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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 18 septembre 2014

Voyage au pays des infertiles 9 mois dans la vie d’une psy

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  • Paru le : 17 septembre 2014
« Il existe en France un monde parallèle, celui du peuple infertile que 10 % des Français connaissent à un moment ou à un autre de leur vie. Ils sont en général très informés et ont davantage réfléchi que la majorité de ceux qui ont des enfants “sous la couette”.
Depuis les années 1980, j’essaie, toujours au fil des progrès techniques, avec ma double casquette d’ethno-psy, de comprendre les normes et les valeurs tant de ceux qui offrent les possibilités techniques et légales d’assistance médicale à la procréation que de ceux qui sont en demande d’enfant.

Hélène Cixous, eve a naissance

ERIC LORET
Hélène Cixous, en septembre 2013.
Hélène Cixous, en septembre 2013. (Photo AFP)

CRITIQUE

L'auteure raconte la dernière année de la vie de sa mère, ancienne sage-femme, entre effroi du corps défait et jubilation d’une langue libérée.

C’est le livre qui n’aurait jamais dû arriver et celui qui doit arriver, nécessairement : celui de la mort de la mère d’Hélène Cixous, mort longtemps différée par l’écriture. Chacun ou presque des derniers récits de Cixous,Hyperrêve (2006), Ciguë (2008), Eve s’évade (2009), maintenait en quelque sorte à bout de texte Eve en vie, cette Eve née Klein en 1910, épouse Cixous, sage-femme de son état. On la voyait non pas décliner mais se poétiser, s’évaporer peut-être, buée déposée à l’intérieur de la page.

Homère est morte… est le récit d’une année d’agonie, c’est-à-dire de lutte. Ce qui frappe sans doute, c’est qu’écrit dans l’énergie de cet affrontement avec la mort, le livre ne raconte aucun deuil, aucun pleur d’après. Seulement la vie. Cixous transforme le mourir en vitalité : ceux qui ont connu comme elle le décès d’un proche au plus près, non pas par intermittence à l’hôpital, laissant l’aimé à d’autres, mais chez soi, instant après instant, l’amenuisement de la vie (mais toujours la vie, à la fin) jusqu’à l’impossible frontière, «au coin d’un temps sans minute»,reconnaîtront de quoi l’on parle.
«On est en reportage extrême», annonce Cixous. Sa mère est installée sous son toit, plus que jamais elle note toutes leurs conversations, la poésie involontaire du grand âge ou sa science invisible : «H. entre. E. - Ah ! La grande patronne. H. - Je viens reprendre mon souffle (j’écris depuis 5 heures du matin). E. - T’as raison. J’en ai besoin, de ton souffle. Déjà que moi je souffle du dernier trou. H. - C’est quoi le dernier trou ? E. - Je sais pas. Le dernier trou, on ne le connaît pas tant qu’on ne l’a pas eu.»

Maude Julien. L’échappée belle

SABRINA CHAMPENOIS

C’est une présence solaire, une grande tige blonde yeux bleus qui vous serre deux fois la main, qui sourit d’emblée jusqu’aux oreilles, qui semble portée par un courant d’air. Elle à 56 ans, elle en fait au bas mot dix de moins. L’interview devait durer une heure, elle dépasse les deux sans qu’on les sente passer tant elle est présente, parlante, éloquente. Maude Julien adore les animaux depuis l’enfance, elle a un tempérament de poulain, elle en a d’ailleurs les jambes, longues et nerveuses. Au total, exactement l’inverse de ce à quoi on s’attendait, une petite souris effacée et saturnienne. Et pour cause.
Maude Julien a vécu cloîtrée de 4 à 19 ans, séquestrée par ses parents, coupée de toute communication avec l’extérieur, dans une sorte de château entre Lille et Dunkerque. Ce kidnapping correspondait à un projet de son père, qui l’avait en tête… vingt ans avant sa naissance. Cet ex-chef d’entreprise prospère (dans le secteur automobile) se doublait d’un franc-maçon paranoïaque, persuadé que «l’homme est profondément mauvais et le monde profondément dangereux», d’où la nécessité de «préserver de la pollution des autres» sa fille dont il entendait faire «une élue», un «être supérieur» auquel reviendrait à un moment donné la tâche de «relever l’humanité». Il avait dans ce but choisi la mère, la fille d’un mineur qui la lui avait confiée enfant, en échange de l’assurance d’une bonne éducation. Il reviendrait à cette génitrice soumise de transmettre à l’enfant son savoir tout en relayant la pensée du père, ce rhizome de salmigondis jalonné d’interdictions tous azimuts et d’épreuves dignes d’un entraînement militaire. En vrac, on citera : rester en toute circonstance indéchiffrable («exercices d’impassibilité»), nager dans une piscine d’eau glacée, ne rien déplacer ne serait-ce que d’un millimètre dans «le château», rester seule et sans broncher, en pleine nuit, dans la cave où courent les rats, se laver (très rarement) dans l’eau stagnante du père, se charger du pot de chambre dans lequel il pisse. C’est bien simple, à la lecture de Derrière la grille qu’elle publie là, on se demande comment tout cela a seulement pu exister, et comment le produit d’un tel conditionnement a pu intégrer la société. On prévoit au minimum une agoraphobe, une empêchée, une flippée, une traumatisée. Une Natascha Kampusch, cette jeune Autrichienne enlevée et murée pendant huit ans dans un sous-sol par celui qui exigeait d’être appelé «Maître». Rencontrer Kampusch quatre ans après sa «sortie» (1) était une épreuve. Zombie en mode automatique, elle restait en partie coincée dans la bulle mur érigée en réponse à la folie de son geôlier.

