Les essais cliniques, qui permettent d’évaluer les thérapeutiques (médicaments, dispositifs médicaux, chirurgie…), n’ont pas une bonne image en France. Le grand public et même les médecins connaissent mal les circuits complexes de ce pan de la recherche médicale, alimentant les fantasmes autour des « cobayes » de la science. Les patients, eux, rechignent à y participer, encore plus depuis l’affaire du Mediator. De leur côté, les professionnels déplorent les pesanteurs administratives françaises ; et les industriels s’inquiètent du recul de l’Hexagone dans la compétition internationale. La situation est-elle si sombre ? Et les essais cliniques sont-ils au final un risque ou plutôt une chance pour les malades ?
« Surtout, ne parlez pas de cobayes. En France, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce sujet, c’est culturel, mais ces recherches sont très bien bordées et contrôlées. Quel que soit le traitement, entrer dans une étude, c’est être mieux suivi pour sa maladie », insistent d’emblée les professeurs Christian Funck-Brentano et Jean-Sébastien Hulot, du Centre d’investigation clinique (CIC) Paris-Est (hôpital Pitié-Salpêtrière). Interfaces entre l’Inserm et les CHU où ils sont implantés, ces centres – 54 au total – sont des plates-formes consacrées à la recherche clinique.
MANQUE D’ENTHOUSIASME DES PATIENTS
Ils sont équipés, tant en moyens humains (infirmières, médecins, biostatisticiens…) que techniques, pour organiser et réaliser des essais cliniques dans un cadre académique ou industriel. Mais au CIC Paris-Est comme ailleurs, les équipes font face à un manque d’enthousiasme des patients. Selon un sondage IFOP-Lilly de 2010, 90 % des Français reconnaissent l’intérêt des essais cliniques, mais seulement 46 % se disent prêts à y participer.