« Libérer la parole et rompre l’omerta. » Car la maltraitance des enfants handicapés est une réalité dans certains des établissements qui les accueillent, a reconnu mercredi 22 janvier Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, qui se sait pourtant « première garante »de leur protection. Effectuant un déplacement dans l'institut médico-éducatif (IME) Cour de Venise qu’elle juge modèle, à Paris (3e arrondissement), elle a donc présenté un plan de renforcement des contrôles effectués sur ces établissements dont« la quasi-totalité » est de qualité. La quasi-totalité seulement.
Ce branle-bas de combat ministériel est né d’un électrochoc télévisuel. Dimanche 19 janvier, sur M6, l’émission « Zone interdite » diffusait un long et éprouvant reportage, fruit d’une année d’enquête, qui mettait en lumière des mauvais traitements infligés aux enfants handicapés au sein de certains établissements belges (ce que Le Monde avait décrit le 4 janvier) tout autant que français. Des images filmées en caméra cachée à la maison d’enfants de Moussaron, à Condom (Gers), montraient ainsi des enfants attachés à leur lit, dormant dans un réduit, lavés en groupe, sous camisole chimique de neuroleptiques…
Ce documentaire a bien évidemment provoqué l’émotion chez les familles d’enfants handicapés mentaux. A l’instar des quelque soixante-dix par l’association Parents en colère 77 (Seine-et-Marne) : « Les impôts liés au handicap ne sont pas contrôlés, ils servent à maltraiter nos enfants et entretenir un réseau mafieux », communiquaient-elles le soir-même.