A Monticello, une petite utopie des rythmes scolaires

LE MONDE Par 
L'école primaire de Monticello (Haute-Corse), le 24 juin.
A 15 h 30, c’est la fin des cours à l’école primaire de Monticello, village de Haute-Corse. Mais pour les enfants, la vraie journée commence. Après les maths et le français, enfin les ateliers périscolaires. Ils font valser les chaises et se ruent dans la cour de recréation. Là, entre les toboggans et les babyfoots, des animateurs les attrapent au vol. Les élèves nagent, courent, chantent pendant une heure, puis reprennent le chemin de la maison.
Ouverte en 2012, l'école sert de « laboratoire » aux idées du chronobiologiste Hubert Montagner, l'un des « penseurs » de la réforme des rythmes scolaires. A la différence des 20 000 communes qui découvrent maintenant les ateliers périscolaires, Monticello les organise depuis mai 2013. « Il y a eu quelques cafouillages au début, mais on apprend vite, se félicite la directrice Stéphanie Mattei, tout le monde y a mis de la bonne volonté. »

mercredi 17 septembre 2014

Contre vents et marées, savoir se maintenir. L'engagement des psychologues.

Par Martine Vial-Durand

Coordination Inter-Collèges des Psychologues hospitaliers Ile de France Septembre 2014


Retour sur image.

La récente rencontre de psychologues hospitaliers avec les instances du ministère de la santé restera sans nul doute dans la mémoire de chacun comme un douloureux voyage au pays glacial des certitudes managériales, de l’esprit dirigiste et technocratique teinté d’un cynisme décomplexé2.

De « la psychiatrie est-elle là pour faire de la tarte aux pommes ? » au « colloque singulier c’est fini ! » en passant par « qu’avez-vous fait de vos malades mentaux ? », « vous devriez avoir des techniques de soin ! », les débordements sarcastiques n’auront pas manqué à ce temps de non-rencontre en dépit de la volonté de la coordination d’opter pour le principe de modération.

Disons le tout net : ce n’est pas sans une certaine sidération que les professionnels du soin qui s’y sont risqués, ont tenté de contenir la charge d’hostilité d’un positivisme conquérant occupé à balayer les repères symboliques, théoriques, déontologiques et éthiques d’une clinique hospitalière fidèle à l’accueil d’un sujet crédité d’une histoire singulière, d’un inconscient, d’un projet.


Ce qui nous unit c’est ce qui nous sépare.

Depuis l’année 2007, l’élan de création et le cheminement historique de l’Inter-collèges s’est appliqué à trouver une voie possible vers l’expression d’une dynamique de réflexion susceptible d’éclairer ce qu’il advenait de la clinique sous le joug de la « modernisation des services publics hospitaliers ».

Il paraissait en effet urgent de favoriser le débat chez une profession peu coutumière du fait et de créer ainsi les conditions favorables à l’expression de vitalité d’une pensée riche d’expériences diversifiées affines aux complexités de la vie psychique.

Le chemin accompli a vu se rencontrer, s’entrecroiser bien des paysages contrastés, il a permis que puisse s’exprimer des différends parfois non-solubles tous animés par un seul engagement militant : l’intérêt et la prise en compte des mystères et complexités de la vie psychique dans l’hôpital.

Budgétés, observés, géo-localisés.

