Par Stéphane Marchand 29 mars 2015
Verra-t-on un jour éclore l’intention suicidaire chez un homme à l’aide d’un simple test ?
Pourra-t-on un jour déceler la dépression aussi facilement qu’un rhume ou une rage de dents? Verra-t-on un jour éclore l’intention suicidaire chez un homme à l’aide d’un simple test ? Ces questions mobilisent les laboratoires depuis des décennies mais depuis le geste d’Andreas Lubitz, le pilote aux commandes de l’Airbus de Germanwings, elles sont à nouveau dans tous les esprits. Et mieux vaut être prévenu : les vrais progrès, une fois écartées les promesses des charlatans, sont lents, chaotiques et décevants.
En juillet 2014, à la Johns Hopkins School of Medicine (Baltimore), l’équipe du professeur Zachary Kaminsky avait mis en exergue le SKA2, un gène exprimé dans le cortex préfrontal du cerveau, une zone impliquée dans l'inhibition des pensées négatives et le contrôle des comportements impulsifs. Il a constaté que chez les personnes ayant commis un suicide, ce gène était présent en quantité réduite par rapport aux cerveaux sains. Le gène est spécifiquement chargé d’aider les récepteurs des hormones du stress à faire leur travail dans les noyaux des cellules. Sans SKA2, ou avec des SKA2 altérés, le récepteur de l'hormone du stress est incapable de bloquer la libération de cortisol dans le cerveau. Or on sait que le cortisol est libéré de façon anormale chez une personne suicidaire. A quand un test fiable fondé sur le SKA2 ?
A l’université Mc Gill de Montréal, le chercheur Naguib Mechawar explore pour sa part la piste des astrocytes, des cellules cérébrales en forme d’étoiles. Les astrocytes font partie des cellules dites « gliales » dont la fonction est de nourrir, de renforcer et de protéger les neurones. Cette fois, nous sommes dans le cortex cingulaire antérieur, une zone du cerveau où se logent le contrôle de l’humeur et la prise de décision. Après examen post mortem des cerveaux de personnes suicidées, Mechawar a constaté que les astrocytes sont plus grandes, avec plus de branches.