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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 12 avril 2016

Désir d'enfant : la fin justifie-t-elle les moyens ?

 Du Grain à moudre
07.04.2016

Le mois dernier, 130 médecins et biologistes revendiquaient publiquement avoir aidé des couples et des femmes célibataires à réaliser leur projet d’enfant en dehors du cadre légal. Une façon de relancer le débat sur la PMA ?
Vélo de livraison de la banque de sperme de Seattle
Vélo de livraison de la banque de sperme de Seattle  Crédits :Anthony Bolante - Reuters

_‘’Nous, médecins, biologistes, reconnaissons avoir aidé, accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’est pas possible en France’’. _Ainsi débute le manifeste publié mi-mars dans le journal Le Monde, et cosigné par 130 médecins et biologistes. Un texte dans lequel la législation française est pointée du doigt pour son retard par rapport à d’autres pays européens et ses incohérences. Les signataires demandent notamment de revoir, en les élargissant, les conditions dans lesquelles sont effectués aujourd’hui les dons d’ovocytes et de sperme. Et ce en mettant en place, en parallèle, un plan national contre l’infertilité.

Le nombre de jours de compte épargne temps stockés gonfle chez les personnels hospitaliers en 2014

Selon le bilan social des établissements publics de santé à fin 2014 établi par l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH), le nombre moyen de jours de compte épargne temps (CET) stockés par agent est en augmentation. Par ailleurs, le taux d'absentéisme pour motif médical et non médical reste quasiment stable à 8%.

Quinze pages pour encourager les parents à mieux traiter leurs enfants

LE MONDE  | Par Gaëlle Dupont
Un livret de ressources, mettant en garde notamment contre les châtiments corporels, est envoyé à tous les nouveaux parents à partir de lundi.
Un livret de ressources, mettant en garde notamment contre les châtiments corporels, est envoyé à tous les nouveaux parents à partir de lundi. CHARLES PLATIAU / REUTERS
A partir du lundi 11 avril, tous les couples qui attendent leur premier enfant, soit environ un million de personnes chaque année, recevront un petit livret d’une quinzaine de pages. Les auteurs de ce « livret des parents » sont la Caisse nationale d’allocations familiales, les ministères des familles et de la santé, et la Sécurité sociale. Rien d’institutionnel pourtant, dans ce document au contenu innovant. Pour la première fois, les pouvoirs publics cessent de se cantonner aux prestations sociales ou au suivi médical de la grossesse quand ils s’adressent aux futurs parents. Ils délivrent conseils et ressources.
Au premier rang desquels une mise en garde concernant les châtiments corporels. « Frapper un enfant (fessée, gifles, tapes, gestes brutaux) n’a aucune vertu éducative, explique le document. Les punitions corporelles et les phrases qui humilient n’apprennent pas à l’enfant à ne plus recommencer, mais génèrent un stress et peuvent avoir des conséquences sur son développement. » Le tout « sans culpabiliser les parents qui, à un moment, n’ont pas imaginé d’autres solutions ».

Normopathie, ou quand la « normalité » devient une « maladie »

11/04/2016




Jean-Louis Trintignant dans Le Conformiste (Bernardo Bertolucci, 1970)
Par son sujet insolite (la «normopathie », conformisme « excessif » aux normes de comportement sociales, au mépris de sa propre subjectivité), thème « rarement abordé » dans la littérature médicale, un article du Dr Françoise Chaine (psychiatre et psychanalyste) n’est pas sans rappeler La Parisienne [1], cette célèbre chanson que Marie-Paule Belle a consacrée précisément aux déboires « psy » d’une femme « ordinaire », apparemment « trop normale. » Bien différent des publications que nous évoquons ici d’habitude (lesquelles s’appuient sur des éléments objectifs comme des examens complémentaires, ou des analyses statistiques), cet article illustre la nécessaire diversité de la pensée en psychiatrie.
Loin de l’imagerie par résonance magnétique ou d’autres données émaillant l’actuelle littérature psychiatrique internationale, cet article évoque en effet un « autre continent » (que certains estimeront désormais à la dérive), celui du « fonctionnement inconscient », du « transfert » et « contre-transfert », du « processus primaire », de la « névrose infantile » ou de l’« imago maternelle », bref tout l’univers suranné de la psychanalyse...

SUIVI D’HOSPITALISATION EN VILLE : BIENTÔT LA FIN DU CASSE-TÊTE

7 avril 2016 | Johana Hallmann

La start-up Apicéa a présenté son dernier-né mardi matin au cours d’une conférence de presse. Il s’agit d’une plateforme de suivi du patient, pour que le médecin de ville puisse tracer son malade à chaque étape de son parcours de soin.

