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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 3 mars 2017

La création de la communauté psychiatrique de territoire de Haute-Garonne et Tarn Ouest est validée

L’ARS Occitanie a validé la création de la communauté psychiatrique de territoire (CPT) au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Haute-Garonne et du Tarn Ouest, informe le 1er mars par communiqué le CH Gérard-Marchant de Toulouse, citant un courrier de l'ARS datant du 15 février dernier. À la création du GHT, les membres du groupement avaient notamment expliqué que la psychiatrie serait un "axe fort" et avaient émis la volonté de mettre en place cette CPT (lire notre article). À l’échelon local, sa création "offre la garantie d’une reconnaissance spécifique de la filière psychiatrique au sein du GHT, espace de coopération sanitaire généraliste", commente le CH spécialisé en psychiatrie, membre fondateur de la communauté.

Si « Le Généraliste » était paru en 1913 Coutumes bretonnes à la naissance

Alain Létot
| 01.03.2017
En Bretagne, les sages-femmes, à la naissance des enfants, surtout des filles, leur pressent le sein pour en faire sortir du lait ; ce n’est pas naturellement sans faire crier l’enfant. Elles allongent ainsi le téton. En agissant de la sorte, chose très croyable, la petite fille devenue mère n’éprouvera aucune difficulté pour le premier allaitement de son enfant tandis qu’il n’est pas toujours de même et qu’il faut employer la pipe, moyen très douloureux pour la mère.

« Manterrupting », le sexisme ordinaire sur la voix publique

LE MONDE IDEES  | Par 
Les hommes coupent trois fois plus la parole aux femmes que l’inverse, selon les études.
Les hommes coupent trois fois plus la parole aux femmes que l’inverse, selon les études. CHLOE POIZAT
Sur le plateau, le tailleur rouge de Sylvia Pinel tranche avec les costumes gris de ses voisins. En ce jour de débat, la seule femme de la primaire à gauche évoque les ­leçons politiques de François Mitterrand quand David Pujadas lui pose une question sur le dépassement des clivages traditionnels.

La candidate re­prend la ­parole. « Ecou­tez, c’est… », commence-t-elle. Une voix s’élève à sa droite : sans lui jeter un regard, Jean-Luc Bennahmias ­répond à sa place. « C’est l’un des ratés du premier gouvernement Hollande de ne pas avoir permis à François Bayrou d’être élu », explique-t-il avec assurance.

La caméra est tournée vers le visage de Jean-Luc Bennahmias mais on entend au loin un rire un peu crispé. « Jean-Luc, Jean-Luc, lance Sylvia Pinel en faisant un signe de la main. Je vois que la parité, même sur ce plateau, est difficile… C’est assez désagréable… »

La candidate tente de reprendre le fil de ses idées mais elle a perdu pied. « Il est… C’est… Je ne me souviens même plus de la question », ajoute-t-elle, un brin agacée. En ce 19 janvier, Sylvia Pinel vient de faire l’expérience d’un phénomène que toutes les femmes connaissent, même si elles en ignorent le nom : le manterrupting.

Le mot apparaît au début de l’année 2015, sous la plume de Jessica Bennett, une chroniqueuse pour le New York ­Times et le magazine Time. Dans un article intitulé « How not to be “manterrupted” in meetings » (« comment ne pas être interrompue par un homme en réunion »), elle raconte, études à l’appui, les étonnantes vicissitudes qui accompagnent la prise de parole des femmes. « Mes amies ont un terme pour ça : le manterrupting [contraction de man et interrupting] », conclut Jessica Bennett. Depuis, le mot s’est peu à peu imposé dans les débats sur le sexisme ordinaire.

Du cannabis moins nocif : nouvelle recette

Roxane Curtet
| 02.03.2017


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Face à une tendance à la légalisation du cannabis dans de nombreux pays, des experts de l’institut de psychiatrie, psychologie et neurosciences du King’s College de Londres évoquent dans un édito du Lancet Psychiatry la nécessité de chercher des solutions pour rendre l’usage de cette substance plus sûr. Les auteurs suggèrent que les décideurs comme les chercheurs devraient trouver des moyens de limiter « la puissance » du cannabis. Il évoque la possibilité de réduire l’usage conjoint du tabac ou celle de modifier la composition de la marijuana afin de diminuer ses effets néfastes sans altérer la satisfaction que les utilisateurs éprouvent.

