Les séries, films, voire documentaires sur le monde médical et la profession infirmière sont souvent critiqués par les professionnels de santé car ils sont généralement bien loin de la réalité du terrain. Raphaëlle Jean-Louis, infirmière diplômée d'État, souhaite changer la donne au travers de son premier long-métrage « Diplôme délivré(e) », en cours d'écriture, qui suivra les (més)aventures d'une étudiante en soins infirmiers. Rencontre.
Peu de films abordent la réalité du quotidien des infirmiers. C'est pourtant le défi que va tenter de relever Raphaëlle Jean-Louis, IDE âgée de 28 ans et passionnée de cinéma. La jeune infirmière enchaîne actuellement les contrats à durée déterminée et profite de son temps libre pour s'atteler à l'écriture du scénario de son premier long-métrage « Diplôme Délivré(e) » qui mettra en scène une étudiante en soins infirmiers.
Une fiction pour montrer le quotidien des soignants
Le court-métrage « Le dernier arrêt », de Raphaëlle Jean-Louis,
a été primé au festival TurboFilm à Reims en 2014.
a été primé au festival TurboFilm à Reims en 2014.
Raphaëlle a préféré le long-métrage au documentaire car elle souhaitait écrire son scénario en toute liberté.
J'ai envie de mettre des touches d'humour, de l'amour, de la sensibilité, de la sincérité… De plus, il existe déjà pas mal de documentaires sur le sujet, et peu, voire pas de fictions, constate-t-elle.
Cette fiction n'en sera pas moins réaliste, garantit Raphaëlle.
Au travers de « Diplôme Délivré(e) », Raphaëlle souhaite montrer
le beau métier des soignants (aides-soignants, infirmiers), des agents hospitaliers, des cadres de services et l'évolution d'un étudiant dans cet univers car tous ont un rôle indispensable. Comme elle le souligne :
toute l'équipe fait tout pour assurer le fonctionnement d'un service, la prise en charge du patient pour son bien-être total, la formation des étudiants sur le terrain, tout cela souvent dans l'urgence due aux conditions de travail de plus en plus déplorables. Pour couronner le tout, la reconnaissance n'est pas souvent de mise. Pas question donc pour Raphaëlle de prendre des pincettes pour raconter le quotidien des soignants et les conditions de travail délétères que va découvrir une étudiante jeune et sans expérience.
C'est ce qui fait la force de ce film, assure Raphaëlle. Un regard jeune et neuf, avec des idées et concepts sur le métier d'infirmier, va être confronté à la dure réalité du terrain.
Un stage comme élément déclencheur
Raphaëlle Jean-Louis pense à la réalisation de ce film depuis plusieurs années déjà, mais c'est une expérience de stage qui a été l'élément déclencheur.
J'ai passé d'excellents stages, indique-t-elle, mais qu'on le veuille ou non, chaque étudiant a forcément croisé des services et soignants qui les ont laissés perplexes. Le film n'a pas pour objectif de pointer du doigt tel ou tel service, mais simplement de ne pas passer sous silence certains faits. Je ne veux pas rester silencieuse, je veux que l'on nous écoute. Et d'ajouter :
il ne faut pas oublier que les soignants d'aujourd'hui ont été les étudiants d'hier et les étudiants d'aujourd'hui sont les soignants de demain. Si ceux qui ont souffert restent dans le silence, nous ne pourrons jamais régler certains problèmes qui persistent dans les services. L'organisation et les moyens financiers sont les premières causes du mal-être des soignants. Un mal-être qui se reporte parfois sur les étudiants et patients. Ce n'est la faute de personne, mais si nos conditions s'amélioraient, nous pourrions assurer le bien-être du cadre de service, du soignant, des étudiants et de celui qui nous réunit, le patient. Ministère des Affaires sociales et de la Santé si tu nous entends…