Lettre aux enseignants
LE MONDE | Par Sandrine Blanchard
Vie moderne
Chers enseignants,
Dans les boîtes aux lettres, les parents ont tout de suite reconnu votre courrier. Ces enveloppes, écrites de leur main, fournies en début d'année pour que vous puissiez leur envoyer ces fameux bulletins scolaires. Celui du deuxième trimestre a une "saveur" particulière : on se demande si les bonnes résolutions prises à la fin du premier auront porté leurs fruits. On s'inquiète qu'il n'y ait plus qu'à peine trois mois pour redresser la barre. Et on se promet de rester zen, au moins cinq minutes. "On a reçu ton bulletin !", lancent avec entrain les parents. "Ah, ouais...", répondent sans enthousiasme les premiers concernés. Mauvais signe...
C'est à la fois long et court de lire le bulletin d'un collégien ou d'un lycéen. Long, si on se met à étudier les colonnes de chiffres indiquant, pour chaque matière, la moyenne de l'élève, celle de la classe, la pire, la meilleure ; court, si on se rue instinctivement, en bas de la page, surl'"appréciation globale". Et là, vous avez une farouche tendance à toujours pointer ce qui ne va pas, à appuyer sur les lacunes, les échecs. A force, les parents deviennent comme vous et ne voient que le négatif.