Des milliers de manifestants à Londres pour défendre le NHS britannique


04.03.2017

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Londres pour défendre le système de santé publique britannique. Les manifestants ont défilé du siège du National Health Service jusqu'au parlement britannique derrière une grande banderole frappée du message : "Notre NHS. Pas de coupes budgétaires, pas de fermetures, pas de privatisation".

John Pendry, théoricien de l’invisibilité

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |  | Par 
La voix est frêle, comme le visage orné de fines lunettes qui collent à merveille à son image pudique, so British, et laissent transparaître un regard malicieux. A deux pas de Hyde Park, dans la grisaille londonienne, John Pendry est tout sourire, flatté qu’on ait franchi la Manche pour le rejoindre dans son petit bureau d’Imperial College.

A 73 ans, ce physicien théoricien passionné de jardinage n’entend pas ranger ses crayons. « Il connaît un bel été indien scientifique », évoque joliment Martin McCall, lui aussi théoricien à Imperial College. Les contributions les plus importantes de John Pendry, les plus médiatiques aussi, remontent aux années 2000, alors qu’il a déjà la soixantaine. Elles lui ont valu d’être anobli par la reine. Après l’essentiel d’une carrière accompli dans l’ombre, Sir John Pendry est devenu une sommité – on le dit nobélisable – pour avoir inventé la cape d’invisibilité, dans la lignée de L’Homme invisible, écrit en 1897 par H. G. Wells, et des aventures de Harry Potter. « Je me vois davantage en Peter Pan, car il a échappé à son ombre », dit très finement John Pendry. C’est justement cela, la cape d’invisibilité : un assortiment de matières et de géométries qui détourne les ondes pour les soustraire aux lois de l’ordinaire.

L’ADN, mémoire du futur ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO  | Par 

Quand elles apposaient leurs mains sur les parois de grottes pour peindre au pochoir, les populations de Maros-Pangkep (île de Sulawesi, Indonésie) n’imaginaient pas que des archéologues s’extasieraient quarante mille ans plus tard. Pas plus que les ­contemporains de Khéops n’auraient espéré que des parchemins décrivant la construction de la grande pyramide de Gizeh puissent être présentés au public, 4 500 ans plus tard.

Face à cette ­extraordinaire résistance des premiers témoignages de notre histoire, l’espérance de vie des supports de nos données, toujours plus dématérialisées, semble bien dérisoire : moins de dix ans pour les disques durs ou les mémoires flash ; quinze ans – peut-être trente – pour la bonne vieille bande magnétique. Que restera-t-il de ­notre héritage dans une poignée de générations ?

jeudi 2 mars 2017

À l'hôpital psychiatrique, le personnel au contact de patients "dangereux" veut plus de moyens

27/02/2017 



Fabrice Lamarque à droite, entouré de ses collègues à l’heure de la relève./ Photo DDM, M.L.G.
Fabrice Lamarque à droite, entouré de ses collègues à l’heure de la relève./ Photo DDM, M.L.G.
"Être trop peu nombreux nous met en danger physique". Ce matin, lors du conseil de surveillance de l’hôpital psychiatrique d’Auch, les agents de l'établissement l’ont fait savoir par la voix du syndicat CGT. Dans le même temps, l’une de leurs collègues, éducatrice spécialisée, était agressée par l’un des patients. « Quand nous sommes trop peu nombreux, nous mettons en danger ces personnes, mais aussi les employés. »

Le service Charcot de l’hôpital prend en charge 15 malades avec de « gros déficit intellectuels, détaille Fabrice Lamarque, délégué CGT et infirmier dans ce même service. Ce sont aussi des gens avec des troubles du comportement importants, avec une tendance à l’agressivité, que ce soit envers eux-mêmes ou les autres. » Les autres, ici, ce sont 25 agents : 11 infirmiers, 9 aides-soignantes et 5 agents de services. D’après eux, ce n’est pas assez.