Cette aventure non institutionnalisée qui réunit à ce jour une quarantaine de collèges et suscite un mouvement de rencontres nationales a permis de mesurer tout au long de sept années de travail, la reprise en main, significative dans l’histoire de la clinique, d’une technocratie entièrement dévouée au mythe d’une rationalisation budgétaire sous emprise d’expertise, de planification, de contrôle et de conformité.
Depuis les années 803 ces orientations ont déjà fait l’objet d’analyses précises mais l’indécence des faits et l’arrogance du discours poursuivent implacablement leur chemin :

  • -  Les choix priorisés et budgétisés iront à la standardisation des protocoles de soin, à l’éducation thérapeutique, à l’approche comportementale.
  • - Il faut dit-on « une palette de soins utiles », la segmentation des pratiques y répondra : Centre expert bipolaire ou schizophrénie, troubles alimentaires, faîtes votre choix !
   - On veut en haut lieu «une qualité de la santé publique, des pratiques efficaces, des techniques de soin évaluables et quantifiables» !
La singularité des parcours, autrement dit, l’approche d’orientation freudienne « qui n’a pas fait ses preuves » doit laisser place à des « réponses innovantes », la réflexion institutionnelle et le travail sur et à partir du collectif également.

Poème de Goethe
Compte-rendu de la rencontre du 11 juillet 2014 avec DGOS DGS.
Le ciel sombre de la psychiatrie – revue Institutions n°49 de mars 2012.


Souvenons-nous.

La présence des psychologues à l’hôpital s’est inscrite de longue date dans une pluralité de cheminements, de domaines d’interventions mais aussi de références théoriques éloignées susceptibles de complémentarité.
L’habit identitaire, il est vrai, leur convient mal.
Le lien entre eux n’est pas à chercher ailleurs que dans une appartenance à un projet de service dont la responsabilité ne relève pas de leur initiative mais qu’ils ont pourtant cherché à nourrir d’une pensée éclairée par les sciences humaines, une pensée ayant valeur propulsive et respectueuse du sujet.
Mais c’est un autre lien, celui-ci organique, originel, qui unit une grande part de la profession à l’esprit clinique de la sectorisation et au mouvement de psychothérapie institutionnelle. C’est au cœur de celui-ci et du contrat social démocratique qui le caractérise que la profession de psychologue s’est attelée, elle aussi, à faire reculer le spectre des certitudes en soufflant à ceux que la psychose ne rebutait point : « il faut aller chercher l’autre là où il se trouve ». 4

Nous devons, et c’est le sens de notre engagement, nous souvenir qu’elle fut une pensée du courage en politique psychiatrique confrontant son acte créateur aux abîmes de la pulsion de mort qui contre toute idéologie du bien-être réclame sa part du vivant.

Un train peut en cacher un autre !

C’est donc peu de dire que la profession est historiquement liée à une théorie du sujet d’orientation freudienne et à ce titre une profession gênante pour la recherche d’un processus de normalisation des comportements.
Elle fait depuis quelque temps l’objet d’une attention pour le moins ambiguë de la part des tutelles. N’est-il pas remarquable, en effet, que succédant à des années de désintérêt pour la dégradation des conditions d’embauche et d’exercice de la profession cette attention aboutisse en 2010 à la rédaction d’une circulaire qui creusait un peu plus ce mouvement au lieu de le contrer ?
Des négociations syndicales qui ont tenté de remédier à cette situation, une proposition d’organisation de la profession est sortie du chapeau apparaissant à certains comme une opportunité de protection.
Avec beaucoup d’honnêteté quelques uns se sont lancés dans son expérimentation quand d’autres plus dubitatifs, craignant qu’elle devienne l’instrument inféodé du pouvoir de coercition administratif, ont préféré s’en abstenir.

Mais voilà qu’aujourd’hui se dessine un tout autre paysage. Au nom du principe d’égalité des soins, c’est une organisation « new style » qui se profile. Les missions de l’hôpital seraient ainsi limitées au traitement technique de la crise et de l’aigu, tandis qu’il est fermement suggéré à l’acte thérapeutique issu des sciences humaines de « quitter le champ du soin pour passer au médico-social ». Psychologues organisez-vous et puis non ! Allez voir ailleurs.

Faire et refaire société.

