par Fabien Benoît publié le 17 mars 2021
Depuis la pandémie, l’application star de visioconférence a colonisé le monde du travail et nos têtes. L’outil impose discipline et surveillance, engendre une grande fatigue et encourage toujours plus de rentabilité. Comment échapper à la «zoomification» de nos existences ?
«Déglingué», «le cerveau épuisé», tels sont les mots qui viennent à l’esprit de Jean-Baptiste, 37 ans, après une journée de travail. «Je démarre le matin, il fait nuit, et quand je m’arrête, il fait nuit, j’ai l’impression d’avoir passé la journée dans un tube. C’est un tunnel ininterrompu de visio», explique le jeune homme, producteur de films documentaires à Lyon qui, depuis les débuts de la crise sanitaire, travaille chez lui et enchaîne les rendez-vous sur Zoom, l’application de visioconférence star, forte désormais de plus de 300 millions d’utilisateurs quotidiens et dont la valorisation boursière s’est envolée, passant d’un milliard de dollars début 2020 à plus de 100 milliards de dollars aujourd’hui. «Ce qui est à la fois terrible et fascinant, poursuit-il, c’est que l’outil est d’une efficacité redoutable, j’ai le sentiment d’être hyperproductif mais tout ce qui fait le sel de mon métier disparaît, le rapport humain, la rencontre, l’informel.»