Témoignage « En psychiatrie, la nuit n’est jamais calme »

27/02/2017



« En psychiatrie, la nuit n’est jamais calme »
Infirmier de nuit en psychiatrie, un métier « que l’on réservait, 
il y a quinze ans, à des hommes costauds et expérimentés. 
Il évolue, c’est bien, mais cela pose des questions de sécurité, 
liées notamment à un sous-effectif chronique ». 
© CAMPAGNONI Francis

Que se passe-t-il la nuit derrière les portes des services de psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand ? Un infirmier a accepté de nous raconter ce métier un peu hors norme.
Esprit es-tu là ? Plus vraiment. La nuit pas plus que le jour. Voire moins. « L’obscurité angoisse. Mon travail consiste à apaiser, à aider à trouver le sommeil, pour passer la nuit la plus calme possible. Comme le jour, je suis dans le soin mais pas dans le traitement, la stimulation… ». 
Lui, c’est Jean (*), infirmier « depuis longtemps » au CHU de Clermont-Ferrand. En psychiatrie. « Je ne me suis jamais vu faire autre chose. J’ai toujours été passionné par la santé mentale, ce lien particulier de soignant à patient ». 

Un souvenir freudien

 16/02/2017





Devenu en 1876 The Journal of Nervous & Mental Disease (qui paraîtra jusqu’en 2003), The Chicago Journal of Nervous & Mental Disease a marqué la presse psychiatrique outre-Atlantique. Comme les archives de ce journal sont numérisées, il nous a paru intéressant d’effectuer une plongée dans le numéro que pouvaient lire les psychiatres, en janvier 1917. Parmi les articles alors disponibles, nous avons particulièrement remarqué la critique de l’essai de Freud sur Léonard de Vinci, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci.

mercredi 1 mars 2017

Après deux drames, un médecin incite à « libérer la parole pour éviter les suicides »


Par Cyril Masure28-02-17

Deux cadavres ont été découverts la semaine dernière sur le littoral, entre Le Touquet et Stella, puis au Portel. Il semble que les victimes se trouvaient dans une profonde détresse. Un médecin du service psychiatrique du CHRU de Lille explique comment repérer les personnes aux tendances suicidaires et comment les aider.

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Pierre Grandgenèvre explique que des drames sont évitables
Le D r Pierre Grandgenèvre explique que des drames sont évitables

L’homme trouvé au Touquet s’est donné la mort. Celui du Portel aussi, selon toute vraisemblance. Le Dr Pierre Grandgenèvre, du service psychiatrique adulte du CHRU de Lille, fait partie du programme Papageno (qui œuvre à la prévention des suicides) et explique que des drames sont évitables.
– Comment repérer une personne qui a des envies suicidaires ?
« Le plus souvent, il y a plusieurs facteurs, très liés, qui apparaissent à la suite d’une accumulation de problèmes : un changement récent de comportement, des gens qui vont arrêter le sport, ou qui vont arrêter de sortir. D’une façon générale, des gens qui vont s’isoler. Et parfois, montrer une certaine irritabilité. Il y a aussi des symptômes dépressifs : une perte de goût, des difficultés à se concentrer, une tristesse inhabituelle, un manque d’envie. Il peut aussi y avoir une tendance à consommer plus d’alcool ou de produits toxiques. »


Bon sauveur : le futur projet d'établissement inquiète les salariés

01/03/2017 



Représentants syndicaux CGT et Sud et membres du comité d'entreprise du Bon sauveur dénoncent les restrictions budgétaires./Photo DDM, Marie-Pierre Volle
Représentants syndicaux CGT et Sud et membres du comité d'entreprise du Bon sauveur dénoncent les restrictions budgétaires./Photo DDM, Marie-Pierre Volle

Les syndicalistes CGT et Sud du Bon sauveur tirent la sonnette d'alarme quant aux conséquences des restrictions budgétaires sur le projet d'établissement. Le directeur donne aussi sa version.
Les syndicats CGT et Sud (1) du Bon sauveur ont fait part hier de leurs inquiétudes sur l'avenir de la psychiatrie en général et plus en détail sur les conséquences qu'entraînent les restrictions budgétaires imposées par l'ARS (2) sur le fonctionnement de l'établissement albigeois. Le directeur Gilbert Hangard, lors de la cérémonie des vœux 2017, n'avait pas caché la situation plaçant même la nouvelle année sous le signe des «économies».