Les tutelles qui s’autorisent aujourd’hui à régenter la conduite des gens de métier ne s’arrêteront en si bon chemin que si elles trouvent en face d’elles un fort maillage de résistances.
De sa position encore décentrée et de la liberté qu’il lui reste la profession ne doit pas reculer devant cette forme d’obscurantisme qui est depuis toujours une maladie mortelle.
Il lui faut faire et refaire société (si ce n’est organisation) et se donner les moyens collectifs de veiller sur l’éthique du soin dont elle est dépositaire en refusant l’instrumentalisation des pratiques qui méconnaissent l’intelligibilité des phénomènes psychopathologiques et veulent forclore l’énigme du sujet.

Seules plusieurs digues d’opposition lui permettront de s’imposer comme interlocuteur des parlementaires sur les derniers mètres qu’il reste à parcourir avant la prochaine sortie de la loi santé.

Il nous faut agir ensemble en faisant le pari que là où la vie emmure, l’esprit peut encore percer une issue.

Roger Gentis « Un psychiatre dans le siècle ». 


Rencontre du 11 Juillet 2014 entre la Coordination de l’Inter-collèges des Psychologues Hospitalier IDF et les services de la DGS / DGOS concernés par la Santé Mentale  

Suite aux recommandations de Monsieur ROBILIARD rencontré au mois de juin dernier, nous avons sollicité une entrevue avec Madame MARMIER au Ministère de la Santé qui nous a alors orientés vers les services de la DGS / DGOS.

Lors de cet entretien, nous avons été surpris par l’absence de dialogue qui s’est imposée dès le début.
L’ensemble des questions relatives aux conditions d’exercices des psychologues et aux conséquences de la loi HPST sur les pratiques hospitalières ne rencontrèrent aucun écho. En effet, toutes  les formes d’empêchement qui abrasent la créativité du soignant, la prise en compte de la singularité et celle du travail institutionnel n’ont pu réellement constituer un objet de discussion.
La politique managériale, la suprématie des protocoles, la hiérarchisation, l’uniformisation des pratiques, la codification des actes, l’évaluation du travail prescrit au détriment du travail réel, tous ces points n’ont pas plus trouvé de possibilité d’élaboration.

L’outil relationnel du soin, fondamental dans l’histoire de la psychiatrie, a fait l’objet de sévères critiques au profit de la mise en place de techniques efficaces et évaluables : « le problème en psychiatrie, c’est que ça ne tient toujours qu’aux personnes».
Quant à la question de la thérapie institutionnelle, son travail a été tourné en dérision : « est-ce que la psychiatrie est là pour apprendre la tarte aux pommes » ?  
Dans cette même logique, il nous a été affirmé que le travail auprès des équipes ne relevait pas des  missions du psychologue.

L’efficacité, le bien être des patients et l’égalité des soins sont donc les piliers du modèle consumériste en voie de généralisation. Les méthodes d’adaptation et d’intégration comme  la remédiation cognitive et l’éducation psycho sociale sont valorisées au détriment de la psychanalyse qui n’a pas démontré son efficacité.

Après avoir mis à mal tous les idéaux et les méthodes de travail  sur lesquels s’appuyait le mouvement  institutionnel en psychiatrie, il nous a été présenté le projet de « Service Territorial de Santé Mentale ». Voici donc la solution censée répondre au marasme de la psychiatrie.
Décrit comme étant plus large que le secteur, ce service  rassemblerait des professionnels du soin, généralistes, spécialistes mais aussi des élus du champ social, bailleurs,  chargés d’insertion,  entreprises…autour de sujets consensuels.
Son ambition consisterait à élargir et à pallier aux insuffisances… Il offrirait à la population une palette de prestations efficaces et évaluables qui répondrait à des besoins précis : une multiplication de centres experts pour bipolaires ou schizophrènes, troubles alimentaires, …

Dans cet esprit, la psychiatrie serait priée de s’occuper uniquement des situations de crise et de l’aiguë en laissant au médico-social le soin de faire le reste…. C’est ainsi toute l’histoire de la continuité des soins qui est remise en cause.  

Il nous sera donné d’entendre en dernier lieu que les psychologues auraient des progrès à faire en terme de technicité s’ils souhaitent continuer à exercer à l’hôpital :
-       S’organiser pour être polymorphe sur un territoire.
-       Faire fructifier des réponses innovantes à travers des outils appropriés qui favorisent une palette de soins et qui répondent à des besoins mal couverts.

Globalement, nous avons eu à faire face à une conception entièrement centrée sur la question de l’efficace et de l’évaluable tandis que les efforts de la coordination ont porté sur une tentative d’ouvrir des brèches dans un discours entièrement clos.


