Par Claudine Schalck Sage-femme, psychologue clinicienne
Le torchon brûle entre syndicats de médecins et sages-femmes alors que le conseil de l’ordre de celles-ci porte plainte pour propos malveillants à leur égard. Après quatre mois de grève, voilà enfin dévoilées les résistances de fond et la fronde corporatiste qui touche cette profession, toujours dépositaire des enjeux de sa constitution face à celle des médecins.
En France, nous avons gardé une conception particulière de la grossesse, a priori à risque et pathologique. Elle tombe de ce fait dans le champ d’expertise du médecin, la sage-femme y ayant droit d’exercice mais avec des compétences réduites. Le corollaire vaut pour le suivi gynécologique et contraceptif. Impossible d’échapper ici à une histoire illustrée des questions de domination, de soumission et de dépendance liées aux sexes, les médecins n’étant longtemps qu’une profession d’hommes, et les sages-femmes, une profession de femmes. Ainsi, la physiologie de la maternité, de la féminité et de la sexualité reste crainte et sous surveillance du pathologique à travers l’expertise du médecin.