Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé la suspension de la vaccination «par précaution», plus d’1,4 million de Français attendent leur seconde dose.
Un flacon d'AstraZeneca avant injection. (Irakli Gedenidze/REUTERS)
Question posée par Caroline, le 15/03/2021
La France a donc fini par emboîter le pas au reste de l’Europe lundi soir, annonçant par la voix d’Emmanuel Macron que le vaccin contre le Covid d’AstraZeneca serait suspendu «par précaution». Si un lien entre la vaccination et les thromboses n’est pas encore avéré, l’Agence européenne du médicament (AEM) doit se prononcer d’ici jeudi. Si la décision de l’AEM «le permet» alors la vaccination avec cette marque pourra «reprendre vite», a déclaré le Président.
En attendant, au 15 mars, 1 413 327 personnes ont reçu une première dose depuis le 26 février. Seules 69 ont reçu leur seconde dose, selon data.gouv. Que va-t-il se passer pour ceux qui attendent leur seconde injection ?
Immersion avec les patients-élèves du centre Soins-Etudes Pierre Daguet à Sablé-sur-Sarthe. Un dispositif innovant qui permet à des jeunes atteints de graves troubles de santé mentale de reprendre le chemin du lycée pour décrocher leur bac tout en étant hospitalisés à plein temps. C'est pour tous ces jeunes la dernière chance de ne pas décrocher et de rester "en vie !
Les Journées de la schizophrénie visent à raconter une maladie très stigmatisée qui touche pourtant presque 1% de la population mondiale. Visite du centre de recherche parisien qui travaille sur les causes de ces troubles psychiatriques.
La schizophrénie est une maladie qui touche près d'une personne sur 100 et elle est aussi fréquente dans tous les pays. L'OMS l'a classée parmi l'une des dix causes majeures d'invalidité dans le monde. Elle se déclenche au moment de l'adolescence et jusqu'à l'âge de 25 ans, environ. Bien que d'importants progrès aient été faits ces dernières années, on ne cerne pas encore totalement les causes génétiques de ces dérèglements cérébraux qui peuvent déboucher sur des hallucinations. D'ailleurs, la génétique n'explique pas tout, car à génome identique (chez les vrais jumeaux par exemple), le risque de développer une schizophrénie chez deux individus différents est de 50%. Il y a donc bien d'autres facteurs dits "environnementaux" ou "épigénétiques" que les chercheurs sont en train d'explorer. Tara Schlegel s'est rendue au groupe hospitalier universitaire Paris Psychiatrie et Neuroscience.
Trois types de comportement très caractéristiques
Le Dr Boris Chaumette nous reçoit dans l’immense et moderne bâtiment situé 102 rue de la Santé, sur le site de l’ancien hôpital Saint-Anne qui désormais a fusionné avec d’autres structures pour donner naissance, en 2019 au GHU Paris - le premier acteur parisien des maladies mentales. Le jeune psychiatre fait partie de l’équipe de Marie-Odile Krebs, l’une des équipes de recherche du site qui se consacre essentiellement à la découverte des causes de la schizophrénie et de ses traitements possibles.
La schizophrénie est une maladie aux symptômes variés, qui touche entre 0,7 et 1% de la population. Elle se déclenche dès l’adolescence, entre 15 et 25 ans, et se traduit, par trois types de comportements très caractéristiques que nous décrit Boris Chaumette :
Les effets des deux confinements sur la santé mentale se font ressentir. Hommes, femmes, jeunes ou moins jeunes, toutes les catégories sont touchées par une augmentation de l’anxiété ou des troubles du sommeil. Des Occitans se sont confiés sur leur mal-être pendant le confinement, qui les a menés à consulter un psychiatre.
Confinements, télétravail, école à la maison, l’année 2020 marquée par la pandémie de Covid-19 a été difficile pour bon nombre de Français. Ces mesures restrictives ne sont pas sans conséquences sur les équilibres psychologiques.
"On m’a dit 'Tu es maman avant d’être femme' "
Au téléphone, les voix se font hésitantes, le premier contact est frileux, "changez mon nom." demande Julien, la quarantaine, ancien gardien d’immeuble. Même chose du côté d’Anna, 28 ans, jeune maman. Mais petit à petit, les langues se délient.