La Coordination



La réalité virtuelle promet de nouvelles applications en psychiatrie légale

Lorsqu'elles sont dans la voûte d'immersion, les personnes peuvent être soumises à des stimulus dans des environnements complexes se rapprochant du monde réel. Ci-contre, un stimulus de faible intensitéIl est actuellement impossible, à l'issue d'une thérapieou d'un traitement, de définir les circonstances dans lesquelles un patient colérique saura - ou non - contenir ses élans agressifs ou de déterminer si un délinquant sexuel parviendra ou pas à se contrôler et à ne pas agresser une victime ou récidiver.

La réalité virtuelle pourrait constituer la clé permettant de prédire à la fois les comportements de personnes délinquantes et l'efficacité des thérapies auxquelles elles ont pris part.

C'est ce qui émane des travaux de recherche fondamentale et appliquée auxquels participe Massil Benbouriche, chargé de cours à l'École de criminologie de l'Université de Montréal et coordonnateur des activités du laboratoire Applications de la réalité virtuelle en psychiatrie légale de l'InstitutPhilippe-Pinel de Montréal (IPPM).

Sous la direction de Patrice Renaud, professeur au Département de psychoéducation et de psychologie de l'Université du Québec en Outaouais et responsable du laboratoire de l'IPPM, Massil Benbouriche s'active à valider empiriquement certaines théories explicatives du passage à l'acte tout en testant des protocoles de recherche pouvant être appliqués en faisant appel à la réalité virtuelle.

Massil Benbouriche devant la voûte immersive
Voir et lire ce qu'un individu ressent

Les applications de la réalité virtuelle en santé mentale, plus particulièrement pour l'évaluation et le traitement des troubles anxieux, remontent à une quinzaine d'années. Mais ce n'est que depuis 2006 que l'IPPM y a recours en psychiatrie légale pour évaluer le profil des délinquants sexuels et leur dangerosité.

Jusqu'à tout récemment, ce n'était que par la seule pléthysmographie pénienne qu'on pouvait déterminer les préférences sexuelles d'un délinquant sexuel. Il s'agit d'un d'anneau qui, placé autour du pénis, mesure les changements de circonférence selon les stimulus visuels ou auditifs présentés à l'individu.

Mais cette méthode n'est pas sans faille. " La personne peut exercer un contrôle et brouiller les résultats, entre autres en ne regardant pas les images ", illustre M. Benbouriche.

Dernièrement, on a mis au point un protocole combinant la méthode de l'anneau pénien et un test de balayage visuel qui, à l'aide de stimulus présentés par ordinateur, mesure le temps de fixation des zones érogènes que les images comportent et le temps de passage entre ces zones. Cela permet de désigner avec beaucoup plus de précision certains comportements associés à une préférence sexuelle déviante.
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Alzheimer : "C'est comme si mon mari était redevenu un enfant..."

Propos recueillis par Alexandre Fache
Vendredi, 19 Septembre, 2014



photo d'illustration
afp
Sylviane, élégante retraitée de 76 ans, vit en banlieue parisienne. Jean, son mari, d'un an son aîné, a été diagnostiqué Alzheimer il y a un peu plus de trois ans. A l'occasion de la 20e journée mondiale de lutte contre la maladie, ce dimanche, cette femme combative et digne témoigne des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés quotidiennement les aidants familiaux.
"Il y a dix ans, j'avais repéré chez mon mari quelques petites sautes de mémoire. J'ai prétexté une inquiétude pour mon cas personnel afin que nous soyons testés, tous les deux. Le neurologue, à l'époque, n'avait rien trouvé d'anormal. La situation s'est dégradée il y a environ cinq ans, mais c'est seulement à l'occasion d'un autre problème de santé, un peu plus tard, que le verdict est tombé pour mon mari: c'était bien la maladie d'Alzheimer. Pas vraiment une surprise, mais cela restait difficile à entendre. Le ciel vous tombe sur la tête... Fallait-il, dès lors, le dire à mon mari? Le médecin, à l'hôpital, ne s'est guère posé la question et lui a dit tout net, franchement, en lui donnant de la documentation sur la maladie. Mais c'est comme si cela glissait sur lui, il n'a même pas lu les brochures. Un déni total. Je crois aussi que nous avons été maladroits avec lui, au début. Avec d'autres proches, on lui disait: 'il faut que tu acceptes la maladie, c'est comme ça'. Là, il se mettait dans une colère noire, il pouvait être très agressif.

