Leurs colères et les nôtres. Introduction
Nul n’en disconviendra, l’ambiance est morose. Nous assistons, impuissants, à des transformations profondes et brutales de nos formes de vie. Pour en rendre compte, on incrimine au choix la mondialisation, la technique, l’effondrement des valeurs, l’afflux des migrants… C’est rarement sans irritation que nous abordons des changements sur lesquels il semble que nous n’ayons aucune prise. Nombreux sont ceux qui cèdent à une résignation mélancolique devant la perte des espérances et des enthousiasmes politiques : mélancolie de droite pour qui fantasme une identité passée, mélancolie de gauche pour qui a abandonné ses idéaux d’émancipation et voit les compromis sociaux balayés par les hégémonies néolibérales. Mais la mélancolie n’est peut-être qu’une colère rentrée, usante et qui ne peut se résoudre au désespoir que par les petites compensations narcissiques qu’elle procure malgré tout.
Si nous essayions d’explorer nos colères, justement pour résister à la mélancolie ? N’y a-t-il pas dans le fait d’être mis « hors de soi » une capacité de se porter au-delà de nos égoïsmes ?
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