Souvent, les symptômes d’un début de dépression se ressemblent : anxiété, sentiment de tourner en rond et perte du sommeil. Et alors, il suffit d’une phrase pour exploser. "Quand j’ai exprimé mon ras-le-bol de m’occuper de mon fils 24h/24, des gens de mon entourage m’ont répondu 'tu es mère avant d’être femme' " confie Constance, 25 ans, maman d’un garçon de 5 ans.
Paris, France — En santé, faut-il encore le répéter, les femmes ne sont pas des hommes comme les autres.... Or, la prise en charge médicale de la gente féminine est encore trop souvent calquée sur celle de leurs homologues masculins. Des avancées notables méritent toutefois d’être rapportées.
Des présentations cliniques différentes
La vulnérabilité des femmes à certains facteurs de risque est mieux connue.
On sait désormais que l’impact du tabac ou de l’alcoolsur la santé cardiovasculaire des femmes ou leur risque de cancer est majoré. Les stress et la charge mentale auxquelles elles sont particulièrement exposées sont aussi mieux reconnus comme pourvoyeurs de détresse psychologique et de pathologies somatiques.
Ces deux exemples sont révélateurs d’un état de fait : de nombreux diagnostics ont été décrits à partir de présentations cliniques exclusivement masculines.
Le stress et l’angoisse liés à la crise sanitaire et au premier confinement entraînent ces troubles chez une proportion croissante d’enfants. Au point que les capacités d’accueil en psychiatrie et addictologie sont dépassées.
« Pendant le premier confinement, je pensais toute la journée à la nourriture, je pesais chaque aliment, je regardais sans cesse des recettes », se souvient Irène (le prénom a été changé). L’étudiante, âgée de 20 ans, souffre d’anorexie depuis quelques années. « Les troubles se sont amplifiés pendant cette période, puis, pendant le deuxième confinement, l’hyperphagie et la boulimie ont remplacé l’anorexie », décrit la jeune femme, qui habite seule dans un petit studio. L’ennui est pour elle le déclencheur. Elle se sent souvent oppressée, dort mal, souffre de symptômes anxieux. Suivie à la clinique Béthanie, à Talence, près de Bordeaux, elle dit aller mieux aujourd’hui mais rester fragile.
par LIBERATION, Avec AFP publié le 18 février 2021
La Chambre basse a adopté ce jeudi à l’unanimité une proposition de loi socialiste qui fixe à 15 ans le seuil de non-consentement, 18 ans en cas d’inceste. Le gouvernement entend toutefois privilégier une autre proposition de loi issue du Sénat pour renforcer cette législation.
L'Assemblée nationale a adopté ce jeudi à l’unanimité une proposition de loi socialiste qui fixe à 15 ans le seuil de non-consentement, 18 ans en cas d’inceste. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP)
Un «interdit clair» aux auteurs de violences sexuelles sur mineurs. Sur fond de libération de la parole des victimes, l’Assemblée nationale a adopté ce jeudi à l’unanimité la proposition de loi PS sur les violences sexuelles sur mineurs, contre lesquelles le gouvernement veut durcir la législation. Ce texte visant les viols, agressions sexuelles ou incestes a été adopté en première lecture dans le cadre d’une journée dite de «niche», réservée au groupe socialiste.
Au Centre Soins-Etudes Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe, des élèves souffrant de troubles psychiques poursuivent leur scolarité avec courage. Leurs parcours se racontent dans un documentaire touchant de Réjane Varrod
Il et elles sont jeunes, entre 15 et 25 ans et nous apparaissent aussi divers que peuvent l’être leurs parcours de vie, mais avec un point commun : la maladie psychique et la fragilité qui en résulte les a éloignés de la scolarité. Ce n’est pas de vague à l’âme passager dont il est question ici, mais de douleur profonde, persistante, incapacitante. De handicap.
