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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 23 mars 2011

Lune gibbeuse ou pleine, brune ou rousse, blanche ou noire, elle intrigue !
19 mars 2011



Vous l’avez vu tous les jours depuis une semaine, l’astre de nuit était présent durant la journée d’ailleurs cette photo a été prise à 14H le 16 MARS à Saint Martin. Cela s’explique du fait de la distance particulièrement ‘courte’ entre la terre et la lune dont la  position est au plus près de la Terre : périgée à 356 530 km

Ce soir, la lune sera non seulement pleine, mais apparaîtra aussi plus grosse de 14 % et plus brillante de 30 % que normalement.

La NASA rapporte la date de  1993 pour trouver une pleine lune aussi près de la Terre !

La légende de la lune :

On peut s’interroger sur le fait que l’association entre loup-garou et la Lune (symbole de chasse et du mystère) ne soit pas plus ancienne. Mais, au XVIIe siècle, lorsque l’on prétendait que les loups-garous envahissaient l’Europe, on préféra certainement croire qu’ils étaient les signataires de pactes avec Satan et le fruit d’obscures incantations de magie noire plutôt que les victimes involontaires de cycle lunaire.

Aujourd’hui, les loups-garous ont bien entendu rejoint le peuple des lutins dans les contes et légendes mais il faut croire que le mythe est tenace dans l’inconscient collectif puisque l’on croit encore que la pleine Lune modifie le comportement humain.

Cette conviction s’est révélée suffisamment forte pour pousser certains chercheurs à tenter de trouver une corrélation entre les cycles lunaires et les suicides, les meurtres ou les dépressions nerveuses. Certains intellectuels fantastiques ont même été jusqu’à nommer ce phénomène “l’effet Transylvanie”.

Du psychologique au physique

Mais les résultats de ces études, certes passionnantes, ont été jusqu’à présent peu convaincants. En 1978, un article paru dans The Journal of Clinical Psychiatry (Le Journal de la Psychiatrie clinique) intitulé Agressivité chez l’homme et cycle lunaire synodique a provoqué une volée de réactions en affirmant que “Statistiquement, il y a une augmentation des cas d’homicides et d’agressions au moment de la pleine Lune… On soupçonne l’existence d’un rythme biologique de l’agressivité humaine en résonance avec le cycle lunaire”.

Pour les scientifiques américains James Rotton, Roger Culver et Ivan Kelly, une simple “méta-analyse” de la littérature parue sur le sujet les a amenés à démentir cette idée toute faite. En 1996, ils ont publié un article dans la revue canadienne Skeptical Inquirer, titré The Moon Was Full and Nothing Happened (La Lune était pleine et il ne s’est rien passé). Selon les auteurs : “Les phases de la Lune ne représenteraient pas plus de trois centièmes de 1 % de la variabilité des comportements qualifiés de “folie”, un chiffre trop minime pour être d’une valeur ou d’une signification réelles. “

Une réserve confirmée par le spécialiste français en chronobiologie (science de l’étude des rythmes biologiques touchant les processus vitaux d’un organisme vivant), Marc Schwob. Pour l’auteur de l’ouvrage Être au top à chaque heure (Éditions Hachette, 1998), aucune enquête n’a pu clairement confirmer un effet de la Lune et les recherches les plus sérieuses rendent des résultats contradictoires. Il rapporte ainsi les résultats d’une étude américaine paris en 1967 : le suivi des maternités de New York entre 1948 et 1957 a démontré une recrudescence des naissances dans les jours précédents et suivants la pleine Lune. Uns seconde étude menée par le même auteur sur autant de nouveau-nées entre 1961 et 1963 montra une diminution des naissances durant la période de pleine Lune ! Bref, rien de bien concluant.

Concernant le nombre de crimes et le taux de suicides imputables à la pleine Lune, “il y a, selon Marc Schwob, une évidente contradiction entre les statistiques et ce qui est constaté chaque mois à cette période par les professionnels, notamment les policiers et les infirmières d’asiles psychiatriques”.

Mais si les nuits de pleines Lune sont redoutées dans les urgences et chez les personnels en charge de psychotiques, comment peut-on expliquer un décalage entre l’observation empirique et les données statistiques officielles ?

Pour la plupart des médecins, les statistiques sont menées sur des périodes trop courtes et sur des éventails de populations insuffisants. Ils assurent qu’il est inconcevable qu’un astre si proche ayant une incidence directe sur les marées ne puisse pas avoir d’influence sur la physiologie de l’être humain.

Quoi qu’il en soit, depuis des temps immémoriaux, en admirant cette splendeur d’argent par une nuit sans nuages, le cartésien même le plus ardent devra reconnaître que la Lune semble nourrir de sombres mystères qui ne se dissiperont peut-être pas au grand jour.

Profitons d’elle car la Lune réclame son indépendance. Des mesures effectuées au laser sur la distance Terre-Lune révèlent que le satellite s’éloigne progressivement de notre planète à raison de 3,8cm par an (soit un éloignement de 10 % de sa distance actuelle au bout d’un milliard d’années). Se sentirait-elle mal-aimée de la Terre ? Certainement pas puisque des milliers d’yeux se sont tournés vers elle lorsque, le 11 août 1999, elle s’est placée dans l’alignement du Soleil pour l’éclipser.

dimanche 20 mars 2011

Psychiatrie: le rapport qui accuse
18/03/2011
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce, dans un avis que s’est procuré «Libération», l’hospitalisation sous contrainte.
Par ERIC FAVEREAU

«Nous disons que tout cela est insupportable.» Les mots sont durs. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, est pourtant un homme posé, conseiller d’Etat de formation. Il va faire paraître au Journal officiel un avis sur l’hospitalisation d’office en psychiatrie (télécharger ici le document au format PDF), et une recommandation sur l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (télécharger ici le document au format PDF et lire cet article), deux textes que Libération a pu se procurer.

Constat terrible. Leur parution intervient au moment même où le Parlement débat d’un projet de loi qui vise à étendre encore les mesures de contrainte pour les malades mentaux. «Nous ne parlons pas dans le vide, argumente Jean-Marie Delarue. Depuis deux ans, nous avons visité plus d’une vingtaine de lieux d’hospitalisation psychiatrique. Ce ne sont pas de simples visites. Nous arrivons à l’improviste, nous restons, nous regardons tout.» Le contrôleur général des lieux de privation de liberté lâche : «Au regard des droits de l’homme, la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» Avec, en arrière-fond, un mal typiquement français : le législateur fait des lois, mais les droits qu’elles sont censées garantir ne sont pas accessibles.


C’est sur la question centrale de l’hospitalisation d’office qu’a planché le contrôleur. En vertu de la loi de 1990, les préfets peuvent, sur le fondement d’un certificat médical, faire admettre à l’hôpital des personnes, contre leur gré, «atteintes de troubles mentaux et qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public». Cette mesure, supposée exceptionnelle, est appelée «hospitalisation d’office» (HO). Elle peut être renouvelée, sans limite de temps. «Le malade en sort lorsque le médecin psychiatre, qui estime la sortie possible, la propose au préfet, lequel décide ou non la mainlevée de l’hospitalisation d’office», note Jean-Marie Delarue.


Droits formels.
Le législateur avait donc recherché un équilibre, entre le médical et l’administratif.
Mais «aujourd’hui, quatre éléments mettent en cause gravement cet équilibre». D’abord, note l’avis, dans de très nombreux cas, les droits formels du patient ne sont pas respectés. Exemple : «On interdit la plupart du temps au malade d’avoir recours à un avocat. On lui dit, certes, qu’il peut saisir un juge, mais sans lui donner l’adresse, ni le lieu. Les formulaires qui lui sont fournis sont illisibles. L’accès à ses possibilités de recours n’est pas possible», s’étonne le contrôleur.


