Moins taboue, mieux comprise, mais encore trop souvent sous-diagnostiquée, la dépression chez les moins de 20 ans est un phénomène en progression.
C’était il y a un an et demi. Lucie (le prénom a été changé) ne se sent alors pas bien du tout. Agée de 10 ans, elle a des idées noires, des préoccupations morbides, dit souvent « je veux mourir », jusqu’à faire une tentative de suicide en voulant sauter par la fenêtre, raconte sa maman. Elle revient avec sa fille pour un rendez-vous au service de pédopsychiatrie du CHU de Nantes, accompagnée de son fils aîné et de son mari. Lucie y était suivie depuis peu pour un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Un trouble du neurodéveloppement fréquent (5 % des enfants) associant des difficultés attentionnelles, de l’hyperactivité motrice, de l’impulsivité et une difficulté à réguler ses émotions, explique Fanny Gollier-Briant, pédopsychiatre, qui la reçoit ce jour-là.
« Tout prenait des proportions énormes », se souvient sa maman. Ses parents s’inquiètent, son frère aîné de 13 ans a du mal à communiquer avec elle. Lucie ne voit pas de solution à son malheur, a une très mauvaise estime d’elle-même, est d’une grande nervosité. « On ne pouvait parler de rien sans que ça ne finisse en pleurs ou en colère. Nous étions très démunis face à ce grand désarroi. » C’est à l’issue d’un passage aux urgences au CHU de Nantes, en juin 2018, pour des crises de colère incontrôlables – Lucie tapait sur les murs – que le diagnostic est posé par Olivier Bonnot, chef du service de pédopsychiatrie : Lucie souffre d’une dépression infantile.