« C’est une révolution qui n’en est pas une » lance Alexandre Pochon, créateur de la plateforme. « Tous les changements de services, comptes-rendus d’intervention, les sorties, les consultations du patient sont déjà enregistrées depuis très longtemps. La seule chose qui pêche, c’est la transmission de l’info au médecin traitant. C’est là que nous intervenons ».Savoir où se trouve son patient à chaque étape de son hospitalisation. Un idéal auquel beaucoup de médecins de ville rêvent… tout particulièrement quand ils découvrent que leur malade a subi deux coloscopies dans la même semaine. L’utopie pourrait bientôt se réaliser, voire se démocratiser dans les centres hospitaliers grâce à la plateforme Apicéa.


Loi El Khomri : les médecins du travail aussi dans la rue

31/03/2016
Les médecins du travail sont vent debout contre l’article 44 du projet de loi El Kromri qui menace un droit fondamental, estiment-ils : la santé des salariés.
 Ils sont pourtant discrets et peu enclins à descendre dans la rue et pourtant aujourd'hui, ils seront eux aussi dans le cortège des manifestants contre le projet de loi portant sur la réforme du droit du travail et précisément contre l'article 44 intitulé « Moderniser la médecine du travail ». Deux médecins, Éric Ben Brik enseignant-chercheur en pathologie professionnelle à Poitiers, et Annie Thébaud-Mony, chercheur en santé publique, en Seine-Saint-Denis, ont cosigné une lettre ouverte réclamant le retrait du projet et l'abrogation du décret du 9 février 2016.

lundi 11 avril 2016

Ce que vos vieux patients adorent et ce qu'ils détestent...

10.04.2016
Qu’est-ce qui plaît, qu’est-ce qui agace vos vieux patients ? Deux chercheurs de l’Irdes ont mené l’enquête au printemps dernier. Et ils ressortent de ces entretiens avec 18 personnes entre 72 et 90 ans que la qualité de la relation avec le professionnel de santé est pour eux un élément crucial de satisfaction en termes de prise en charge médicale. Question de respect, de qualité d’écoute et d’avoir droit de cité dans les décisions qui sont prises… Le constat vaut pour les patients qui sont chez eux, comme pour ceux qui se trouvent en institution.  « Qu’on vous prenne pour des vieilles débiles, moi ça m’énerve », tempête par exemple Thérèse, 88 ans. A l’inverse, de petites attentions sont énormément appréciées. Comme Monique, 74 ansle dit à propos de son médecin : « Elle vous tranquillise, elle est très très gentille, elle vous rassure et elle rit. Elle se rappelle que je suis venue trois mois avant avec un pull bleu, enfin, des petits trucs, des petites choses, mais ça veut dire qu’elle ne me considère pas comme un numéro ».

Sortir la race de la génétique

 8 février 2016
Le concept des races humaines est dépassé, tout le monde en convient. Pourtant, même la science traîne encore ce concept comme un boulet, notamment la recherche médicale, lorsqu’elle est obligée de distinguer différents groupes pour tester un médicament ou établir un diagnostic.
Les quatre auteurs d’une analyse parue le 5 février dans Science donnent comme exemple la fibrose kystique: sous-diagnostiquée chez les Afro-Américains, parce qu’encore considérée comme une maladie «de Blancs».
Entre autres choses, les auteurs recommandent de prendre davantage en considération la géographie pour définir une «population» dans une perspective génétique. Rien que l’usage des mots «population» ou «ancestral» serait déjà un net progrès par rapport aux grandes catégories toujours en usage (Caucasien, Afro-Américain, Asiatique) disent ces quatre chercheurs, tous quatre Américains :
Nous croyons que l’usage des concepts biologiques de race dans la recherche en génétique humaine —si contestés et si riches en confusion— est au mieux problématique et au pire dommageable. Il est temps pour les biologistes de trouver une meilleure méthode.
(...)

Tous malades mentaux

05/04/2016  Nicolas Sohy
Perte de mémoire? Excès de colère? Non, vous n’avez pas besoin d'un traitement. Même si l’industrie pharmaceutique ou votre entourage veut vous le faire croire.
Le psychiatre Patrick Landman, président de "Stop DSM", un collectif de professionnels de la santé mentale qui s'oppose à la prolifération des diagnostics pour troubles mentaux, tire la sonnette d'alarme : "Les psy prescrivent des médicaments bien trop vite!" Au risque de rendre des patients accros aux pilules et de les pousser à ressasser un passé difficile mais qui ne posait pourtant aucun problème… Il relève au moins trois raisons.  

