par Nina Guérineau de Lamérie, envoyée spéciale à Glasgow et photo Julien Marsault. Hans Lucas. publié le 13 septembre 2021
L’homme est d’une pâleur et d’une maigreur cadavériques. Ses yeux bleus sont ouverts mais semblent éteints. Recouvert d’une couverture de survie argentée, il est allongé en position latérale de sécurité sur le trottoir de Gordon Street, dans un quartier très fréquenté de Glasgow, en Ecosse. On est au beau milieu de l’après-midi ce 21 août, la rue est bondée, et l’homme vient tout juste de survivre à une overdose. «Je l’ai vu par terre, dans un sale état. J’ai tout de suite compris, raconte Evin, jogging gris et fort accent écossais. J’ai couru à l’hôtel, j’ai demandé un kit de naloxone [médicament qui inverse les effets une surdose d’opioïdes, ndlr] et je lui ai planté l’aiguille direct dans la cuisse. Le mec était inconscient, il s’est réveillé d’un coup et m’a lancé : “Mais qu’est-ce que tu fous ?” Je lui ai répondu : “Je te sauve la vie, calme-toi !”» Une ambulance déboule quelques minutes plus tard et l’emmène à l’hôpital. Vivant.