Neurochirurgie : quand les médecins opèrent l'âme

Par Eric Favereau — 

A l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, en 2007.
A l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, en 2007. 
Photo Joel Saget. AFP

Attention, sujet tabou. Triturer le cerveau, quelle horreur ! Dans nos têtes, il y a toujours ces images infernales du film Vol au-dessus d’un nid de coucou, où Jack Nicholson se fait lobotomiser et perd ainsi toute vitalité. Doit-on s’arrêter là, et tourner la page ? C’est de fait, la question qui court dans ce livre, joliment appelé la Chirurgie de l’âme, qui raconte l’histoire de la neurochirurgie, d’hier et d’aujourd’hui.
La chirurgie de l'âme
Peut-on opérer le cerveau comme n’importe quel autre organe ? «Condamner sans appel l’idée même d’opérer le cerveau pour soigner le mental reviendrait à adhérer à un dualisme naïf entre le corps et l’esprit, qui est contredit quotidiennement par l’observation clinique des effets des lésions cérébrales, écrit avec justesse, dans la préface, le professeur Lionel Naccache, référence pour tout ce qui touche à l’imagerie du cerveau, membre aussi du Comité consultatif national d’éthique. A l’inverse, adhérer de manière inconditionnelle à la primauté de la neurochirurgie pour soigner des affections dont on ignore encore aujourd’hui les mécanismes intimes signerait une attitude scientiste critiquable.»

Le suicide assisté d’un Italien tétraplégique en Suisse relance le débat sur la fin de vie en Italie

Ariel F. Dumont
| 28.02.2017
« C’est une honte, pas un seul parlementaire a le courage de défendre une loi pour aider les personnes qui souffrent et doivent aller mourir à l’étranger dans les pays qui le permettent contrairement à l’Italie ». Ces mots ont été adressés aux parlementaires italiens par Fabiano Antoniani, ce lundi 28 février au matin, avant de mourir.
À la suite d’un accident de la route en 2014, cet Italien plus connu sous son nom de scène DJ Fabo, devient aveugle et tétraplégique à l’age de 36 ans. Se sentant condamné à une « non vie sans fin », à la mi-janvier, Fabiano Antoniani envoie un message- vidéo au président de la République, Sergio Mattarella, pour lui demander de le laisser mourir.

« Non, la déradicalisation n’est pas un échec ! »

LE MONDE  | Par 




On conviendra aisément qu’il importe au plus haut point de savoir ce que nous faisons lorsque nous entreprenons des actions qui ont pour enjeu l’avenir de notre société. Les traitements de ce qu’on appelle « radicalisation » relèvent certainement de cette portée et de cette exigence. Il n’est pas étonnant, dès lors, que les sénatrices Esther Benbassa et Catherine Troendlé aient voulu, le 21 février, à la fin de la session parlementaire, introduire dans le débat de l’élection présidentielle la question de l’évaluation des dispositifs de prise en charge de la radicalisation. C’est ainsi, du moins, que je comprends leur initiative de présenter une « note » qui a pour objet « un bilan d’étape » concernant la mission d’information dont elles sont les rapporteures.

Je ne m’attarderai pas sur les limites intentionnelles et réelles de ce rapport, tout en restant dans l’attente de la suite. En revanche, j’engagerai la discussion sur un point majeur concernant l’expérience la plus importante que le gouvernement ait lancé à travers l’ouverture du centre de Pontourny, en Indre-et-Loire, en septembre 2016. Ce centre a fait l’objet d’un dénigrement déchaîné par les acteurs politiques locaux et par certains médias. Le bilan d’étape n’en a pas atténué les charges, injustes de mon point de vue.

On n’a pas besoin de disserter longuement sur l’inquiétude de la population après les attentats sanglants que nous avons connus pour expliquer les craintes qui se sont exprimées dans la commune de Beaumont-en-Véron à propos de ce centre. Le contexte de désillusion, voire de désespoir, de la politique fragilise les idées, les acteurs, les projets et promeut la délectation de leur décomposition. La hâte de conclure, sans le temps de voir ni de comprendre une expérience qui avait à peine trois mois lorsque le déchaînement des détracteurs a commencé, fait partie du climat émeutier que nous vivons.

