numerus clausus
Crédit photo : S. Toubon
Crédit photo : S. Toubon
Voici mon avis sur le plan santé prévu par l’énarchie en cours.
Numerus clausus : S’est-on interrogé sur le rôle du médecin car de cela dépend le nombre de praticiens dont on a besoin et le niveau de qualification qui doit être requis. Par quoi ce numerus clausus sera-t-il remplacé : un examen ou un concours anonyme ? Un entretien avec un universitaire (bonjour le piston !), l’examen des notes dans des lycées très disparates ?
Un médecin est-il un citoyen ayant fait dix années d’études complexes pour devenir agent de tri entre ce qui relève de la médecine et ce qui se rapporte au simple bon sens et à une éducation sanitaire minimale de la population ? Suivant les missions que la société compte attribuer aux médecins, ceux-ci devront être nombreux, disponibles à l’infini ou au contraire plus rares mais à compétences plus importantes.
Ne faudrait-il pas définir ce qui est indispensable en médecine, domaine dans lequel la solidarité nationale doit s’exercer et ce qui est superflu qui devrait dépendre de la responsabilité de chacun y compris sur le plan financier ? Par exemple est-il légitime de prendre en charge collectivement ce qui n’a pas un service médical rendu mesuré et assuré ?
Le virus de la suradministration
Pourquoi des assistants financés par les pouvoirs publics, si ce n’est pour augmenter la main mise de la Sécurité Sociale sur un exercice qui n’a plus d’indépendance que le nom ? Il est actuellement de bon ton de vouloir « aider », subventionner, ou « accompagner » les jeunes praticiens… En grignotant toujours un peu plus leurs libertés ; mais a-t-on évalué le coût de ces aides en y incluant ce que coûte toute la logistique pour aboutir à leur distribution ?
Je m’explique : on note un « manque » quelque part… On corrige par une distribution financière (prélevée où ? Payée par qui ?) ; pour cela on met en place une mission qui crée une cellule d’administratifs qui va définir qui a droit à la subvention, quels papiers seront à remplir (un peu plus de paperasse !), comment seront distribuées les aides, contrôlées leur versement etc. En finançant bien sûr cette structure logistique supplémentaire alors que le circuit court aurait été plus économe : à savoir augmenter raisonnablement le prix de chaque consultation et laisser chaque médecin prendre en charge l’aide dont il a besoin qu’il s’agisse d’assistant ou secrétaire.
La sur-administration française qui nous vaut une dette record par tout le travail improductif qu’elle finance ruine autant le pouvoir d’achat des Français que leurs aspirations à la liberté. Il me semble que les économistes de la santé n’incluent jamais dans l’étude des coûts les frais financiers de ces structures logistiques qui prolifèrent. Il semble notamment que les déficits hospitaliers ne se soient pas réduits avec la multiplication du personnel administratif qui a plutôt servi à « casser le pouvoir médical » si détesté des énarques.
Les médias disent que les Français sont schizophrènes voulant toujours plus de services publics et moins d’impôts : Non ; ils veulent des fonctionnaires de proximité (instituteurs, greffiers, policiers, soignants etc.) et non des administratifs planqués derrière leur console d’ordinateur et qui décrètent ce qui est bon pour eux. Oui à la solidarité mais non au collectivisme rampant. La France qui a perdu ses emplois manufacturiers est devenue une société de services dans laquelle un tiers des administratifs ne produit rien d’autre que des normes, de la réunionite et des contraintes.
Garantir une concurrence loyale
Les médecins déployés dans les « déserts médicaux » ? Pourquoi pas ? À condition que les modalités d’une concurrence loyale avec les praticiens indépendants soit définie et fasse l’objet d’un contrat écrit et signé. Après tout, pourquoi pas un système médical public couvrant ville et hôpital et un système médical privé avec praticiens indépendants et cliniques ? Si la Sécurité sociale assure le même financement pour le même service médical rendu ? Et que le meilleur gagne !
Développer le DMP ? Excellente initiative si la confidentialité est garantie, si la rédaction du dossier est faite par coopération du malade et de son médecin traitant, et s’il est la propriété exclusive du malade sous forme de clef USB ou de carte format carte bancaire. Ainsi, chaque patient sera responsable de la communication de ses données personnelles dont la consultation sera plus aisée de même que la conservation.
Concernant la prise en charges des urgences non vitales jusqu’à 20h en ville, il faudrait définir ce que sont les heures ouvrables en référence avec les heures d’ouverture de la sécurité sociale. En dehors, prévoir une sur-tarification ou à défaut admettre l’usage systématique du DE, car, puisqu’il ne s’agit pas d’urgence vitale cela peut attendre le lendemain.
À propos de la montée en puissance des forfaits, il faut les définir de façons très précise : leurs modalités de ré-évaluation, et les pénalités à percevoir en cas de retard de paiement. Jusqu’à présent les forfaits, jamais ré-évalués financièrement ont toujours été des pièges pour les médecins. La non revalorisation tarifaire des actes inscrits à la nomenclature a conduit à faire disparaitre les cabinets de groupes existants et qui s’auto-financaient par le biais d’une SCM à laquelle les praticiens adhéraient. Et les pouvoirs publics ne trouvent rien de mieux que de faire financer des maisons de santé médicales par la CNAM et les instances territoriales en créant au passage toute la logistique administrative fort coûteuse qui définira qui a droit aux subventions, contre quelles contraintes supplémentaires, avec quel remplissage de papiers et qui contrôlera la distribution des fonds et l’exactitude de la réponse aux contraintes imposées.
Autrement dit (comme ce fut le cas dans l’agro-alimentaire), les pouvoirs publics toujours avides de plus de réglementation, souvent d’ailleurs pour un moins bon résultat, s’emploient, y compris dans le domaine de la santé, à remplacer un circuit court entre médecins et patients par un circuit long intercalant la logistique administrative, qui ne sera pas forcément meilleur mais sera indiscutablement plus coûteux pour les finances publiques.
Enfin avec la création des CPTS, voilà encore une strate au millefeuille administratif… Évaluation du coût de sa création et de son fonctionnement ? N’est ce pas un vocabulaire de substitution pour ré- introduire les réseaux chers aux mutuelles ?
Conclusion : toujours plus d’administration et moins d’indépendance donc moins de liberté. Quels sont les sujets brillants qui, dans 20 ans auront encore envie de devenir médecin ?
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