Historienne, biographe de Lacan et de Freud, Elisabeth Roudinesco donne son point de vue de psychanalyste sur les différents types de harcèlement, et l'évolution du féminisme. Elle vient de publier son « Dictionnaire amoureux de la psychanalyse ».
Comment voyez-vous le problème de l'omerta dans l'entreprise par rapport à l'onde de choc de l'affaire Weinstein à Hollywood ?
On a connu le même problème avec les femmes battues. Regardez le cas de Jacqueline Sauvage. Il faut des années avant qu'elles ne portent plainte. Ces femmes sont dominées psychiquement par leurs bourreaux dans toutes les classes de la société. Ce qui a changé aujourd'hui, c'est que les réseaux sociaux réclament de la transparence. Sur cette question de harcèlement, je reste prudente car on a tendance à confondre le crime qu'estle viol, le harcèlement qui est un délit et la main sur le genou qui est un geste déplacé. Il faut apprendre aux enfants dès le plus jeune âge à se défendre contre toute atteinte à leur corps. Maintenant on mélange tout, le cas de Roman Polanski n'a rien à voir. Les faits remontent à plus de quarante ans, ce n'était pas un véritable viol et la victime ne veut plus en attendre parler. On ne persécute pas quelqu'un qui a changé de vie et qui a fait amende honorable, comme s'il s'agissait d'un crime imprescriptible.