par Eric Favereau, envoyé spécial à Rouvray (Seine-Maritime) publié le 6 décembre 2023
Le débat qui secoue l’hôpital psychiatrique du Rouvray (Seine-Maritime), l’un des plus grands hôpitaux de France, est emblématique de la crise sans précédent que traverse la psychiatrie publique. En ces temps de pénurie de personnel, peut-on désormais continuer à soigner au plus près les patients dans leur globalité ? Ou bien faut-il rationaliser et soigner par pathologies, – dépressions, addictions, schizophrénies, etc. –, quitte à laisser tomber un travail de proximité, indispensable quand on prend en charge des troubles mentaux ?
Ce débat est tout sauf anecdotique, car il est lourd de conséquences. Un rappel, d’abord, pour comprendre les enjeux. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la psychiatrie française est construite autour de l’idée de secteur géographique, pour des soins au plus près et dans toutes leurs composantes. La France est ainsi divisée en plus de 800 secteurs de psychiatrie générale, soit en moyenne un pour 60 000 habitants. Dans chaque secteur, il y a des lits d’hospitalisation, des lieux de consultation, des hôpitaux de jour mais aussi des structures intermédiaires comme des appartements thérapeutiques.