Cette douleur psychique insupportable qui fait qu’on se scarifie, pour qu’une douleur physique prenne le dessus, ou pour extérioriser ce que les mots ne savent pas dire. Ce sont aussi les idées suicidaires, les hallucinations, ou la dépression sévère, celle qui, comme l’explique Corentin filmé durant son année de terminale, fait que "tout devient compliqué à faire, se lever, s’habiller, voir des gens. C’est une sensation de vide, on ne ressent rien, et quand on ressent quelque chose, ce n’est que du mal-être." Ce sont encore des histoires familiales où rôde la mort brutale, ou le suicide d'un parent.
Le Centre Soins-Etudes Pierre Daguet de Sablé-sur-Sarthe est l’un des 13 établissements de ce type géré par la Fondation des Etudiants de France. Il accueille des patients des régions Pays de la Loire, Bretagne, Centre Val de Loire et du nord de la Nouvelle Aquitaine.
ENTRETIEN Les enfants, même tout petits, subissent durement les effets indirects de la pandémie de Covid-19. Une pédiatre et un pédopsychiatre sonnent l’alarme.
Les enfants ne sont pas épargnés par les effets de la pandémie de Covid-19. La professeure Christèle Gras-Le Guen, pédiatre et chercheuse en épidémiologie, est chef des urgences pédiatriques et du service de pédiatrie générale du CHU de Nantes. Elle préside la Société française de pédiatrie qui, depuis la fin du premier confinement, soutient la nécessité de maintenir les écoles ouvertes. Pédopsychiatre et chercheur, le professeur Richard Delorme dirige le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert-Debré (AP-HP, Paris). Dès le printemps 2020, il avait alerté sur les risques de la crise sanitaire et du confinement pour la santé mentale des enfants.
Tous deux ont fait partie du petit groupe de médecins spécialistes de l’enfance récemment auditionné par Emmanuel Macron. Entretien croisé.
Après Des Morts Entre les Mains, consacré au travail des employés des Services Funéraires de la Ville de Paris, La Chambre constitue le deuxième volet autour des travailleurs du funéraire et de la question de la gestion des morts en milieu urbain.
En France, la gestion hospitalière de l'après-décès est très peu connue. Et pour cause, cette activité met en avant la question troublante du rapport au corps lorsque les morts sont physiquement présents dans l’espace des vivants. Une question si troublante qu’elle est totalement passée sous silence et qu’elle se déroule dans une quasi-totale invisibilité. Nous suivons quatre employés dans leur travail, en huis clos dans cette chambre du dernier sous-sol de l'hôpital Bichat, au fond du couloir, après la buanderie et les pièces de stockage de matériel.
Christelle, Sophie, Djibril et Alexandre sont employés à la chambre mortuaire de l’Hôpital Bichat, à Paris.
Toute la journée, dans ce lieu isolé des autres services, ils prennent soin des patients qui viennent de décéder. Toilettes, maquillage, habillages, mises en bière, constituent le quotidien de ces travailleurs. Leur tâche : rendre présentables les défunts. Effacer la pâleur, les marques d'opération, les traces de souffrance, donner une apparence apaisée aux visages... masquer donc les stigmates de la mort. Sous l'œil exigeant et bienveillant de Yannick, leur chef de service, ils sont les garants du « bien-être » de ceux qui ne sont plus.
Un an après, l’invisibilité des défunts du coronavirus en France laisse leurs proches avec un vague sentiment de honte, abandonnés à un deuil bâclé.
Enterrement d'une victime du Covid, en avril dans le Haut-Rhin. (Sébastien Bozon/AFP)
La fête va commencer, et ils gênent un peu avec leurs habits de deuil mal assortis, leurs timides reproches, leur incompréhension de ce qui vient de se passer. Un an après le cataclysme du Covid-19, le monde veut parler vaccinations, réouvertures, dernière vague, passeports verts, rebond économique et immunité collective. Mais les morts sont là, sinon dans les mémoires au moins dans les statistiques officielles : 90 315 morts en un an en France, chiffre tellement effroyable qu’il accentue notre incompréhension. Car nous nous étions habitués à l’idée que nous contrôlons notre destinée, avec notre Etat-providence, nos avancées technologiques, notre système de santé incomparable, nos infrastructures modèles et nos sacro-saints principes de précaution, qui nous permettraient de ne plus être à la merci d’une catastrophe nationale ou mondiale. Illusion que cela ; et maintenant nous faisons face à ces centaines de milliers de Français endeuillés, à qui l’on a pris non seulement des êtres chers mais aussi la simple possibilité de pleurer leurs morts.