Deuxième point qui noircit le paysage de la psychiatrie : «C’est le grand retour de l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» Cela n’est pas sans aberration : dans un même service de psychiatrie, les patients en hospitalisation libre sont contraints de vivre comme les autres, c’est-à-dire reclus, «en totale contradiction avec leur situation», note Jean-Marie Delarue. «Les portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont en effet fermées à clef. Les patients, qui sont là librement, ne peuvent sortir, même pour se promener dans un parc, ni pour se rendre dans une cafétéria, ou participer à un office religieux.» Et de préciser : «Ces restrictions ne sont pas sans incidence sur la vie des malades et sur les relations avec leurs proches.» En d’autres termes, la logique de l’enfermement tire tout le monde vers le bas.


Troisième point : les sorties d’essai. Depuis des années, c’était une pratique essentielle pour permettre à un patient en HO de commencer à se réhabituer à la vie hors les murs. Le médecin responsable signait alors un certificat, qui était ensuite, la plupart du temps, validé par le préfet autorisant la sortie. Depuis le meurtre à Grenoble en novembre 2008 d’un étudiant par un patient en fugue, les préfets ont peur. Une crainte renforcée par une circulaire de 2010, signée par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, rappelant leur responsabilité directe. «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués à sortir régulièrement, en sont interdits.»


Attaché. Dans le même ordre d’idée, les levées de HO, décidées par le préfet, sur demande du médecin, sont de plus en plus difficiles. «Aujourd’hui, le préfet hésite, demande une expertise, mais il n’a pas d’argent pour la faire. Au final, cela traîne des mois, voire des années»,lâche Jean-Marie Delarue. Des patients sont ainsi retenus, sans aucune justification médicale. «Le préfet fait ce qu’il veut au nom d’arguties juridiques qui ne sont pas opératoires.»

Quatrième point : la situation des détenus qui bénéficient de l’article D 398, permettant à l’autorité préfectorale de placer un détenu en hôpital psychiatrique. Voilà des personnes incarcérées qui sont en crise. Le médecin de la prison demande qu’ils soient hospitalisés, et le préfet peut transformer leur incarcération en hospitalisation d’office. Mais là encore, c’est d’abord le parapluie que l’on ouvre. «Le préfet craint, par-dessus tout, l’évasion. Il traîne. Alors qu’il y a urgence, cela peut prendre jusqu’à deux semaines, alors que la personne est en crise aiguë.» Pendant cette crise, le détenu reste en cellule. Quand il arrive enfin à l’hôpital, il est mis systématiquement en chambre d’isolement, durant tout son séjour. Parfois, il est même attaché, sans discontinuer, pendant deux semaines. Résultat ? «On ne leur donne pas les soins appropriés à leur état, cela est absolument inadmissible. Nombreux sont ceux qui préfèrent retourner en prison, car en prison au moins ils peuvent avoir des visites, ou bénéficier de promenades.»


De fait, c’est tout un monde caché que fait entrevoir le contrôleur général, un monde où les droits élémentaires des personnes ne sont pas respectés. Et dans ce monde-là, «ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques», conclut Jean-Marie Delarue.

La préfecture de police dans le collimateur

Jean-Marie Delarue demande la fermeture de l’infirmerie psychiatrique rattaché au préfet.
Par ERIC FAVEREAU

C’est un immeuble banal. Quatre étages, une façade qui aurait besoin d’être rénovée. Sur un côté, un panneau indique : «Accès pour le public.» Mais il n’y a jamais de public. Dans le quartier, il y a peu de mouvement. Au bout de la rue vivait Georges Brassens.


Nous sommes devant le numéro 3 de la rue Cabanis à Paris. Accolée à l’hôpital Sainte-Anne, trône l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (IPPP). Fermée à tous visiteurs. L’équipe du contrôleur général des lieux de privation de libertés est allée la visiter. Longtemps. Et pour la première fois dans l’histoire de ce lieu, ce représentant officiel, totalement indépendant, demande la fermeture de l’IPPP et son transfert dans une structure classique de soins. Une mesure hautement symbolique, car toucher à l’IPPP, c’est toucher à la sacro-sainte préfecture de police de Paris.


[Télécharger ici au format PDF l'avis du contrôleur général des lieux de privation de liberté et sa recommandation sur l'IPPP]


Agités.
Créé en 1872, l’IPPP est devenu un lieu mythique, sous la tutelle de la préfecture. C’est là que, via les commissariats de quartier, sont amenées des personnes interpellées dans la rue, pour leurs comportements agités ou violents. C’est le seul lieu de ce type en France : dans toutes les grandes villes, la personne arrêtée est soit incarcérée, soit transférée dans un hôpital pour décider d’une éventuelle hospitalisation d’office.


Chaque année, près de 3 000 personnes sont enfermées pour quarante-huit heures à l’IPPP. Sans la moindre présence d’un tiers. Elles sont examinées, traitées pour certaines, et parfois hospitalisées d’office. Dans sa recommandation, le contrôleur pointe l’extrême ambiguïté du lieu : «Sans remettre en cause la qualité intrinsèque avec laquelle les personnels de l’établissement exercent leurs fonctions, les contrôleurs ont vivement regretté la confusion des rôles résultant d’une tenue uniforme entre personnel de surveillance et personnel soignant.» Un peu plus loin :«Le dispositif entretient le doute sur la distance entre considérations d’ordre public et considérations médicales.» Enfin, surgit cette interrogation de bon sens : «Mais pourquoi l’appréciation compétente d’une situation pathologique a-t-elle des liens avec une institution de police ?»


Hospitalisation.
Dans ses réponses, la préfecture se défend, notant qu’elle prend en charge des patients violents. «Mais en tout état de cause, seuls 41% des patients sont placés après leur séjour dans l’établissement en hospitalisation d’office : par conséquent, tous ne sont pas violents», répond le contrôleur. Qui ajoute : «Les centres hospitaliers de droit commun assurent des prises en charge de même nature. A Paris, les hôpitaux accueillent un nombre bien supérieur d’urgences psychiatriques que l’IPPP.»


D’où cette conclusion : «Il est recommandé au gouvernement de mettre dès qu’il sera possible le transfert des moyens de l’IPPP au dispositif hospitalier de droit commun.»


La folie concerne tout le monde
14/03/2011
Tribune
Par Un collectif d'artistes

Un ouvrier peut être fou, un patron, ça va de soi. Une femme peut être folle, un homme n’en parlons pas. Un administrateur, un banquier, un fonctionnaire, un artiste, peuvent être vraiment fous. Quant aux hommes politiques, personne n’en doute (et passe l’image de Kadhafi, qui en recouvre bien d’autres, bien d’autres). Un bébé peut être fou, un adolescent, une femme de 30 ans, un homme très âgé, un mourant.


La folie traverse toute la société. Est-ce à dire que la folie est un virus, qui se refile, qui se transmet ? On essaie de nous faire peur en avançant ce genre de notion et de catégorie matraque comme «schizophrène dangereux». Mais la folie est un possible pour tout être humain, et il faut prendre les mots au sérieux. Est «fou» ce qui est «pas normal», et aussitôt la question rebondit : «normal» c’est quoi ? Qu’est-ce que c’est, vivre normalement ? Accepter la réalité ? Quelle réalité doit-on accepter ? Jusqu’où faut-il accepter la réalité ? Est-ce que vouloir changer la réalité, c’est être fou ? Pour Sigmund Freud, la santé mentale, c’est être suffisamment névrosé pour tenir compte de la réalité, et suffisamment psychotique pour vouloir la transformer.


