Par Isabelle Rey-Lefebvre Publié le 15 février 2021
L’association Lazare propose à des jeunes actifs et à des étudiants volontaires d’emménager avec des personnes sans domicile fixe. Huit maisons ont ainsi été ouvertes en France. Rencontre à Nantes avec ces colocataires.
Tous se souviennent avec précision de la date et de l’heure de leur arrivée dans la maison de l’association Lazare, quartier de la Cathédrale, à Nantes. Ce jour-là, la vie de ces sans-abri a basculé ; ils ont quitté la rue pour intégrer une « colocation solidaire » avec des jeunes actifs et des étudiants volontaires.
C’est le principe, éprouvé depuis 2011 par cette association – « d’inspiration chrétienne », selon Loïc Luisetto, son délégué général – qui a déjà ouvert huit maisons en France, à Marseille, Toulouse, Valence, Lyon, Lille, Nantes, Angers et Vaumoise (Oise), soit plus de 200 chambres. Chaque maison comprend un appartement pour les femmes, un autre pour les hommes, quelques studios dits d’« envol » (d’adaptation à une vie autonome), et l’appartement de la « famille hôte » mandatée par l’association pour une durée d’au moins trois ans et chargée de la bonne marche des lieux.
Freddie (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leur nom), 52 ans, s’est installée après trois mois de rue et quelques années de galère, « le 29 octobre 2015, à 17 heures, précise-t-elle d’emblée. Moi, je suis bien ici, et je veux y rester toute ma vie. J’aime faire la cuisine pour tout le monde, j’aime l’échange, c’est ma nature ».