1. Big pharma crée des maladies

Aujourd'hui, les psychiatres se contenteraient de cocher des items dans le DSM, le manuel international indiquant clairement les symptômes de chaque maladie mentale. Un exemple: Vous vous livrez régulièrement à des activités illégales? Vous avez un tempérament impulsif et irritable? Et vous êtes un peu manipulateur sur les bords? Vous souffrez d’un trouble de la personnalité antisociale. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Enfin… C'est ce que l’industrie pharmaceutique veut nous faire croire.

«Entre 350 000 à 400 000 autistes vivent sans soins en Algérie»

ALGERIE Pr Mahmoud OULD TALEB. Chef de service pédopsychiatrie EHS Drid Hocine - Kouba (Alger)


Président du comité pédagogique national et régional de spécialité de pédopsychiatrie (CPNS et CPRS), le Pr Mahmoud Ould Taleb est engagé depuis plusieurs années pour la reconnaissance de la pédopsychiatrie par les autorités.

Il est également auteur de plusieurs publications sur l’autisme. Le Pr Ould Taleb revient dans cet entretien sur la problématique de l’autisme en Algérie et le manque de moyens humains et matériels pour la prise en charge adéquate de cette frange de la société. Il est parmi les premiers pédopsychiatres à avoir introduit la thérapie comportementale d’Eric Shopler et la thérapie d’échange et de développement de l’ école, ainsi que les échelles d’évaluation des troubles envahissants du développement. Il estime que la maladie reste encore inexplorée en Algérie puisque de nombreux enfants autistes ne sont pas traités.

Malades psychiques : le pari de la réinsertion

Guillaume Meyer  7 avril 2016

En Suisse, plus de 100’000 personnes bénéficient d’une rente d’invalidité pour cause de troubles mentaux. Comment les réintégrer dans le monde du travail? En minimisant le risque pris par les employeurs et en dédramatisant la maladie mentale
«La réinsertion prime la rente.» Tel est le mot d’ordre en matière d’assurance-invalidité (AI), a fortiori depuis que la Confédération cherche à assainir les comptes d’une assurance lourdement endettée. La dernière révision en date de l’AI, entrée en vigueur en 2012, affiche un objectif ambitieux: réinsérer quelque 17’000 bénéficiaires de rentes sur le marché du travail d’ici à 2018. Trop ambitieux: l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a déjà reconnu que le but ne sera pas atteint.

L'exercice pourrait venir en aide aux schizophrènes

07/04/201
Des chercheurs de l'université américaine d'UCLA avancent que l'exercice physique peut être un moyen efficace pour réduire les symptômes de la schizophrénie. 

Leurs résultats viennent étayer d'autres recherches récentes qui avaient montré que l'activité physique permettait de réduire les symptômes d'autres souffrances mentales telles que la dépression et l'anxiété.

Des scientifiques découvrent les gènes de l’addiction au cannabis : si vous les avez, ne fumez pas, ils seraient aussi liés à la schizophrénie et la dépression

5 Avril 2016


Une nouvelle étude intitulée "Genome-wide Association Study of Cannabis Dependence Severity, Novel Risk Variants, and Shared Genetic Risks" et publiée sur Jamanetwork.com, a identifié des gènes dont les porteurs seraient plus exposés à une dépendance au cannabis, améliorant ainsi les procédures de diagnostic.


CANNABIS Un colloque pour mettre en garde les décideurs

5 avril 2016 |Pauline Gravel«Les jeunes qui consomment du cannabis régulièrement sont plus susceptibles d’abandonner l’école», rappelle le chercheur Tomas Paus.
Photo: Pablo Porciuncula Agence France-Presse «Les jeunes qui consomment du cannabis régulièrement sont plus susceptibles d’abandonner l’école», rappelle le chercheur Tomas Paus.
Alors que le gouvernement fédéral envisage de légaliser le cannabis pour les adultes, des scientifiques désirant alerter les décideurs sur les effets négatifs du cannabis sur la santé des jeunes ont organisé un colloque lors duquel ils exposeront les données scientifiques montrant que le cerveau des adolescents est particulièrement vulnérable et sensible à l’action du cannabis. Ce colloque, qui a lieu aujourd’hui au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, est ouvert au grand public et sera diffusé en temps réel sur Internet.