En somme, la folie questionne la société tout entière et chacun en particulier. Or la démocratie est un régime où la norme est, peut être, sans arrêt questionnée, remise en cause, c’est un régime qui reconnaît, en principe, les conflits, et permet, en principe, leur élaboration. Le conflit va toujours avec de l’angoisse, et on peut refuser le conflit par peur de l’angoisse. Mais, à ce moment-là, on choisit : zéro angoisse (croit-on), zéro risque, zéro pensée, zéro vie. Et, sous le calme plat, la violence de l’ordre, de ce qui semble normal (à qui ?) à un moment donné (lequel ?). Est-ce normal de faire travailler les enfants ? De travailler cinquante heures ? De travailler à la chaîne ? Et la démocratie est toujours gravement menacée par le suivisme de la norme, par le conformisme, la convention. C’est une vraie menace parce qu’il y a une vraie possibilité de destruction : on n’a pas le choix, il faut penser, agir, de telle façon et non de telle autre, il faut surtout ne pas penser et ne rien faire. Zéro conflit, zéro vie. Le conformisme, c’est une façon d’intérioriser la répression et la peur. Big Brother vous surveille, et vous êtes d’accord.


Et le conformisme va toujours avec une vision naturaliste, déterministe, explicative, définitive, fermée. On est comme ci ou comme ça parce que : la famille, la catégorie sociale, les gènes, la biochimie. Mais il n’y a pas de «nature» humaine, prendre au sérieux l’être humain c’est tenir compte du possible, de la folie, c’est prendre au sérieux que certains voient des géants là où d’autres ne voient que des moulins à vents, que certains voient une baleine blanche là où d’autres ne voient rien, que certains voient un cafard à la place du fils… ou des nénuphars dans le ciel… ou des cieux de toutes les couleurs, etc. La réponse à ces «folies» peut évidemment être, et a souvent été : le ridicule, le feu, le bûcher, l’enfermement, l’opération, la lobotomie, la camisole chimique, l’abandon pur et simple.


Les 39 contre la Nuit sécuritaire appellent à manifester le 15 mars contre un projet de loi qui va dans le sens de la répression, de l’intériorisation de la norme, de la mise à l’écart de la folie comme dimension humaine. Nous y serons.


Signataires
 : Leslie Kaplan écrivaine, Nurith Aviv cinéaste, Lise Beaulieu monteuse, Raymond Bellour écrivain, Fréderic Léal écrivain, Rosie Pinhas-Delpuech écrivaine, traductrice, Guy Girard réalisateur, Frédérique Loliée metteuse en scène, Paul Otchakovsky-Laurens éditeur, Claude Régy metteur en scène, Joshka Schidlow critique de théâtre, Xavier Person écrivain, Elise Vigier comédienne et metteuse en scène et Catherine Weinzaepflen écrivaine.


Soins psychiatriques : "un texte criminalisant "

Mercredi soir, l'émission Ça vous regarde sur La Chaîne Parlementaire (LCP), en partenariat avec leJDD.fr, s'intéressait au projet de loi "relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge" actuellement débattu à l'Assemblée nationale.

Pour Paul Machto, psychiatre et membre du Collectif des Trente-Neuf, ce texte "est une charpente sur un seul axe : la criminalité des malades mentaux ce qui est une aberration". "Il s'agit essentiellement d'apporter une réponse de soins à des personnes qui sont aliénées", a pour sa part estimé le député UMP du Pas-de-Calais, André Flajolet. "Cette loi, c'est de faire exister la psychiatrie dans sa complexité", a renchéri Jean Canneva, le président de l'Unafam (Union Nationales des Amis et Familles de Malades Psychiques).

Émission à voir ici


ASSEMBLÉE NATIONALE

Droits et protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques

La séance publique ; Les comptes rendus ; Compte rendu provisoire de la séance

Avertissement : version provisoire réalisée à 15:05

Deuxième séance du mardi 15 mars 2011

Présidence de M. Marc Laffineur,
vice-président
M. le président. La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)

Droits et protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques

Discussion d’un projet de loi

M. le président.
L’ordre du jour appelle la discussion du projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge (nos 2494, 3116, 3189).


Je vous rappelle que la Conférence des présidents a décidé d’appliquer à cette discussion la procédure du temps législatif programmé, sur la base d’un temps attribué aux groupes de vingt heures.


Chaque groupe dispose des temps de parole suivants : le groupe UMP, cinq heures quinze minutes ; le groupe SRC, sept heures dix minutes ; le groupe GDR, quatre heures vingt-cinq minutes ; le groupe Nouveau Centre, trois heures dix minutes ; les députés non inscrits disposent d’un temps de quarante minutes.


En conséquence, chacune des interventions des députés, en dehors de celles du rapporteur et du président de la commission saisie au fond, sera décomptée sur le temps du groupe de l’orateur.


Les temps de parole qui figurent sur le « jaune » ne sont en tout état de cause qu’indicatifs.


La parole est à Mme Nora Berra, secrétaire d’État chargée de la santé.


Mme Nora Berra,
secrétaire d’État chargée de la santé. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les députés, la réforme qui est proposée aujourd’hui à votre examen relève d’un domaine très sensible humainement et médicalement car il concerne des personnes souffrant de troubles mentaux. Il s’agit d’un sujet douloureux, qui doit mettre notre pays à la hauteur de ses responsabilités. Je tiens d’ores et déjà à souligner la qualité des travaux parlementaires, et à remercier tout particulièrement le rapporteur Guy Lefrand pour l’investissement si important dont il a fait preuve.


Vous le savez : les troubles mentaux touchent un cinquième de la population française.

Lire la suite ici

Projet de loi psychiatrique: c’est l’âme qu’on assassine
Société

16/03/2011

CAROLE ZALBERG
, Ecrivain. Auteur de « l’Invention du désir » (Les éditions du Chemin de fer, 2010)  
Seule une petite poignée de lettres sépare «hospitalité» d’«hospitalisation», deux termes nés d’une même nécessité, déclinant un même geste: l’accueil. Selon les manifestants réunis le 15 mars devant l’Assemblée nationale, le projet de loi qui y était examiné le soir même met à mal cette notion partagée. Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire ainsi que les syndicats de l’ensemble de la profession, quelques patients et associations de familles de patients s’étaient donc rassemblés pour crier, chanter, mimer leur totale opposition à ce texte reposant, à leurs yeux, sur une mystification. Là comme ailleurs, il s’agirait d’attiser les peurs, de distiller l’idée d’un danger et, face à lui, d’instituer une réponse unique consistant essentiellement à contraindre, à mater. Une illusion, dénonçait le collectif devant une foule somme toute clairsemée et déjà convaincue.

L'élan qui a présidé au projet de loi «relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge» prend racine dans un amalgame entre folie et criminalité, distord en ce sens les chiffres, les données, le contexte professionnel, bref le réel. Au lendemain de faits divers certes tragiques mais isolés, au nom d’un péril aux contours flous, on rogne sur la liberté, on étend le fameux principe de précaution, cette maladie de notre temps. Plus précisément, on glisse de la notion d'hospitalisation sous contrainte à celle de soins sous contrainte. Résultat : le patient peut être soumis à une surveillance jusque dans son espace privé.

Gomme chimique

En rendant possible l’obligation de « se soigner », même à domicile, on prend le risque de rompre le lien nécessaire et fragile entre le patient et la profession, qui ne serait plus là pour aider, mais pour faire respecter l’« ordre ». Par quels moyens administratifs, judiciaires, voire policiers ? Le texte ne le précise pas. Par ailleurs, l’institution d’un délai de 72 heures durant lequel on pourra maintenir l’hospitalisation d’office d’un malade sans statuer sur son état, sans se poser la question du bien fondé de l’internement permet une sorte de garde à vue sanitaire qui risque de se transformer en « contention chimique ». Mystification, affirment encore le collectif et tous les signataires de la pétition (plus de 20 000) : le traitement chimique, souvent utile, ne soigne pas. Il fait taire. La folie, martèlent les opposants au projet, ne se réduit pas à un danger qu’on pourrait éradiquer en soignant, sous la contrainte s’il le faut ; autrement dit, en effaçant à la gomme chimique son expression.

