Publié le 15 août 2022
« Roupillons ! » (5/7). Respecter les plages de repos des petits, c’est favoriser leurs apprentissages. Fais dodo, t’en auras dans le ciboulot !
Durant la première année de sa vie, le nourrisson va progressivement passer d’un rythme ultradien, où le sommeil occupe les deux tiers de son temps, réparti entre la journée et la nuit, à un rythme circadien, basé sur un cycle de vingt-quatre heures, où il complète sa nuit avec quelques siestes. Pendant la petite enfance, de 3 à 5 ans, le bambin dort encore dix à treize heures, avec un sommeil de nuit et une sieste en début d’après-midi qui disparaîtra progressivement avant l’âge de 6 ans.
Beaucoup de mécanismes se déroulent pendant que dort le bambin
Beaucoup de mécanismes se déroulent pendant qu’il dort : la croissance, la maturation cérébrale, le développement du système immunitaire et du système cognitif. Mais aussi la consolidation des apprentissages. Ainsi, l’influence du sommeil sur les apprentissages se joue sur deux niveaux. Avoir bien dormi fournit au petit élève les conditions cognitives optimales pour acquérir de nouvelles connaissances ; bien dormir, après avoir appris, permet de les consolider.
Un enjeu majeur à l’école
Cela fonctionne aussi avec la sieste. Une étude menée, en 2014, par les psychologues américaines Sophie Williams et Jessica Horst a montré son importance sur l’acquisition de nouveaux mots. Non seulement les enfants de 3 ans habitués à la sieste avaient mieux retenu le vocabulaire (par rapport à ceux qui ne la faisaient pas) quelques heures après celle-ci, mais également le lendemain et sept jours plus tard !
« Un enfant fatigué ne peut pas accéder à de nouveaux savoirs » – Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie
Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie à l’université Lyon-I, fait partie du conseil scientifique de l’éducation nationale. Dans ce cadre, elle a dirigé la rédaction d’un livret intitulé Mieux dormir pour mieux apprendre, qui synthétise l’état de la recherche. « Maintenant que tous les enfants doivent être scolarisés à partir de 3 ans, la sieste dans les établissements devient un enjeu majeur, constate-t-elle. Car un enfant fatigué ne peut pas accéder à de nouveaux savoirs. »
Très vite surgissent plusieurs questions. D’abord, le besoin de sieste ne s’arrête pas au même âge pour tous. « Quarante pour cent des enfants en moyenne section ont encore besoin de faire la sieste ! Entre les enfants nés en début d’année et ceux en fin d’année, la situation est très différente, ajoute-t-elle. La priorité de l’éducation nationale est donc de s’adapter aux besoins physiologiques de chacun. »
Ensuite vient la difficulté de la gestion de ce moment si particulier. Car elle se situe au carrefour de deux organismes : l’éducation nationale, avec les enseignants, et les collectivités territoriales, avec les accompagnants (les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles). « C’est parfois un problème de personnel, savoir qui les emmène ou qui les réveille (à cet âge, ils devraient faire un cycle complet, quatre-vingt-dix minutes), mais aussi de logistique, car les dortoirs sont financés par les collectivités territoriales, reprend Stéphanie Mazza. Il y a certaines écoles où il n’y a pas assez de lits. Imaginez une cantine où les enfants n’ont pas tous une assiette ! »
La membre du conseil scientifique est néanmoins optimiste. La prise de conscience est là, et la sieste, bien qu’encore insuffisamment pensée en collectivité, a prouvé son utilité : dormir pendant l’école, ce n’est pas du temps perdu.
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