Protection de l’enfance : « C’est grâce au foyer que ma vie va bien »

LE MONDE  | Par 



Quand une assistante sociale chargée de la protection de l’enfance l’a appelée, cette mère n’a pas compris qu’on voulait lui parler de sa propre fille. « Je suis tombée des nues », se souvient Aline, 47 ans (tous les prénoms ont été modifiés). Sonia a 13 ans à l’époque. C’est la conseillère principale d’éducation du collège qui a envoyé une information préoccupante à son sujet au département du Val-de-Marne, responsable de l’Aide sociale à l’enfance. « Cette femme, je l’ai détestée sur le coup, mais maintenant je la remercie, témoigne Sonia, aujourd’hui âgée de 22 ans, qui poursuit des études d’infirmière. C’est grâce au foyer que ma vie va bien. »

Mère et fille sont assises côte à côte sur le canapé du salon de leur petit appartement HLM. Entre elles le ton monte souvent, mais c’est une habitude. Elles ont accepté de témoigner ensemble, alors que la ministre des familles, Laurence Rossignol, doit annoncer mercredi 1er mars le premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants.

Sonia n’était pas ce que l’on appelle en général une enfant battue. « Elle trouvait que j’étais dure, reconnaît cependant la mère. Je lui donnais des tapes sur les mains quand elle faisait des bêtises… » Sa fille l’interrompt. « Arrête ! Quand j’étais petite tu m’en mettais des pas mal ! » Aline revendique une « rigueur » héritée de son enfance en Côte d’Ivoire, d’où elle a émigré à l’âge de 19 ans. « On était 12 enfants mis en compétition, raconte-t-elle. Mon père mettait des torgnoles et disait rarement bravo. »


« L’ASE a vu ma détresse »


Mais avec Sonia, peine perdue. À l’âge d’entrer au collège elle ne supporte plus aucune autorité. « Je n’allais pas en cours, je parlais mal à ma mère, je sortais », égrène-t-elle. Divorcée depuis 5 ans, Aline élève seule sa fille. Elle est aide-soignante. « Les journées étaient longues, après je m’écroulais, se souvient-elle. Je n’arrivais plus à la canaliser. L’ASE a vu ma détresse. » Un éducateur suit Sonia. Quand elle a 16 ans, il propose un placement en foyer, avec l’accord de la mère.

Humiliation, exploitation... le calvaire des étudiants à l’hôpital

LE MONDE  | Par 

Service des urgences du CHU de Limoges, en 2014.
Service des urgences du CHU de Limoges, en 2014. PASCAL LACHENAUD / AFP

Humiliation, déshumanisation, exploitation… La formation des soignants à l’hôpital peut parfois ressembler à une « descente aux enfers ». C’est cette maltraitance au cœur d’un lieu pourtant consacré aux soins qu’ont accepté de raconter une centaine d’élèves infirmiers, aides-soignants ou internes en médecine dans Omerta à l’hôpital (éditions Michalon, 320 pages, 21 euros), de Valérie Auslender, médecin généraliste attachée à Sciences Po. L’ouvrage sort en librairie jeudi 2 mars.

De façon anonyme, tous exposent la façon dont ils ont pu se voir interdire d’aller aux toilettes, de s’asseoir ou de déjeuner, comment ils ont été victimes de harcèlement moral, d’abus de pouvoir, de violences verbales ou physiques, ou encore de sexisme.

Longjumeau : les urgences sous le choc après le suicide d’une infirmière

 Florian Loisy   28 février 2017




Une infirmière qui a pris des médicaments dans la réserve, 
s’est suicidée en plein travail aux urgences de l’hôpital de Longjumeau. 
(LP.)


La quinquagénaire, qui effectuait sa première journée en tant qu’intérimaire à l'hôpital de Longjumeau (Essonne), a été retrouvée dans les toilettes. 

U
ne infirmière a été retrouvée inanimée le 17 février dans les toilettes réservées au personnel des urgences de l’hôpital de Longjumeau. Les analyses et les premiers éléments de l’enquête de police ont confirmé cette semaine qu’il s’agirait bien d’un suicide. Cette quinquagénaire effectuait sa première journée en tant qu’intérimaire dans ce centre hospitalier.


Le mystère du cerveau humain

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Membres fantômes, vision aveugle, autisme… Les lésions du cerveau en révèlent le fonctionnement. Pour Vilayamur Ramachandran, l’anatomie permet ou permettra d’expliquer ce qui nous fait hommes : le langage, la conscience de soi, la créativité, la culture, et jusqu’au sens esthétique. Mais à trop vouloir démontrer…

