Les contraintes sont toujours censées venir d'ailleurs : des autres, d'Amérique du Nord, de l'industrie... Elles brutalisent les aidants et les aidés, les travailleurs sociaux et les « travaillés » par le social... Qu'en est-il du « sujet » qui perd sa souveraineté aujourd'hui, qu'il soit dans un Foyer, en prison, à l'école, à l'hôpital, au pôle Emploi, ou devenu une ombre silencieuse dans les rues ? Pris dans la tourmente d'une activité professionnelle dite « contrainte » par des réalités institutionnelles nouvelles, les acteurs d'aujourd'hui sont soumis à des injonctions paradoxales répétées : principe de précaution et obligation de prendre des risques par exemple. Les « demandes » évoluent, réponses rapides et résultats exigés. La technologie confondue avec la science incite à demander la maîtrise de la maladie, la mort, la sècheresse, les inondations, le chaud, le froid, l'angoisse... La rationalité des contraintes et des mesures rassure certains, tandis que d'autres défendent le « tout subjectif » sans mesure et sans compte-rendu. Le social est-il encore un travail ? Y a-t-il encore des travailleurs sociaux ? Ce numéro rassemblera témoignages et approches de ces réalités par ceux qui les vivent et ceux qui essayent de les penser.
Trois jours après l'annonce du projet de loi du gouvernement conservateur espagnol limitant fortement l'interruption volontaire de grossesse, et qui annule la loi de 2010 qui autorisait l'avortement jusqu'à quatorze semaines de grossesse et jusqu'à vingt-deux en cas de malformation du fœtus, continue de provoquer des remous. Si ce texte est approuvé par le Parlement, où le Parti populaire (PP) détient la majorité absolue, l'avortement ne sera plus un droit et ne sera autorisé qu'à deux conditions : en cas de viol ou de grave danger pour la mère.
De nombreux opposants au texte dénoncent un retour en arrière de trente ans, le pays revenant de fait à une législation datant de 1985. « Un retour au passé », titre d'ailleurs El Pais, dans son éditorial du 21 décembre :