Publié le 11/10/2023
A la date de mai 2023, on comptabilisait aux Etats-Unis 1,1 million de morts par Covid-19. Il est alors apparu que les circonscriptions à majorité républicaine avaient connu un taux de décès supérieur à celui des comtés démocrates. Il en a été de même en prenant en compte l’affiliation des personnes à l’un ou à l’autre des 2 grands partis politiques. Toutefois, de multiples facteurs ont pu intervenir dans ces disparités, autres que la seule appartenance politique, comme le caractère rural ou urbain des électeurs, leur origine ethnique, leur niveau d’éducation, etc.
J. Wallace s’est proposé d’analyser au niveau individuel, l’association entre appartenance à un parti politique et surmortalité pendant la pandémie de Covid-19, en prenant pour comparatif le taux de létalité hebdomadaire observé entre le 1erjanvier 2018 et le 31 décembre 2021. Pendant cette période, il a été déploré globalement 10 325 730 décès aux Etats-Unis chez les sujets âgés de plus de 25 ans. Dans les 2 seuls états de Floride et de l’Ohio plus particulièrement ciblés dans cette étude, on déplora pendant cette période de référence, 538 159 décès chez les plus de 25 ans, l’âge moyen de décès se situant à 78 ans (IQR 71-89 ans). Avant la pandémie, les taux de mortalité étaient similaires chez les votants républicains et démocrates.
Surmortalité en Floride et Ohio à partir de l’été 2021
Entre mai 2020 et décembre 2021, l’excès global de mortalité chez les républicains comparés aux démocrates fut de 2,8 points (1,6-3,7), soit de 15 % supérieur. Surtout, après avril 2021, quand tous les adultes furent éligibles à la vaccination anti-Covid, la différence passa de -0,9 points (-2,5 à 0,3) en mai 2000 à +7,7 points (+6,0 à +9,3) en mai 2021 en analyse ajustée, soit une différence de 43 %.Durant la période où la vaccination anti-Covid a été pleinement utilisée, entre avril et décembre 2021, une différence nette est donc apparue entre votants des 2 partis, avec surmortalité chez les républicains, allant de pair avec un taux observé de vaccination plus faible.
Il a, de fait, été noté pendant les premières phases de l’épidémie Covid des taux différents de mortalité en Floride et dans l’Ohio selon l’affiliation à un parti politique. Cette notion a paru être un facteur substantiel dès lors que la vaccination anti-Covid a été disponible pour l’ensemble de la population. L’appartenance à un parti politique peut donc être considérée comme semblable à des facteurs de risque bien établis tels qu’un état de santé altéré, des comorbidités notables, l’origine ethnique, un statut socioéconomique précaire ou encore l’absence de couverture par une assurance médicale.
En sus de la vaccination, ont pu aussi intervenir dans la transmission du virus et in fine dans le taux de décès, des interventions non pharmacologiques plus ou moins suivies telles que le port du masque. Concernant plus particulièrement la vaccination, on ne peut que regretter, après 2 ans d’efforts et de politique vaccinale, que plus de 50 millions de résidents aux Etats-Unis soient demeurés sans couverture vaccinale.
Les limites de ce travail sont multiples. Il existe de nombreuses autres causes à l’excès de mortalité constaté. Les données recueillies pour analyse n’ont concerné que 83,5 % de l’ensemble des décès durant cette période. Il a pu exister des biais dans l’exploitation des résultats qui n’ont concerné que 2 états, rendant toute généralisation à l’ensemble des Etats-Unis hasardeuse.
En conclusion, une surmortalité a été retrouvée chez les votants républicains, vs les votants démocrates de 2 états, lors de l’épidémie de Covid, et ce durant la période où la vaccination était disponible (et non dans la période antérieure). Cet excès de létalité a été plus marqué dans les zones où le taux de vaccination a été le plus faible. Ces constats peuvent être un des nombreux facteurs expliquant la sévérité et la trajectoire de l’épidémie récente de Covid-19 aux Etats-Unis.
Dr Pierre Margent
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