«Vers la prise en charge des patients par eux-mêmes»

ERIC FAVEREAU


Après les sites, des applis de santé en veux-tu en voilà. De plus en plus en mode mobile, qu’on consulte via son téléphone ou une tablette, et désormais en regardant son bracelet-montre. La dernière trouvaille d’Apple présentée la semaine dernière n’est-elle qu’un simple gadget de plus ou l’entrée dans la santé connectée ?
Bourrée d’électronique, cette Apple Watch peut impressionner. Doté d’un capteur de rythme cardiaque placé au dos du boîtier et d’un accéléromètre, voilà un objet en mesure de collecter une kyrielle d’informations sur notre santé, pour alimenter l’application Health. Nombre de pas, temps passé assis, calories brûlées, pression artérielle, fréquence cardiaque, glycémie, etc. Des paquets d’informations enregistrées, mais pour faire quoi ? Jean-François Thébaut, cardiologue, est membre du collège de la Haute Autorité de santé (HAS), président de la commission amélioration des pratiques professionnelles et de la sécurité des patients. A ce titre, il a la charge d’évaluer les évolutions technologiques au regard de la santé publique.
La santé connectée, avec cette Apple Watch, est-ce bon pour la santé, docteur ?
Nous sommes rentrés dans quelque chose de très nouveau. Va s’ouvrir de plus en plus une prise en charge des patients par eux-mêmes. Et cela peut-être très positif si cela permet de modifier des comportements.

Les spermatozoïdes sont bons pour le moral



L'ÉTUDE 
Le sperme jouerait un rôle d’antidépresseur. On savait - du moins les chercheurs - que la semence masculine est un joyeux cocktail, à base de sérotonine, de mélatonine, de thyrotropine, autant de produits réputés pour favoriser le bien être mental. Ce n’est pas tout : le sperme contient aussi du cortisol, de l’ocytocine et de l’œstrone, autant d’agents chimiques qui boostent le sentiment d’attachement. Et alors ? Eh bien, ces formidables bienfaits putatifs ont été estimés «en vrai» sur une cohorte de 293 femmes recrutées sur le campus de l’Université d’Etat de New York. Les étudiantes ont été dûment interrogées par les chercheurs américains sur leur vie sexuelle (fréquence des rapports, type de contraception…) et leurs éventuels symptômes dépressifs. Résultat : les femmes ayant des rapports non protégés seraient moins déprimées que celles qui utilisent un préservatif (ou s’abstiennent), les petits agents chimiques de la semence passant dans le sang. Un coup à renoncer à se protéger ? Houla, on sait bien que science sans conscience n’est que ruine de l’âme.

mardi 16 septembre 2014

L’imaginaire, sa place dans la clinique 12ème journée d'études du CH Les Murets

Argumentaire

L’image joue un grand rôle dans le monde animal et l’éthologie vient nous dire que l’empreinte imaginaire dépend aussi bien de l’inné que de l’acquis. On voit par exemple (Lorenz) l’animal se mettre à dépendre de l’homme qui l’a nourri et élevé. Dans ses « Formulations sur les deux principes de la vie psychique », Freud, de façon très convaincante, décrit un nouveau-né hallucinant le sein et rencontrant l’échec de cette opération. L’hallucination, impuissante à apporter la satisfaction attendue, force l’enfant à passer par une épreuve de réalité. Freud suppose alors la mise en place de trois choses : la mise en fonction des organes des sens, de l’attention, et d’un système de marques.[1]  Notons que cette satisfaction hallucinatoire est sans doute la première prise dans l’imaginaire à quoi l’être humain est confronté : ici, par le biais d’un objet partiel, le sein.



L’accession, très tôt par rapport à ses capacités motrices, de l’enfant à son image spéculaire, a été décrite par Wallon en 1930. Normalien, agrégé de philosophie, puis psychiatre, Wallon avait soutenu sa thèse sur le délire de persécution, une forme d’aliénation où les phénomènes imaginaires sont particulièrement mis en valeur. Lacan reprend ces travaux pour décrire en 1936 le fameux stade du miroir où l’enfant s’identifie en s’aliénant du même mouvement à l’image, en même temps qu’il cherche l’assentiment de l’Autre et qu’il jubile. Cette appropriation de l’image comme sienne est un long travail, les phénomènes de transitivisme montrant le pouvoir conservé de l’aliénation par l’image : l’enfant qui voit l’autre tomber pleure, celui qui frappe considère que l’autre l’a battu. Cette aliénation vient dire que c’est « dans l’autre que le sujet s’identifie et même s’éprouve tout d’abord.