Situations du travail de Christophe Dejours

Date de parution : 06/04/2016



Résumé


La psychodynamique du travail est une discipline dévolue à l’analyse clinique et théorique des relations entre travail et santé mentale qui s’efforce d’identifier les conditions en fonction desquelles le rapport psychique au travail évolue vers la pathologie ou profite au contraire à la construction de la santé mentale. Elle prend naissance en France en 1980 avec la publication de Travail : usure mentale.


Colères

CHALIER Jonathan et FŒSSEL Michaël
Leurs colères et les nôtres. Introduction

Nul n’en disconviendra, l’ambiance est morose. Nous assistons, impuissants, à des transformations profondes et brutales de nos formes de vie. Pour en rendre compte, on incrimine au choix la mondialisation, la technique, l’effondrement des valeurs, l’afflux des migrants… C’est rarement sans irritation que nous abordons des changements sur lesquels il semble que nous n’ayons aucune prise. Nombreux sont ceux qui cèdent à une résignation mélancolique devant la perte des espérances et des enthousiasmes politiques : mélancolie de droite pour qui fantasme une identité passée, mélancolie de gauche pour qui a abandonné ses idéaux d’émancipation et voit les compromis sociaux balayés par les hégémonies néolibérales. Mais la mélancolie n’est peut-être qu’une colère rentrée, usante et qui ne peut se résoudre au désespoir que par les petites compensations narcissiques qu’elle procure malgré tout.
Si nous essayions d’explorer nos colères, justement pour résister à la mélancolie ? N’y a-t-il pas dans le fait d’être mis « hors de soi » une capacité de se porter au-delà de nos égoïsmes ?

SIMONE DE BEAUVOIR ET LES FEMMES

 

SIMONE DE BEAUVOIR ET LES FEMMES

Simone de Beauvoir et les femmes

Auteur : Marie-Jo Bonnet

« Quand j’ai rencontré Simone de Beauvoir en 1971 au MLF, elle faisait rêver notre génération. Elle était l’exemple même de la femme libre qui refusait de se marier et d’avoir des enfants tout en vivant un couple égalitaire avec Sartre.
Avec la publication de sa correspondance, nous avons été obligées de revoir le mythe : une autre Beauvoir, la vraie Beauvoir, apparaissait publiquement, dévoilant une femme qui n’assumait pas son amour charnel pour ses “petites amies”, comme les appelait Sartre, et dont la vie cachée contrastait cruellement avec le message émancipateur du Deuxième Sexe.

Discrimination : une Prince-Édouardienne qui souffre de schizophrénie gagne sa cause contre la province

 5 AVRIL 2016

La Commission des droits de la personne de l'Île-du-Prince-Édouard donne raison à une femme qui affirmait que sa fille de 24 ans était victime de discrimination de la part du gouvernement provincial.
Un texte de Marc Babin TwitterCourriel
Laura King, 24 ans, souffre de schizophrénie et voulait obtenir une aide financière semblable à celle qu'obtiennent les personnes avec une déficience.
Mais l'aide lui avait été refusée.
Laura King vit chez ses parents et reçoit des prestations d'aide sociale qui s'élèvent à près de 300 dollars par mois.
Elle a fait une demande d'aide financière au logement au gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard pour avoir son propre appartement.


[Bourgogne-Franche-Comté] Quatre équipes mobiles expérimentales dédiées à l'autisme devraient se déployer sur la région

08-04-16


L'ARS Bourgogne-Franche-Comté vient de lancer quatre appels à projets pour la création d'équipes mobiles expérimentales de soutien aux établissements et services accompagnant des personnes avec autisme et troubles envahissants du développement (Ted). Prévues pour être installées sur les départements de Haute-Saône, du Jura, du Doubs et sur l'aire urbaine Belfort-Montbeliard-Héricourt, celle-ci se destinera au public adulte. L'autorisation, précisent les différents avis d'appel à projets, sera accordée pour trois ans et pourra être renouvelée une fois au vu des résultats positifs de l'évaluation. Chaque dispositif sera adossé à un établissement ou service médico-social disposant d'un agrément spécifique autisme. La mise en œuvre des équipes mobiles, elle, est attendue à compter de janvier 2017. La date limite de réception des offres est fixée au 1er juillet 2016.

Y a-t-il une seule façon de "bien parler" le français ?

