L’arbitrage entre la sauvegarde de nos libertés et celle de la sécurité sanitaire se fera dans l’incertitude, dit la philosophe Monique Canto-Sperber.
Tribune. La situation présente est hors du commun, en elle-même et par les conséquences économiques et sociales qu’elle entraînera. Mais elle n’a, à elle seule, aucun pouvoir de créer un avenir différent ; cet avenir dépendra surtout de notre capacité d’en tirer des enseignements et d’agir en conséquence.
Un premier enseignement a trait à la façon de considérer la société et les activités qui la constituent. L’image d’une société d’hypermobilité conduite par des chefs de file, présente depuis quelque temps dans le discours public, a fait oublier ce que les événements d’aujourd’hui rappellent avec force : nous devons aux postiers, caissières, ouvriers saisonniers, soignants, surtout, et à beaucoup d’autres, que les besoins de base, les biens et services publics (santé, éducation, information), conditions de la liberté de chacun, soient quotidiennement assurés. Que se soit ainsi imposée en quelques jours et de façon presque unanime la représentation d’une société de mobilisation collective, d’engagement et de solidarité, est déjà une leçon de la crise actuelle, qui rappelle la valeur de chaque activité, privée et publique, et le rôle qu’elle joue dans le dynamisme de la société.