Selon Patrick Chemla, membre du collectif des 39, « on devrait interdire pour meurtre d’âme toutes les volontés d’abrasion du délire ». On le sait depuis des décennies, la folie dit l’homme, le révèle, l’invente autant que les manifestations de la norme et sans doute avec une plus grande vitalité, la puissance de tout jaillissement. La plupart du temps, le psychotique a besoin qu’on soigne sa souffrance, qu’on accompagne sa différence, lui aménage une place et non qu’on détruise ce qui le fait lui. Il a besoin d’être entendu et accueilli dans son intégrité, non qu’on le musèle, non qu’on le fasse disparaître ainsi qu’on s’y ingéniait aux temps obscurs des asiles et du confinement censé parer à la honte.

Discrédit

La relation psychiatre/patient est fondée sur la confiance. Elle s’épanouit dans un espace et une durée où s’échangera ce que chaque situation, chaque personne présente de singulier, où se déploiera ce qu’Hervé Bokobza, le porte-parole des 39 appelle « la poésie ». Dans l'enfermement systématique, la contention ou le traitement forcés et donc violents résident toujours une menace accrue d’explosion, de rupture brutale du lien. C’est aussi ce lien psychiatre/patient qu’on entame en confiant au juge des libertés, ainsi que l’a exigé le Conseil constitutionnel, le soin de valider toute prolongation de plus de quinze jours d’une hospitalisation d’office. On prétend protéger les droits de l’individu mais on insinue du même coup que le psychiatre n’est pas nécessairement bienveillant. Insidieusement, on invalide sa capacité à exercer son expertise dans l’intérêt du patient ou de l’ensemble de la société. Ou alors, il faudrait qu’il garantisse seul et parfois contre l’avis du préfet un illusoire et symptomatique risque zéro.

Bien sûr, on doit écouter le désarroi des familles de patients, leur besoin de prévenir autant que possible, de confier – de partager, donc – les interrogations, les doutes, les difficultés. On doit constater l’état de délabrement du système psychiatrique et l’inquiétude de la profession, qui attendait de ce texte une réflexion profonde, y voyait l’occasion d’une concertation d’autant plus nécessaire que les voix en sont multiples et parfois carrément dissonantes. Il y a quelque chose d’absurde et de tragique à voir le débat se poursuivre dans l’hémicycle avec la quasi-certitude de l’issue : l’adoption de ce texte confus, essentiellement sécuritaire, tandis que ceux qui devront le porter, l’appliquer y sont unanimement et farouchement opposés. On butte là, une fois encore, sur le mépris et l’arrogance devenus la marque de fabrique et, à mon sens, d’infamie du pouvoir en place.

Les Livres de Psychanalyse

Freud collectionneur
Michelle Moreau Ricaud

2
Février 2011
Ed. Campagne première

Le visiteur du cabinet de Freud à Londres (Freud Museum), ne peut que remarquer l’accumulation d’objets antiques. Freud collectionne rêves, mots d’esprit, lapsus… et antiquités. Michelle Moreau Ricaud analyse le rôle de cette passion dans l’invention de la psychanalyse et nous aide à comprendre, à travers l’étude de plusieurs figures de collectionneurs, tels que sir Thomas Phillipps, Balzac, Gatian de Clérambault, les ressorts du désir qui les anime.

Psychanalyste, docteur en psychologie clinique, membre du Quatrième Groupe, chercheure associée au centre « Psychanalyse et Médecine » (univ. Paris Diderot-Paris7), Michelle Moreau Ricaud est secrétaire scientifique de l’Association internationale d’histoire de la psychanalyse, membre de la Société médicale Balint, présidente de la Maison Sándor Ferenczi-Paris. Elle a publié Cure d’ennui. Écrivains hongrois autour de Sándor Ferenczi, Paris, Gallimard, 1992 ; Michael Balint. Le renouveau de l'École de Budapest, Toulouse, Érès, 2000, rééd. 2007, et a collaboré à de nombreuses revues françaises et étrangères.

Les Livres de Psychanalyse

La fonction du père et ses suppléances. Sous la plume des poètes
Liliane Fainsilber

2

  • De Boeck; Édition

  • 15 mars 2011

  • Collection : OXALIS


  • Présentation de l'éditeur


    Le père est là pour poser un interdit sur le corps de la mère mais son rôle ne se limite pas à cela. Il doit devenir un guide précieux et avertir sur les chemins de nos désirs. Il faut donc qu´un temps le père soit préféré à la mère comme étant celui qui détient le signifiant du phallus. Ce temps Lacan l´a nommé « père-version » ou version vers le père. Cette attirance pour le père ne peut s´effectuer que si la mère a été en quelque sorte dépossédée de ce qu´enfin de compte elle n´a jamais eu, un phallus imaginaire et si l´enfant a renoncé à venir combler ce manque de la mère, à être son objet phallique. Or ce qui rend possible ce renoncement c´est le cas que la mère fait de la parole du père. C´est donc la mère qui a cette lourde charge d´assurer ce transfert vers le père. Dans cette nouvelle version, le père peut ne pas être toujours à la hauteur. De là, la nécessité de venir étayer, conforter cette fonction paternelle défaillante. Les poètes ont l´art d´y remédier et devancent donc, à ce titre, les psychanalystes. Par la mise au monde de leurs oeuvres, les poètes nous démontrent ce qu´il en est d´une version vers le père réussie. Ainsi montrent-ils la voie de ce qu´on peut attendre de la fin d´une analyse. Dans une langue simple et précise, l´auteur décrit les défaillances de la fonction paternelle et ses suppléances, en prenant appui sur les écrits de poètes et écrivains, parmi lesquels Rilke, Kafka, Zola et Mallarmé. Avec trois fictions littéraires, « La légende de Saint Julien l´Hospitalier » de Gustave Flaubert, « Les Mémoires d´un névropathe » de Daniel Paul Schreber et « Le Roi des Aulnes » de Michel Tournier, elle étudie ce que Lacan a appelé les trois modes d´instauration de la fonction paternelle, dans la névrose, la psychose et la perversion. Ces approches littéraires explicitent les élaborations de Lacan sur l´œuvre de Joyce, qu´il a nommé « Joyce-le-symptôme ».

    A l'hôpital psychiatrique de Clermont, la crainte d'un virage sécuritaire


    E
    lle n'est pas seule à s'interroger à propos de la réforme de l'hospitalisation sous contrainte en psychiatrie : "C'est quoi la logique ? Sécuritaire ? Économique ? En tout cas, on ne voit pas ce qu'il y a de sanitaire", lâche Isabelle Le Boussard, cadre de santé.

    Qu'ils soient soignants, psychiatres ou administratifs, les personnels de l'hôpital psychiatrique de Clermont (Oise), l'un des plus gros de France, ont du mal à discerner quel impact la réforme de la loi de 1990, discutée le 15 mars à l'Assemblée nationale, aura sur le quotidien des malades.

    "Usine à gaz",
    l'expression revient en boucle. Un schéma du ministère de la santé qui montre les nouvelles étapes de la procédure de contrainte laisse perplexe. Avec ses flèches dans tous les sens, ses certificats et demandes d'expertise multiples, on comprend que le suivi des patients risque de tourner au casse-tête.

    A la question de savoir qui sera concerné par les soins sans consentement en ville, nul ne sait vraiment répondre. Sûrement les mêmes que pour les soins sous contrainte à l'hôpital, des schizophrènes, des patients souffrant de troubles du comportement ou ayant fait une tentative de suicide, et qui sont jugés dangereux pour eux-mêmes ou la société. Ou un public plus large, craignent les psychiatres ?

    Le problème des moyens est souvent pointé. "S'il n'y a pas plus de personnel, nous devrons consacrer notre temps à surveiller les malades placés sous contrainte en ville au détriment de ceux qui suivent librement nos activités et nos consultations. Ils iront mal et risqueront d'être placés sous contrainte", imagine Sylvie Nunez, cadre de santé au centre médico-psychologique de Pont-Sainte-Maxence.

