Surmonter les épreuves (1/6). La séparation résulte souvent d’une volonté d’affirmation d’une nouvelle identité analyse la professeure de philosophie.
Dans une rupture amoureuse, il reste un sentiment que les anciens amants partagent encore, celui de vivre une cassure intérieure, qui touche profondément à leur identité. Qu’elle soit décidée ou subie, la rupture interroge ce que nous sommes ou ce que nous croyions être.
D’une rupture, on peut avoir le sentiment qu’elle est une erreur, un terrible gâchis ou au contraire qu’elle est nécessaire. Même si on en souffre. On peut reconnaître qu’il se joue dans cette décision et les actes qui la concrétisent l’expression d’une vérité intérieure qui ne peut plus se taire.
La rupture s’impose lorsque la fidélité à soi, à ce soi qui nous définissait jusqu’alors, n’est plus tenable. Rester constant serait nier la puissance et la réalité d’une modification qui s’est opérée en nous.
La fidélité à soi – et à celui ou à celle qu’on aimait – est désormais impossible, parce qu’on a déjà été intérieurement rompu, rendu étranger à soi par un Autre. Un autre objet d’amour – une femme, un homme, un enfant, une œuvre –, une autre passion – gagner, réussir, séduire, créer – se sont immiscés entre les amants et ont produit un écart, une distance.
Une expérience nouvelle, heureuse ou tragique, a intimement ébranlé le sentiment de soi, a dévié les polarités de l’existence, remodelé les affects. Ce tremblement secret ne peut pas le rester. Ce bouleversement profond de notre définition était peut-être en cours depuis longtemps. La fêlure, le doute sur soi existaient déjà et cette altérité s’y est engouffrée, appelée par la faille.