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Si pour beaucoup d’adolescentes les vacances d’été sont l’occasion de profiter allègrement des plaisirs de la plage ou de la détente au bord d’une piscine, pour certaines c’est plutôt le cauchemar. L’idée de se mettre à nue, ou presque, en maillot de bains, les plonge dans l’angoisse. Elles détestent leur corps, en ont honte et affronter le regard des autres peut leur paraître une épreuve insurmontable.
Ces adolescentes qui se trouvent trop grosses, trop maigres, trop grandes, trop petites, qui détestent leurs fesses, leur poitrine, leurs cuisses, leur ventre, ont une peur féroce d’être jugée, car leur propre jugement sur elles-mêmes, loin de toute indulgence, est tyrannique. Elles sont dans le mythe du corps parfait, celui qu’elles imaginent, corps fantasmé au fil des années, ou celui qui leur est renvoyé via les photos retouchées des magazines. Ces adolescentes ont un idéal du moi particulièrement élevé, du coup leurs objectifs sont rarement satisfaits. La puberté leur a fait perdre le contrôle de leur corps qui s’est transformé et s’est sexualisé sans qu’elles ne puissent rien y faire. L’image d’elle-même qu’elles scrutent des heures dans le miroir, leur est un peu étrangère, elles vont plus ou moins bien l’apprivoiser, finir par l’aimer pour certaines, la détester pour d’autres.
Le regard bienveillant des proches, parents ou frères et sœurs, à ce moment- là est essentiel et les paroles maladroites sont autant de blessures qui mettront un temps fou à se cicatriser :
« L’été dernier, quand je suis rentrée de colo, une des premières choses que m’a dite ma mère, c’est : t’as de bonnes fesses. Dans sa bouche, elle qui est mince comme un fil, je vous assure que ce n’était pas un compliment… ».