    Côté administration, on s'interroge sur le contrôle de l'internement par le juge, rendu obligatoire par la réforme. Plus de 1 000 patients seront concernés chaque année. Y aura-t-il assez d'infirmiers pour les accompagner au tribunal de Beauvais, celui de Clermont ayant fermé ? Pour les malades non transportables, la vidéoconférence sera permise. La caméra ne sera-t-elle pas source d'angoisse pour les malades ?

    La question de la responsabilité de la direction, qui sera engagée au même titre pour les malades obligés de se soigner à domicile, interpelle aussi. Les psychiatres savent que pour leur directrice, Geneviève Mahari, la pression sera lourde.

    Tracasseries administratives

    Si la réforme inquiète autant, c'est qu'elle s'inscrit dans un contexte de virage sécuritaire de la psychiatrie. Depuis le drame de Pau, où en 2004 deux infirmières avaient été tuées par un malade, et celui de Saint-Egrève (Isère), où un étudiant avait été poignardé, en 2008, par un malade, les moyens attribués à la psychiatrie ont surtout servi à la sécurité.

    "Des caméras sont arrivées, on a des bips pour travailleurs isolés, et une équipe mobile de vigiles qui peut intervenir en cas de problème, il y a aussi des chambres d'isolement sécurisées. Si la peur n'envahit pas les esprits avec cela...",
    juge Luc Duserne, cadre de santé. Ce dernier craint que les nouvelles générations, moins formées à la psychiatrie, se montrent plus sensibles au discours sécuritaire, au détriment des soins : les jeunes infirmiers auraient ainsi plus facilement tendance à recourir au placement en chambre d'isolement en cas de tension avec les malades.

    Même au sein des familles, demandeuses de ces soins obligatoires hors hôpital, on émet des réserves. "On ne voudrait pas que la justice ou la préfecture prennent le dessus sur l'avis des soignants", dit Marie-Bernadette Beaulieu, qui représente les usagers. Les familles ont déjà des difficultés à faire sortir leur proche pour le week-end en raison de la multiplication des freins administratifs.

    Preuve que le souci sécuritaire pèse de plus en plus, Isabelle Montet, chef de service, tente en vain depuis trois ans de redonner sa liberté à un patient. L'homme a tué il y a dix ans, et avait été jugé irresponsable. Toujours en internement d'office, il a pris l'habitude d'alterner entre l'hospitalisation et séjour dans son appartement. Mais depuis 2008, la préfecture refuse toute sortie. "Il est prêt à quitter l'hôpital, je suis d'accord, mais il est coincé. Si ça continue, il pourrait développer des troubles du comportement."

    Ses confrères ont aussi des patients dont la sortie traîne en raison de tracasseries administratives. Ils s'en ouvrent au Dr Helluy, le président de la Commission médicale d'établissement. "Je n'ai jamais eu autant de contacts avec la préfecture", explique-t-il. Les psychiatres font avec. "On connaît les expressions indispensables pour faire aboutir un dossier : "pas de trouble grave à l'ordre public", et "pas de dangerosité"", dit Olivier Boitard, chef de service. Car les médecins le savent bien : il faut rassurer le préfet. En cas d'accident, eux restent, lui peut sauter.
    Laetitia Clavreul

    L'archaïque : création et psychanalyse
    du 1 avril 2011 au 2 avril 2011

    Après les colloques « Cliniques de la création », et « Les enjeux psychopathologiques de l'acte créateur », le nouveau colloque du réseau création fondé à Lyon concerne l'archaïque dans le processus créateur.

    Dans le champ artistique comme dans la clinique, la dynamique de l'acte créateur correspond à une réactualisation et à une transformation de l'originaire, dans la double perspective d'une élaboration du lien à l'objet primordial et de la réactualisation d'expériences primitives jusque-là impensables et irreprésentables.

    Dans l'oeuvre d'art comme dans les médiations artistiques, la mise en travail de l'archaïque consiste à donner une forme à l'infigurable, à faire advenir dans l'oeuvre le non encore
    advenu et à activer ainsi les principes organisateurs de la psyché.

    INTERVENANTS

    Eliane ALLOUCH (Paris 13), Patricia ATTIGUI (Paris X- Nanterre)
    Anne BOISSIERES (Lille 3), Anne BRUN (Lyon 2)
    Bernard CHOUVIER (Lyon 2), Albert CICCONE (Lyon 2), Michèle EMMANUELLI (Paris 5)
    Nilüfer ERDEM (Istanbul), Alain FERRANT (Lyon 2), Guy GIMENEZ (Aix)
    Victor GUERRA (Montevideo), Christian GUERIN (Nîmes)
    Jean GUILLAUMIN (Lyon 2), Philippe GUTTON (Aix), Jacques HOCHMANN (Lyon 1)
    Florian HOUSSIER (Paris 5), Bernard JOLI (hôpital St Jean de Dieu)
    Alberto KINICHECKIS (Paris 5), Simone KORFF-SAUSSE (Paris 7)
    Alex LEFEBVRE (Bruxelles), Antoine MASSON (Namur), Yves MORHAIN (Lyon 2)
    René ROUSSILLON (Lyon 2), Jean-Marc TALPIN (Lyon 2)
    Daniele VIGLIETTI (Uruguay), Lourdes VILLAFANA (Montevideo)

    jeudi 17 mars 2011

    La spiritualité en psychiatrie
    23-02-2011


    Des aumôniers réalisent un travail à la frontière entre maladie et spiritualité.

    Reportage à Cery


    Les aumôniers Hervé Martin, Madeleine Lederrey et Hans Ruedi Meier
    Photo : bn

    La voix aérienne de Muriel* résonne dans l’église. Ses mains dansent avec virtuosité sur le clavier du piano. Un «Ave Maria» de sa composition remplit toute la chapelle bâtie au cœur du complexe hospitalier de Cery à Prilly. D’autres patients entrent dans l’église, accompagnés des deux aumôniers protestants, Madeleine Lederrey et Hervé Martin. C’est l’heure de la prière hebdomadaire.

    Le personnel de l’important hôpital de Cery compte trois aumôniers à temps partiel – un catholique, deux protestants. «Je reste toujours étonné par l’effet de la prière, confie Hervé Martin. Les patients se sentent apaisés, émus. Et pas seulement les chrétiens. Quand un musulman me demande de prier avec lui, j’utilise des mots qui nous sont communs, comme l’Eternel.» Son travail est fait de visites, d’entretiens, de groupes de parole et de recueillements. Le besoin spirituel est énorme en psychiatrie.

    Un temps d’échange suit la méditation. Sept patients et les aumôniers ont pris place dans l’espace salon au fond de la chapelle. Muriel se lance: «J’aime bien ce moment, je me sens protégée par Dieu. Dehors, la présence divine n’est pas la même.» La discussion démarre aussitôt. Thérèse*, hospitalisée pour quelques jours, n’est pas d’accord: «Dieu nous donne le soleil et la nature. Tout ce qu’on arrive à faire de mieux au quotidien, c’est grâce à sa présence.» Elle parle alors de sa tristesse d’être séparée de sa famille. «La maladie est-elle une punition de Dieu?» demande une personne du groupe. «Non!» «C’est possible.» «Oui, je crois qu’on est puni par Dieu.» Les réponses des patients fusent. L’aumônier laisse chacun s’exprimer. «Le but de Dieu, c’est notre bien», reprend Thérèse. Muriel acquiesce: «Aux yeux du Saint-Esprit, je suis saine d’esprit. Il défendra ma cause. Un jour, je serai guérie, je suis une battante.»

