Paris, le samedi 25 janvier 2021 – Il y a plus de dix ans, l’Etude nationale sur les événements indésirables graves associés aux soins estimait que les erreurs médicamenteuses étaient à l’origine d’un évènement indésirable grave (EIG) toutes les 2000 journées d’hospitalisation, soit 50 000 EIG par an. Certains estiment par ailleurs que 10 à 12 000 décès seraient liés chaque année aux erreurs médicamenteuses et responsables de 10 % des hospitalisations du sujet âgé. Or, une grande partie de ces erreurs est sans conteste évitable.
Marie Darrieussecq a perdu le sommeil il y a vingt ans et a tout tenté pour le retrouver. Dans un livre sur l’insomnie entre essai et autobiographie parcouru de photographies, elle convoque de nombreux écrivains qui ont souffert de ne pas fermer l’œil la nuit («la littérature de 4 heures»), égrène les recettes qu’elle a expérimentées en vain pour dormir, parle sans détour de son accoutumance à l’alcool ou aux somnifères. Elle tire de son cas personnel le sentiment d’un syndrome global, lié à la connexion permanente et à l’anthropocène. Elle répondait à nos questions au Livre sur la Place le week-end dernier à Nancy.
Aucun de vos livres ne parle d’insomnie, pourquoi lui en dédier un ?
Je ne m’étais jamais posé la question. J’avais un peu honte de mal dormir sans vraie raison. J’ai vu autour de moi des gens s’épuiser au travail – il y a de nombreux marins pêcheurs dans ma famille – qui dormaient bien. Mon problème d’insomnie me paraissait un peu luxueux, un peu souffreteux. Je me suis intéressée aux auteurs insomniaques, Kafka, Proust, Duras… J’ai réfléchi à ce que je pouvais en dire à ma façon.