Le site parisien de l’association Emmaüs solidarité accueille et accompagne des femmes sans domicile fixe isolées, enceintes ou avec enfants. Depuis son ouverture, en mars 2020, ses 140 places ne désemplissent pas.
«Le patch, c’est comme la pilule, il faut le changer chaque jour?»interroge Badra. Cette Algérienne de 33 ans vit avec son fils de 11 ans depuis près de douze mois au centre d’hébergement d’urgencede la rue d’Aboukir, tenu par l’association Emmaüs solidarité. Ce jeudi après-midi, ce site du IIe arrondissement de Paris, dédiée aux femmes isolées enceintes ou avec enfants, propose un atelier sur la contraception. Attablées, les quatre participantes réagissent au «palmarès de l’efficacité des moyens contraceptifs». L’occasion pour la monitrice-éducatrice Valérie de rappeler : «Le meilleur contraceptif est surtout celui qui vous convient.» Un espace d’échanges et d’informations important. «Moi, le patch, je ne connaissais que pour les fumeurs. S’il y en a pour pas tomber enceinte, ça vaut le coup», note Badra, qui fait partie des premières résidentes de ce centre ouvert en mars 2020.
Cet ambitieux programme conçu dans la clandestinité va modeler le visage de la France d’après-guerre et créer un nouveau modèle social.
Les membres du Conseil national de la Résistance en août 1944 à Paris. (AFP)
Les seize hommes sont arrivés les uns après les autres dans un appartement au premier étage du 48 de la rue du Four aux volets clos. Chacun a été guidé jusqu’au lieu de rendez-vous séparément par une estafette. Ce 27 mai 1943, dans une France où la clandestinité des mouvements de résistance s’impose comme une nécessité vitale, toutes les précautions ont été prises pour assurer la sécurité de cette première réunion plénière du Conseil national de la Résistance présidé par Jean Moulin. Six de ces membres représentent les différents partis politiques, huit la résistance et deux les syndicats, la CFTC et la CGT réunifiée depuis 1943.
1,1 teratonnes : c’est la masse (approximative) de l’ensemble des vivants qui peuplent la Terre. C’est aussi la masse que l’ensemble des productions artificielles de l’homme vient d’atteindre et de dépasser, estiment les auteurs d’un article paru (en anglais) dans la revue Nature. Si la masse totale de la matière terrestre n’a quasiment pas changé depuis sa formation, les rapports entre matière minérale, matière vivante élaborée à partir du minéral par les premiers vivants (végétaux, notamment), et la matière artificielle, façonnée par l’homme, n’ont cessé d’évoluer. Et, si la masse du vivant est restée relativement constante depuis des siècles, celle de l’artefact connaît une croissance exponentielle depuis la révolution industrielle. Faut-il s’en inquiéter ? Oui, répond(rai)ent en chœur les philosophes Friedrich Georg Jünger, Jacques Ellul et Martin Heidegger: à leurs yeux, si nous ne parvenons pas à reprendre la main sur la technique, celle-ci ne cessera, jamais, d’étendre son emprise sur le monde.
Musique : la revigorante polyphonie occitane de San Salvador
La rencontre se passe sur un banc, dans un jardin public, par une fraîche après-midi de janvier. « La crise sanitaire a au moins le mérite de réhabiliter le banc public comme un lieu central de l’espace public de la sociabilité », philosophe Gabriel Durif, chanteur leader du groupe corrézien San Salvador. Un sextette vocal composé de trois filles et trois garçons trentenaires, dont le premier album, La Grande Folie, et ses emballantes polyphonies accompagnées de claquements de mains et percussions, chantées en langue occitane, vient de paraître.
La mise en ligne des « mémoires du travail » fait découvrir la micro-histoire de l’économie française, rapporte Antoine Reverchon dans sa chronique.