    «Je vais vous choquer, je suis athée», coupe une jeune femme qui avait gardé le silence. Noémie* raconte les maltraitances qu’elle a vécues enfant et demande pourquoi un Dieu bon a laissé faire. Des larmes perlent au coin de ses yeux. «J’aimerais bien pouvoir me raccrocher à Dieu, mais j’ai peur d’être déçue encore une fois. Je préfère m’accrocher à moi.» Thierry*, un patient d’une cinquantaine d’années, la regarde avec compréhension. Il a vécu des souffrances proches: «Tout n’est pas à cause de Dieu. Il n’a pas voulu que des gens vous fassent du mal, mais il a souffert avec vous. Il est de notre côté», affirme-t-il. La discussion a pris une tournure saisissante. L’aumônier la conduit avec professionnalisme. Noémie conclut: «Quand je ne suis pas en traitement, mon histoire est une cicatrice ouverte. Mais quand je vais bien, j’y vois du positif: elle m’a rendue plus forte.»


    Un rôle à part



    Les aumôniers se sont réunis dans leur bureau. «Les personnes qui viennent à Cery traversent un moment de fragilité et de crise, explique Madeleine Lederrey. Leurs repères sont bousculés. Il est important pour eux de donner du sens à ce qu’ils vivent et de se reconstruire.»


    La religion est-elle vraiment une aide ? «Ce qui est aidant, c’est de faire un cheminement spirituel, répond la pasteur. La foi dit la confiance que la vie peut être bonne. Nous sommes témoins de cette espérance. Nous accompagnons des gens qui se relèvent.» Les non-croyants sollicitent d’ailleurs aussi les aumôniers. «Il y a une spiritualité laïque, précise la pasteur. Parler des forces de vie de la personne, échanger sur le sens, c’est déjà spirituel.»

    Les aumôniers occupent une place particulière dans l’hôpital. Ils ne peuvent ni prescrire de médicaments, ni modifier le traitement d’un patient. «Notre impuissance crée une liberté qui ouvre des fenêtres inattendues. Les patients abordent librement certaines questions avec nous», se réjouit Hervé Martin, qui travaille également à l’hôpital de Nant.

    Les aumôniers font aussi entendre leur voix dans les paroisses. «Nous essayons de casser l’image négative de la maladie psychique. Le regard déconsidéré de la société rend l’hospitalisation plus pénible à supporter. Cela peut pourtant arriver à tout le monde et, de Cery, on en ressort !» souligne Madeleine Lederrey.
    G.D.

    * Prénom d’emprunt

    mercredi 16 mars 2011


    La Chine va promulguer une loi sur la santé mentale en 2011
      2011-03-11 xinhua
    La Chine projette de promulguer une loi sur la santé mentale en 2011, a annoncé jeudi un haut législateur en marge de la session parlementaire annuelle en cours.

     

    (APN, le parlement chinois)

    La loi va mettre l'accent sur la responsabilité du gouvernement en ce qui concerne non seulement le bien-être matériel des citoyens, mais aussi leur santé mentale, a déclaré lors d'une conférence de presse, Xin Chunying, la directrice adjointe de la Commission des Affaires législatives du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale .

    Les statistiques publiées par le Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies en 2009 montrent qu'en Chine, plus de 100 millions de personnes sont victimes de maladie mentale, dont 16 millions sont gravement malades.


    Les autres lois que le Comité permanent de l'APN envisage de promulguer cette année, comprennent la loi sur la contrainte administrative et la loi sur l'administration des entrées et sorties.


    Selon Xin Chunying, ces lois reflètent toutes les derniers développements sociaux, et pour améliorer son système juridique, la Chine va continuer à promulguer de nouvelles lois et réglementations afin de résoudre les problèmes sociaux émergeant.


    Les autres principes à respecter pour améliorer le système juridique comprennent selon elle la révision des lois et des réglementations existantes ainsi que des démarches afin de rendre celles-ci plus faciles à instaurer en promulguant des lois et des réglementations de soutien.


    Les lois qui vont être révisées cette année comprennent la loi sur le budget, la loi sur la Prévention et le Contrôle des Maladies Professionnelles, la loi sur la Procédure Pénale, la loi sur la Procédure Civile, entre autres, a détaillé Xin Chunying.


    La maison Arc en ciel, ouverte sur la société
    Par C. Roland

    L'association Arc en ciel à Marmande (47).


    Semaine de la santé mentale : zoom sur une maison où les malades, leur famille et des soignants se retrouvent.

    A Marmande, depuis deux ans, une structure singulière tente de faire un pont entre le monde des patients ou anciens patients psychiatriques et la société : c'est l'association Arc-en-ciel.

    Cet accueil est indépendant des structures psychiatriques est géré par d'anciens patients. Cette maison, ouverte, est fréquentée par une quarantaine de personnes, qui paient leur adhésion et financent leurs loisirs. Le loyer et les charges peuvent être assurés grâce aux subventions publiques.

    "C'est un outil d'intégration, de reconnaissance, aux yeux des gens qui nous entourent et de la société", explique Alain Martin, infirmier au sein de l'Arc en ciel.


    La structure est supervisée par des psychiatres bénévoles, comme le docteur Laure Dalmagne, psychiatre hospitalière de l'association : "c'est complémentaire de certains traitements au long cours, notamment de la psychiatrie institutionnelle, qui permet justement cette avancée du patient. En sortant de l'hôpital fermé, aller vers un hôpital plus ouvert et reprendre une place sociale."



    Voir la vidéo ici


    Près de 10 000 postes en moins dans les hôpitaux publics en 2009

    Les effectifs des hôpitaux publics sont passés de 762.790 en 2008 à 752.986 en 2009, a indiqué mardi la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui redoute que le mouvement se soit amplifié en 2010. «En dehors du secteur médico-social, plus de 9.800 emplois ont été supprimés dans les hôpitaux publics, dont près de 5.000 personnels soignants», a souligné dans un communiqué la FHF. Ces données n'incluent pas les effectifs de médecins. Les suppressions de postes en 2009 ont représenté «plus d'un départ à la retraite d'agent sur quatre» non-remplacé, a souligné la FHF. Ce chiffre «devrait encore croître en 2010 au vu de la contraction constatée de la progression des dépenses de personnel dans les comptes des hôpitaux publics», a-t-elle estimé.


    Saint-Gaudens. Inquiétudes sur la psychiatrie
    Jean-Jacques Dard

    14/03/2011

    L'hôpital de jour et les centres d'activités thérapeuthiques et médico-psychologiques./Photo DDM Jal
    L'hôpital de jour et les centres d'activités thérapeuthiques et médico-psychologiques./Photo DDM Jal
    L'hôpital de jour et les centres d'activités thérapeutiques et médico-psychologiques./Photo DDM Jal

    Quel avenir pour la psychiatrie ? Les représentants du personnel de l'hôpital de Lannemezan se disent inquiets. Jean-Francis Dupuy et Valérie Noël expliquent : « La psychiatrie de Lannemezan couvre les Hautes-Pyrénées mais aussi le Comminges. Les projets qui voient le jour mettent en péril la prise en charge des patients. »


    À la fin, de l'année deux autorisations arrivent à terme, poursuivent les deux syndicalistes : « La demande de renouvellement de l'autorisation d'exercer la psychiatrie a été refusée par l'agence régionale de santé, cette autorisation étant soumise à trois injonctions : installer des lits de psychiatrie dans les hôpitaux de Tarbes et Saint-Gaudens, établir un projet pour les unités d'hospitalisation de psychiatrie au long cours. La conséquence c'est la fermeture de 65 lits de psychiatrie. D'autre part, nous avons une convention avec 22 maisons de retraites du Comminges. Le projet prévoit la fermeture de l'unité de psychogériatrie qui a été créée en 1993. La conséquence c'est que les patients ne seront plus pris en charge par la sécurité sociale à 100 % ».

