Propos recueillis par Youness Bousenna Publié le 27 novembre 2022
Alors que la Miviludes célèbre lundi ses vingt ans d’existence, la psychologue et psychanalyste Delphine Guérard dresse un état des lieux du phénomène sectaire en France. Elle analyse les ressorts du processus d’emprise, en explorant le phénomène du côté des victimes comme des gourous.
Et si les victimes étaient, elles aussi, actives dans le processus d’aliénation qu’est l’emprise sectaire ? C’est l’hypothèse sur laquelle débouche la psychologue et psychanalyste Delphine Guérard dans son récent ouvrage L’Emprise sectaire (Dunod, 208 pages, 24 euros).
Spécialiste d’un phénomène sur lequel elle travaille depuis vingt ans, notamment au sein du réseau associatif et de la Miviludes, cette experte judiciaire près la cour d’appel de Paris se fonde sur des rencontres avec des maîtres de sectes et des victimes pour saisir la mécanique psychopathologique à l’œuvre dans ces phénomènes extrêmes, qui sont loin d’avoir disparu, même s’ils prennent des formes différentes.
Comment a évolué le phénomène sectaire ces dernières années ?
La forme moderne des sectes est apparue dans les années 1960 avec l’essor de nouvelles religiosités et l’individualisation des croyances, où l’authenticité du choix personnel de l’individu est mesurée à l’aune de l’intensité de son engagement. C’est dans ce paysage que se sont implantées un certain nombre de sectes coercitives.