Le HuffPost | Par Annabel Benhaiem
ÉDUCATION - C'est
un témoignage rare et tragique. Les parents d'Émilie, victime de harcèlement
scolaire et qui s'est suicidée en janvier, ont donné l'autorisation de publier
le journal intime de leur fille au journal La Voix du
nord.
On peut y lire des phrases terribles, typiques du mal-être dû au
harcèlement scolaire. Ce journal a été découvert après le décès de la jeune
fille. Elle y raconte qu'elle se réfugiait aux heures de pause dans les
toilettes du collège Notre-Dame de la Paix, dans le Vieux-Lille. Ou bien dans un
couloir au quatrième étage, "là où il n'y avait jamais personne aux heures
creuses car personne n'avait la foi de monter jusqu'au quatrième."
Ce mardi 27 septembre, France 3 consacre sa soirée au harcèlement scolaire en diffusant
une série suivie d'un débat.
"Les toilettes étaient le seul endroit dans ce foutu
collège où j'étais sûre d'être tranquille. Ne serait-ce qu'épargner 15 minutes
de supplice à ma journée ferait qu'elle serait moins insupportable."
Lorsqu'il lui
fallait traverser la cour, voilà ce à quoi elle était confrontée:
"Je sentais sur moi les regards des autres. Je voyais leurs
sourires quand ils me scrutaient, je sentais leurs yeux se poser sur mes
vieilles baskets, mon jean effilé, mon pull à col roulé et mon sac à dos.
J’entendis quelques 'clocharde!'
(...)
Esquiver les coups, les croche-pieds et les crachats. Fermer ses oreilles aux
insultes et moqueries. Surveiller son sac et ses cheveux. Retenir ses
larmes".
La lecture de ce journal est éprouvante. Mais nécessaire à en
croire la démarche des parents d'Émilie qui entendent dénoncer l'omerta qu'ils
ont subie. Ils expliquent à La Voix du Nord que personne dans le collège, à la direction, ne veut
"parler de violences ou de harcèlement. Ce qui les intéresse, c’est de
garder leur réputation."
Une seule
oreille attentive, mais pas dans le service public
Ils expliquent
avoir trouvé une oreille attentive auprès de l'archevêché de Lille, qui a
promis de "faire quelque chose contre le harcèlement scolaire",
estimant que "cet événement doit être l'occasion d'une prise de
conscience".