    La direction rassure

    Pour sa part, Alain Baqué, directeur de l'hôpital de Lannemezan, répond : « On ne supprime pas des lits mais on crée des moyens supplémentaires pour développer des soins actifs plus près des patients, deux centres de crise de 28 lits à Tarbes et Lannemezan et une hospitalisation de jour possible 7 jours sur 7 au lieu de 5 actuellement.

    Enfin, un hébergement des patients en appartements thérapeutiques va être proposé sur l'ensemble des Hautes-Pyrénées et du Comminges. Il n'y a donc aucune inquiétude à avoir ».


    Les délégués du personnel ne l'entendent pas ainsi : ils ont lancé une pétition et vont rencontrer les candidats aux élections cantonales. « Le conseil général a en charge le budget social, notamment concernant les personnes âgées. Et on est en train de transférer le domaine de la Santé vers ce secteur Social ».

    Psychiatrie : réforme où "déraison d'État"  ?

    Le projet de loi voulu par Nicolas Sarkozy sur les conditions d'internement en hôpital psychiatrique révolte la grande majorité de la profession. Un collectif d'intellectuels dénonce un projet de loi où « seul le trouble à l'ordre public est pris en compte ».

    A la veille de l'examen par l'Assemblée nationale du projet de loi modifiant les conditions de soins ou d'internement en hôpital psychiatrique, la tension monte. En quelques jours, la pétition lancée par le Collectif des 39 contre « la nuit sécuritaire » a recueilli près de 10 000 signatures. Et du côté de la profession, la potion est amère. On est aux portes d'une « réforme élaborée à la va-vite et qui n'agit que sur la peur » s'insurge l'Union nationale des psychiatres mobilisée depuis plus d'un an. « Avant d'en arriver à la loi de 1990 qui régit tout acte psychiatrique, nos concitoyens avaient mis 10 ans », rappelle Patricia Parry, psychiatre à l'hôpital Marchant. « L'actuel gouvernement a légiféré en 10 mois sur un sujet qui méritait une large consultation nationale ! » Qu'on le veuille ou non, la loi sur l'internement est une loi sur les libertés individuelles.

    À la demande d'un Nicolas Sarkozy, pressé d'en finir avec la question depuis le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental en fuite en 2008, le conseil des ministres a adopté le projet de loi le 26 janvier dernier. Dans ses grandes lignes, il prévoit la possibilité de soigner des patients sous contrainte, même quand ils ne sont pas hospitalisés. L'hospitalisation d'office est, elle, remplacée par les « soins sans consentement sur décision du représentant d'État ».

    Seul hic, « aujourd'hui, toute déviance, tout « trouble » est signe d'une maladie mentale : le handicap professionnel (chômage…), l'opposition, la délinquance sont devenus très officiellement des symptômes psychiatriques » explique Olivier Labouret, président de l'Union des psychiatres. Et d'ajouter : « Le durcissement des pratiques sécuritaires est très net et s'accélère : nombre de personnes n'ayant plus de troubles mentaux susceptibles de porter atteinte gravement à l'ordre public se voient refuser leur sortie de l'hôpital, au mépris du droit et de la clinique, uniquement par peur d'une récidive ! » Qu'en sera-t-il demain du jeune de 18 ans, diabétique, parti faire la fête avec ses copains avant de se retrouver à l'hôpital parce que trop imbibé et en état d'agitation intense - effet secondaire bien connu ? Une hospitalisation sous contrainte ? Un fichage pour troubles psychiatriques ? Un tiers de la population française souffre de troubles psychiques. Une manifestation est prévue devant l'Assemblée dès demain, jour de l'examen du projet de loi en séance publique.

    Le chiffre : 70 000

    Patients > Internés. En France, ils sont 70 000 patients à être internés dans des hôpitaux psychiatriques. 60 000 l'ont été à la demande de tiers, 10 000 ont été hospitalisés d'office.


    Loin de l'hôpital psy, ils sont citoyens dans la ville

    lundi 14 mars 2011

    À Nantes, des structures soutiennent, dans leur thérapie, des patients autonomes. Et leur permet une réinsertion en douceur dans la société.

    Reportage

    16 h, la partie de Pictionary se termine à la maison de quartier de l'île. Claire et Nicole viennent de partager un bout d'après-midi, oubliant leurs maux pendant quelques heures. Ces deux femmes souffrent de maladies psychiques. Autonomes, elles vivent dans leur appartement du centre-ville. Et fréquentent le centre d'accueil thérapeutique Philéas-Fogg de Nantes (1), qui maintient le lien avec l'extérieur et propose des activités.

    « Depuis que je viens, j'ai appris à me débrouiller toute seule, je suis moins timide »,
    confie Nicole. « Cela m'aide à sortir plus, à accepter les autres, ça me fait un plus dans ma vie. On discute, on apprend par quelles épreuves sont passées les autres, on n'est pas tout seul », témoigne Claire.


    « Ce centre d'accueil thérapeutique est l'une des alternatives à l'hospitalisation en psychiatrie »,
    appuie Claire Lesieu, cadre de santé. « Ici, nous ne sommes ni dans la contrainte ni dans l'urgence, mais pour réinsuffler du plaisir, du désir », explique Yannick Magendie, l'un des cinq infirmiers du centre.


    Sur indication médicale, les patients choisissent ou non de pousser la porte. Ils sont « relativement stabilisés », 80 % sont des psychotiques (schizophrènes) et 20 % ont des problèmes névrotiques (dépression, alcoolisme, addictions, etc.).

    « Le jour où ils sont décidés, nous sommes là »

    Chaque semaine, les patients suivis, une centaine, reçoivent le programme des animations. « Cette population souffre beaucoup, est très isolée socialement. Ce courrier reste très important pour eux, il montre qu'ils existent. Le jour où ils sont décidés, nous sommes là », souligne Soizic Tapon, qui travaille auprès d'eux à Philéas-Fogg. Bowling, randonnée, relaxation, atelier cuisine, cinéma, etc. : « Nous leur fixons rendez-vous dans différents lieux, des maisons de quartier, des musées, des médiathèques. L'objectif est aussi de déstigmatiser la psychiatrie dans la ville », note Sandrine Dumont, infirmière. Ils participent à des projets sur plusieurs mois, portés par des artistes, « des expériences valorisantes ». Christopher Barnett, poète, a mené avec eux des ateliers d'écriture qui ont donné lieu à une publication. « Un des objectifs, c'est aussi qu'ils franchissent le pas seul ensuite pour participer à une activité sans nous. » Pari gagné pour Nicole. Elle est devenue la coqueluche de la maison de quartier de l'île !

    Magali GRANDET

    Portrait d'Albert Dadas en "touriste pathologique"
    14.03.1

    Grâce au travail inspiré d'un jeune peintre suédois, Johan Furaker, le CAPC-Musée d'art contemporain de Bordeaux exhume une histoire d'homme et de psychiatrie datant de 1887, hors du commun en ce temps-là. De nos jours, elle serait banale.

    A cette époque, Philippe Tissié, un jeune interne en psychiatrie du service du docteur Albert Pitres à l'hôpital Saint-André de Bordeaux, tombe sur un patient "pleurant et se désolant sur son lit" : Albert Dadas. Depuis son lit d'hôpital, cet homme de 26 ans, employé occasionnel à la Compagnie du gaz de Bordeaux, explique au psychiatre sa passion impulsive pour la marche et les voyages, qu'il vit sous forme d'errance, souvent sans papiers, amnésique à chacun de ses retours.

    Pour les gendarmes, c'est un vagabond potentiellement dangereux. Pour les médecins, Albert Dadas est un "fugueur pathologique", le premier du genre diagnostiqué. Il sera même examiné par Charcot et Gilles de la Tourette. Pendant vingt ans, d'autres personnes seront diagnostiquées de la même maladie avant qu'elle ne disparaisse. Ian Hacking, philosophe canadien des sciences de la mémoire, auteur des Fous voyageurs, (éd. Les Empêcheurs de penser en rond, 2002), livre qui a inspiré Johan Furaker, parle de "maladie mentale transitoire". A cette époque, le voyage est encore réservé à une élite, aux poètes et romanciers.