Publié dans le magazine Books, octobre 2011. Par Colin McGinn


Etudier le cerveau est-il un bon moyen de comprendre l’esprit ? La psychologie est-elle à l’anatomie du cerveau ce que la physiologie est à l’anatomie du corps ? La marche, la respiration, la digestion, la reproduction sont en effet étroitement liées à des organes distincts ; il serait mal avisé d’étudier ces fonctions indépendamment de l’anatomie. Pour comprendre la marche, il faut regarder ce que font les jambes. Pour comprendre la pensée, faut-il, de même, regarder les parties du cerveau impliquées ?
V. S. Ramachandran, directeur du Centre du cerveau et de la cognition de l’université de Californie, à San Diego, répond oui sans hésiter. Son travail consiste à scruter la morphologie du cerveau pour tenter de saisir les processus de l’esprit. Il reprend ainsi à son compte la formule de Freud « l’anatomie, c’est le destin », à ceci près qu’il a en tête la morphologie du cerveau, pas celle du reste du corps.
On perçoit d’emblée la difficulté de cette approche : la relation est loin d’être en l’espèce aussi claire que pour le corps. On ne peut se contenter d’observer ce qui fait quoi. Bien que dépourvu d’os et formé de tissus relativement homogènes, le cerveau a bien une anatomie. Mais comment se projette-t-elle dans les fonctions psychiques ? Existe-t-il des aires dédiées à des facultés mentales spécifiques ou bien le lien est-il plus diffus, de nature « holistique » ?
Le consensus actuel décrit une forte spécialisation de l’anatomie cérébrale – jusqu’à la perception fine de la couleur, de la forme, du mouvement –, mais aussi une marge de plasticité. La façon dont un neurologue comme Ramachandran explore le lien entre le morphologique et le psychologique consiste surtout à examiner des cas pathologiques : des patients ayant des lésions dues à une attaque, un traumatisme, une anomalie génétique, etc. Si la lésion d’une aire A entraîne la perte de la fonction F, alors A est (ou est probablement) la base anatomique de F. La méthode consiste à chercher à saisir le fonctionnement normal de l’esprit en examinant le cerveau anormal (1). Comme si nous nous efforcions de comprendre un système politique en analysant la corruption et l’incompétence – une façon de faire un peu oblique, peut-être, mais pas inconcevable. La méthode se juge au résultat.
Ramachandran aborde un nombre considérable de syndromes et de problématiques dans son livre. L’écriture est généralement limpide, pleine de charme ; le texte est dense, mais avec ce qu’il faut d’humour pour alléger les exposés théoriques. Chercheur inventif et infatigable, Ramachandran est une figure de premier plan dans sa discipline. Dans le genre, c’est le meilleur livre que j’ai lu, pour sa rigueur scientifique, son intérêt et sa clarté – même si certains passages seront jugés ardus par un non initié.
Il commence par le membre fantôme, la sensation qu’un membre amputé ou manquant reste attaché au corps. Sans égard pour la victime, il peut choisir de se mettre dans une position douloureuse. Le médecin touche le patient en différents endroits, déclenchant des réactions normales ; puis il touche son visage, éveille des sensations dans sa main fantôme, et peut retrouver la carte complète de ce membre absent sur le visage. Pourquoi ? Parce que, dans la strate du cortex appelée gyrus postcentral, les aires qui gèrent les influx nerveux en provenance de la main et du visage sont mitoyennes. Si celle-ci est amputée, une sorte d’activation croisée se produit et les signaux venus du visage envahissent l’aire destinée à cartographier la main.

mardi 28 février 2017

Hospitalisation après urgences : le profil des patients

28.02.2017
Qu’est-ce qui motive les 25 % d’hospitalisations décidées après accueil aux urgences ? Les statisticiens du ministère de la Santé ont mené l’enquête sur une journée donnée. Le premier constat relevé sur le mardi 11 juin 2013 est plutôt rassurant sur le fonctionnement du système de soins : ce sont l’âge et la gravité qui expliquent le recours à une hospitalisation. Ainsi, relève la Drees « plus de la moitié des patients de plus de 75 ans sont hospitalisés dans un service après leur passage aux urgences. »
L’état de santé explique aussi le choix d’un parcours institutionnel post urgences. De ce point de vue, dans le quarté de tête figurent les patients qui arrivent avec une paraparésie d’un membre dont les trois quarts sont hospitalisés, ceux souffrant de dyspnées (66 %), suivis des personnes arrivées inconscientes (51 %), et de celles fébriles (47 %). Viennent ensuite les motifs psychiatriques qui, quatre fois sur dix sont transférés dans un service ad hoc.