Du Grain à moudre
08.04.2016

Un accent qui fait rire, un défaut de prononciation qu’on corrige, une faute de syntaxe qui exclut… : bienvenus dans le monde de la ‘glottophobie’, celui des discriminations liées à l’usage de la langue. Une domination de quelques uns ?
Y a-t-il une seule façon de "bien parler" le français ?
Y a-t-il une seule façon de "bien parler" le français ? Crédits : Tangopaso - Wikimedia

Il est un site dont on ne parle pas souvent sur France Culture et qui pourtant ne parle que de nous : le forum des auditeurs critiques de la chaîne. Il m’arrive d’y jeter un œil, et de m’y faire épingler, notamment pour ma prononciation des ‘’o’’. Une étrange manie qui m’amène à ouvrir fréquemment mes ô fermés et à fermer les o ouverts, ‘’ce qui donne parfois’’ écrit un des auteurs du site, ‘’des inversions caumiques quand la paulémique oppoz’ les partisans des hott’ températures et les artisans de la foss facture’’

samedi 9 avril 2016

Inégales moitiés

LE MONDE DES LIVRES  | Par Julie Clarini
La Sexuation du monde. Réflexions sur l’émancipation, de Geneviève Fraisse, Presses de Sciences Po, 158 p.
« Colère » (1972), de Luis Peñalver Collazo.
« Colère » (1972), de Luis Peñalver Collazo. akg-images
Nous avons donc en France, depuis deux mois, un « ministère de la famille, de l’enfance et des droits des femmes ». Occupé, cela va de soi, par une femme. Aurait-on imaginé un homme à ce poste ? Rousseau avait mis les choses au clair dès Du contrat social (1762), texte qui fonde sous bien des aspects notre conception contemporaine de la société démocratique : séparation du civil et du domestique, et la femme se contentera d’être, écrit-il ailleurs, « la précieuse moitié de la République ». « La précieuse moitié de la chose publique se tient à l’écart, inutile de faire un dessin, elle agit dans la famille, elle forme les citoyens »,souligne Geneviève Fraisse dans « Rousseau, et les deux “moitiés” de la République », l’un des articles qui constituent La Sexuation du monde. Réflexions sur l’émancipation, son nouvel ouvrage.
La sexuation du monde
Reprenant là une réflexion qu’elle mène depuis longtemps sur les deux gouvernements, celui de la famille et celui de la cité (Les Deux Gouvernements, Gallimard, 2000), la philosophe souligne que la différence des sexes a, en France, depuis la Révolution, le « statut d’obstacle ». D’où ce « travail de Sisyphe » auquel sont contraintes les féministes : toujours recommencer, sans cesse pointer l’obstacle. Le « déconstruire », en démonter les fausses évidences. Et le surmonter.

COETZEE, CONVERSATIONS DEVANT UN DIVAN

Par Mathieu Lindon — 8 avril 2016 
«Que faire de la vérité ? Que faire sans elle ?» interroge dans sa préface Philippe Forest pour résumer ces «conversations sur le réel et la fiction» tenues entre J. M. Coetzee, le Prix Nobel de littérature 2003 né en Afrique du Sud en 1940 (et naturalisé australien en 2006), et la psychanalyste anglaise Arabella Kurtz. Ces «échanges» sont réunis sous le titre la Vérité du récit (The Good Story dans la version originale). Dès le début, Coetzee se demande à quoi rime la quête qu’il voit dans la psychanalyse :«Qu’est-ce qui vous pousse, en tant que thérapeute, à vouloir qu’un patient affronte la vérité sur lui, au lieu de collaborer ou de "conspirer" à une histoire - disons une fiction, mais une fiction épanouissante - qui lui permettrait de se sentir bien, assez pour arriver à mieux aimer et travailler dans la société ?»
La Vérité du récit
Arabella Kurtz, tout au long du livre, va lui répondre pied à pied, mais c’est intéressant de voir comme Coetzee suit sa propre trace et adorerait croire «qu’on n’est pas libre d’inventer son passé»,son idée reposant «sur une foi en la justice de l’univers». L’écrivain décrit deux formes de récits : ceux où l’homme («c’est, d’habitude, un homme») à qui s’identifie le lecteur a commis dans sa jeunesse un acte qu’il craint de voir révéler, et son contraire, le roman policier où le lecteur est du côté de «l’intrus inquisiteur». «Œdipe roi allie les deux formes : Œdipe est à la fois le détenteur d’un passé enseveli et le détective.» Quand on les lit comme «une allégorie des processus psychiques», de telles histoires portent «sur l’inanité de la tentative d’échapper à son passé pour se réinventer».