    Aucun souvenir

    Le jeune Albert a fait sa première fugue à 12 ans. Adulte, il quitte souvent Bordeaux après des crises violentes de migraine. Il marche, vite - jusqu'à 70 km par jour - ou prend le train. En trente-cinq ans, entre les errances, les séjours à l'hôpital et sa vie bordelaise - il est marié et père d'une fille -, il va visiter des villes, les destinations touristiques de son époque : Paris, Vienne, Berlin, Constantinople, Moscou, jusqu'en Algérie. Comme seule la bourgeoisie avait le droit de parcourir l'Europe sans passeport, il est souvent rattrapé par la police locale et connu comme le loup blanc des ambassades et des hôpitaux.

    Son psychiatre va lui demander de conserver sur lui des documents, précisant qu'il souffre de "fugue hystérique" et habite Bordeaux, pour le faire renvoyer au plus vite dans sa ville natale. De ses pérégrinations, Albert Dadas ne ramène aucun souvenir. Ce déserteur de l'armée française ne se souvient de rien, sauf sous hypnose, en vogue à l'époque.

    Johan Furaker découvre cette histoire par hasard, pendant ses études à l'Académie des arts de Malmö. Ce trentenaire y consacre quatre ans de sa vie. Il est venu fouiller dans les archives bordelaises, où seules quatre photos noir et blanc de Dadas, le "touriste pathologique", subsistent. Les peintures et dessins sont hyperréalistes mais Furaker, dont c'est la première exposition dans une institution, ne cherche pas à traquer la vérité. Jusqu'au catalogue, dont la bonne idée consiste à coller soi-même les reproductions des toiles de l'exposition sur des zones blanches. "Le travail de Johan Furaker est hanté par l'idée de perte de mémoire", explique Alexis Vaillant, commissaire de l'exposition. L'histoire de Dadas est privée d'images, et devient une source sans fin d'interprétations. A l'heure du storytelling et du tourisme de masse, son travail a toute sa pertinence.

    "Le Premier Fugueur", de Johan Furaker au CAPC-Musée d'art contemporain, 7, rue Ferrère, Bordeaux. Tél. : 05-56-00-81-50. Jusqu'au 24 avril. Conférence sur Albert Dadas, d'André LeBlanc, professeur d'histoire des sciences à Montréal, et projection de "Paris syndrome" de John Menick, le 23 mars ; deux séances d'hypnose publiques, au CACP et dans un lieu inconnu, les 30 et 31 mars. Sur le Web : Capc-bordeaux.fr.
    Claudia Courtois

    "Une rénovation à la va-vite"

    Patricia Parry, psychiatre à l'hôpital Marchant (Hte-Garonne)

    Dans cette affaire, la dangerosité de l'individu est brandie comme un épouvantail. Qu'en pensez-vous ?

    Ce discours, tenu depuis 4 ou 5 ans par le pouvoir en place consiste à livrer un certain nombre de citoyens à la vindicte populaire. Je pense aux profs, aux magistrats… Dans notre cas, ce sont les malades mentaux et ceux qui s'en occupent. Ces derniers portant en prime, la qualification d'irresponsables. Pourtant, les chiffres le démontrent : 99 % des crimes commis en France le sont par des gens qui ne sont pas des malades mentaux.
    Sur le fond, qu'est-ce qui vous gène ?

    Depuis qu'elle existe, la psychiatrie a été régie par deux grandes lois. Celle de 1838 et celle de 1990.

    Deux à peine ! Chacun convient que légiférer sur une histoire de 150 ans vaut qu'on prenne le temps de réfléchir. Les rénovations érigées à la va-vite sous prétexte que demain, grâce à cela, on va régler les crimes une fois pour toute, la profession n'en veut pas. Si on veut que les assassins ne récidivent pas, qu'on les mette en prison à perpétuité. Or la société ne veut pas. Pour se dédouaner elle les bascule vers la psychiatrie et ouvre ainsi, la boîte de Pandore. Je n'ai pas envie d'avoir à traiter, demain, un voleur de sac de vieille dame ! Je n'ai pas envie non plus que l'internement d'un patient soit suspendu à une décision qui demain, ne sera pas partagée parce que n'importe qui pourra avoir un avis sur n'importe quoi ! Jusqu'à présent, le psy émet un avis clinique, le juge se prononce sur la forme et est garant des libertés et l'administration se charge de l'exécution. Le projet de loi, lui, mélange tout.

    Vous sentez-vous pris entre le marteau et l'enclume ?

    Être médecin en hôpital psychiatrique, c'est être responsable, savoir prendre ses patients en charge avec humanité, être capable de lever une hospitalisation d'office… C'est aussi beaucoup de certificats très compliqués et d'expertises demandées. Quel que soit le côté où l'on se place, nous sommes considérés comme d'effroyables libertaires, ou d'effroyables carcéraux.

    Un poulailler de 12 000 volailles au domaine de Prières - Billiers

    jeudi 10 mars 2011

    Serge Sourdril, responsable du secteur agricole, dans le nouveau poulailler du centre de réadaptation, qui accueillera 12 000 poules pondeuses.
    Au centre de réadaptation et de postcure de Billiers, chaque activité est un support de soins pour les stagiaires atteints de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Le but est de les rendre autonomes par le travail, dans les conditions réelles de production, adaptées, bien sûr, à leur situation.

    Alors, quand la mise aux normes du poulailler s'est avérée indispensable, il a fallu penser à tout. « L'activité des poules pondeuses, où les stagiaires apprennent à calibrer les oeufs, est l'une des premières du parcours, explique Serge Sourdril, éducateur technique spécialisé, responsable du secteur agricole. Elle est très valorisante parce qu'elle est facile à comprendre et les stagiaires sont tout de suite productifs. Ils voient l'utilité économique de leur activité ».

    Les œufs sont vendus au magasin du Domaine de prières, mais aussi sur le marché de Muzillac et dans des grandes surfaces locales. Les stagiaires s'occupent également de la livraison et de la vente.

    « Nous faisons partie d'une chaîne économique, nous devons aussi nous adapter au marché »,
    souligne Serge Sourdril. C'est pourquoi, pour tenir la route face aux autres élevages de poules pondeuses, la mise aux normes du poulailler s'est transformée en tout nouveau bâtiment. Les poules pourront marcher au sol et s'isoler pour pondre. Surtout, elles seront plus nombreuses : 12 000 au lieu de 4 400.

    Vendredi 11 mars,
    de 14 h à 17 h, inauguration du nouveau poulailler ouverte au public, centre de réadaptation et de postcure de Billiers, domaine de Prières. Entrée libre.

    La Commission européenne approuve le XEPLION(R) pour le traitement de la schizophrénie

    Mercredi 09 Mars 2011

    BEERSE, Belgique, March 9, 2011 /PRNewswire/ -- Janssen-Cilag International NV a annoncé aujourd'hui que le XEPLION(R) (palipéridone palmitate), un antipsychotique à injection mensuelle longue durée, a reçu l'approbation de la Commission européenne pour le traitement de la schizophrénie.

    La schizophrénie est relativement commune et la prévalence est similaire autour du monde. Le risque de souffrir de schizophrénie au cours de sa vie est estimé chez une personne sur 100, et semble être identique pour les hommes et les femmes jusqu'à l'âge de 60 ans.[1] La schizophrénie est une maladie mentale dévastatrice tant pour le patient que pour sa famille et ses amis, car cela détériore sérieusement la capacité d'une personne à penser clairement, communiquer avec les autres et agir convenablement en société. Bien qu'il n'y ait aucune guérison, beaucoup de personnes souffrant de cette maladie répondent bien aux médicaments antipsychotiques, qui constituent la base des traitements pour la schizophrénie.

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