Chronique. Depuis le 24 février, les Archives nationales du monde du travail, sises à Roubaix depuis 1993, ont lancé leur nouveau site Internet qui met à la disposition du public, des enseignants et des chercheurs, 630 000 documents numérisés, des expositions virtuelles et des albums thématiques d’images, ainsi que des outils de recherche et des animations pédagogiques (jeux, visites virtuelles) permettant de profiter au mieux de cette véritable mine d’or. Essentiellement issues de fonds privés collectés auprès d’entreprises, de salariés et retraités, d’organisations syndicales et professionnelles, de comités d’entreprise et d’associations liées au monde du travail, ces archives documentent l’histoire de la vie économique et sociale de la France à l’échelon des faits micro-économiques et de leurs représentations. Cette dimension manque bien souvent dans le travail des économistes, dont le matériau essentiel demeure, surtout à l’ère du big data, les données statistiques agrégées, et dont l’outil principal est la modélisation mathématique.
Jeannette et ses madeleines, Marianne et ses rêveries amoureuses, Antonin et sa mère toute-puissante, Paul et ses listes… : chacune des histoires courtes réunies dans ce roman graphique met en scène une personne souffrant de mécanismes psychiques « dysfonctionnels », comme disent les psychiatres. Mais l’humour et le dessin de Claire Le Men racontent plutôt des histoires de folie douce, suggérant que « folie » ou « troubles » pourraient être acceptés comme de simples déviations, des mondes ou des fictions parallèles, vivant sur une logique singulière.
Les champignons hallucinogènes peuvent-ils constituer une alternative aux traitements psychiatriques? Mathias De Lattre s'intéresse à ces produits psychédéliques depuis une dizaine d'années quand il se demande s'ils ne pourraient pas aider sa mère, diagnostiquée bipolaire et dont l'état de santé se dégrade sans cesse. «Je ne pouvais continuer à assister à sa déchéance, raconte le photographe. Je devais essayer de trouver une solution pour la voir retrouver son vrai visage, sa personnalité, sa vivacité d'esprit, sa culture, sa spiritualité.» Pendant quatre ans, Mathias De Lattre va documenter cette médecine ancestrale. Son projet, intitulé Mother's Therapy, est programmé en ligne dans le cadre du festival Circulation(s), du 13 mars au 2 mai 2021.
Champignon, hôpital psychiatrique, 2012. | Mathias de Lattre / Circulation(s)
«J'ai commencé à m'intéresser aux psychédéliques, il y a une dizaine d'années. Notamment aux champignons dits hallucinogènes. Puis, je me suis documenté davantage pour approfondir mes connaissances sur cette médecine. Cette photo remonte à 2012, quand ma mère séjournait en hôpital psychiatrique. Mother's Therapy était encore loin d'être envisagé. J'avais alors en tête que les champignons hallucinogènes pouvaient aider ma mère, cette idée était d'autant plus vive dans mon esprit à la vue de son état, qui empirait avec les médicaments qu'on lui administrait chaque jour. Un jour, nous nous baladions en bordure de forêt autour de l'hôpital, et ma mère a ramassé ce chapeau de champignon et m'a proposé de le prendre en photo. Elle est particulièrement attirée par le monde aquatique et les lamelles lui rappelaient le corail. Après m'être assuré du potentiel des champignons dans le cadre d'une utilisation thérapeutique encadrée par des professionnels et spécialistes, j'ai abordé le sujet avec ma mère. Elle s'est montrée partante, d'autant plus que son psychiatre ne savait plus comment l'aider.»
La crise sanitaire voit nombre de praticiens devoir prendre des décisions inédites, engager leur responsabilité, faire face au doute. Mais ont-ils pour autant le droit à l’erreur ?
Paul Valéry fit un jour cette remarque (dans ses Propos sur l’intelligence) : « Si la médecine arrivait quelque jour, dans les diagnostics et dans la thérapeutique correspondante, à un degré de précision qui réduisît l’intervention du praticien à une série d’actes définis et bien ordonnés, le médecin deviendrait un agent impersonnel de la science de guérir, il perdrait tout ce charme qui tient à l’incertitude de son art et à ce qu’on suppose invinciblement qu’il y ajoute de magie individuelle. Il se rangerait tout auprès du pharmacien qui est placé un peu plus bas que lui, jusqu’ici, parce que ses opérations sont plus scientifiqueset se font sur une balance ».