La Réunion 17 janvier 2016
Jean François Reverzy Psychiatre honoraire des hôpitaux
Le maloya dans son histoire, dans ce qu’il incarne pour les réunionnais est une danse sacrée, d’amour et de libération de tous les esclavages. En cela il est aussi thérapeutique..Il est chant et danse de liberté.
La psychiatrie incarne elle, pour tous, l’enfermement : l’internement et les procédures qui l’accompagne. La folie dangereuse. Les asiles psychiatriques et les plantations esclavagistes se ressemblent. Pour les citoyens, une unité d’hospitalisation en psychiatrie (rebaptisée faussement santé mentale) est rarement thérapeutique. Ses pratiques : hospitalisation par violence, violences hospitalières, abus médicamenteux, isolement, traitements de chocs etc.. sont le plus souvent iatrogénes plus que thérapeutiques. L’interne-ment en psychiatrie c’est la mort : Mort psychique des patients, mort des potentiels soignants. Il y a donc une véritable et (espérons le) incons- ciente provocation a avoir nommé une telle unité Maloya.
Il existe cependant aussi un autre paradoxe : celui de l’exaltation commune de la folie qui a animé et anime acteurs et amateurs du jazz et de toutes les formes de musiques de la modernité : celle ci est positivée et devient - comme quelquefois la drogue un critère de succès. Alors pourquoi donc avoir autant peur de la folie de l’autre - de celle que l’on enferme ?