvoir exercer leurs métiers en connaissance de cause.

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"L'irresponsabilité pénale est très mal acceptée lorsque le crime est effroyable" (Paul Bensussan, expert psychiatre dans l'affaire Halimi, sur i24NEWS)


 



25 avril 2021 

Paul Bensussan, expert psychiatre dans l'affaire Sarah Halimi, le 25.04.21

Capture i24NEWSPaul Bensussan, expert psychiatre dans l'affaire Sarah Halimi, le 25.04.21

"Penser que l'antisémitisme est toujours quelque chose de lucide, c'est faire une grossière erreur"

Paul Bensussan, expert psychiatre dans l'affaire Sarah Halimi, agréé par la Cour de cassation et la CPI a accordé dimanche soir sa première et seule interview télévisée à i24NEWS, le jour où des milliers de personnes se sont rassemblées dans le monde contre la décision de la Cour de cassation de ne pas juger Kobili Traoré qui a assassiné la sexagénaire de confession juive en 2017.

"Je partage l'émotion, on ne peut pas rester indifférents à ce qu'il se passe, pour autant, je ne m'associe pas aux raccourcis et aux contre-vérités qui ont été répandus", a affirmé Paul Bensussan.

"Je regrette que des autorités politiques et morales, au lieu d'apaiser la souffrance de la communauté juive et l'incompréhension de la nation toute entière, aient choisi de l'attiser," a-t-il poursuivi.

"L'irresponsabilité pénale est en général très mal acceptée lorsque le crime est effroyable. L'opinion publique a l'impression que c'est une sorte de cadeau fait à l'auteur du crime et que justice ne sera jamais rendue," a-t-il déclaré.

Il a rappelé que le meurtrier de Sarah Halimi, Kobili Traoré était consommateur régulier de stupéfiants depuis l'adolescence, "nous avons conclu unanimement à une bouffée délirante aiguë, chez un sujet qui n'était pas délirant auparavant," a-t-il dit.

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mardi 27 avril 2021

Double meurtre à l'hôpital de Pau : relâcher ou pas la surveillance psychiatrique de Romain Dupuy

Par  France Bleu Béarn BigorreFrance Bleu GirondeFrance Bleu  Lundi 26 avril 2021

Depuis plus de 16 ans, le double meurtrier de l’hôpital psychiatrique de Pau est interné au sein de l'Unité pour Malades Difficiles de Cadillac en Gironde. Ce mardi matin, la justice examine sa sortie éventuelle de cette structure quasi carcérale.

Romain Dupuy en 2007 arrivant au palais de justice de Pau
RomaiRomain Dupuy en 2007 arrivant au palais de justice de Pau © Radio France - Jean-Louis Duzert (maxppp)

Romain Dupuy doit-il, peut-il, sortir de l'Unité pour Malades Difficiles de Cadillac ? C'est la question posée ce mardi matin à un juge de Bordeaux. Romain Dupuy, l'auteur du double meurtre du CHP de Pau en décembre 2004 a été déclaré irresponsable. Il a fait l'objet d'un non-lieu psychiatrique en 2008. Plus de 16 ans après les faits, il est toujours dans cette UMD où il a été admis après sa garde à vue. Il est hospitalisé sous un régime quasi carcéral, et plusieurs experts considèrent aujourd'hui qu'il pourrait intégré une structure fermée "normale". 

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