L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France a annoncé que les distributeurs qui avaient été désinstallés le 31 août seraient réimplantés le 3 octobre.
Marche arrière toute. Les deux distributeurs de seringues stériles à destination des toxicomanes qui avaient été retirés le 31 août aux abords de l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) seront finalement réinstallés à partir du 3 octobre. Face au début de polémique, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France a annoncé, mardi 2 octobre, l’arrêt précipité de l’expérimentation qui devait durer trois mois. Elle avait été décidée en raison du grand nombre de seringues retrouvées dans l’espace public, notamment sur la commune de Sevran.
Les principales associations de réduction des risques (Act Up Paris, Aides, ASUD, Fédération Addiction, Gaïa Paris, Médecins du monde, etc.) avaient dénoncé, dans un communiqué commun publié le 27 septembre, une décision « incohérente », faisant « l’impasse sur les conséquences sanitaires et le nombre de nouvelles contaminations » par le VIH et l’hépatite C, en raison d’un risque accru d’échanges de seringues.
« Nous voulions substituer un dispositif de réduction des risques par un autre, et remplacer les appareils par des équipes mobiles qui auraient fourni et récupéré le matériel directement auprès des usagers, explique au Monde Nicolas Péju, le directeur adjoint de l’ARS Ile-de-France. Mais il y a eu des retards et la substitution n’a pas été concomitante, c’est pourquoi nous décidons de réimplanter les distributeurs là où ils étaient. »
Arbitrage entre santé publique et ordre public
Pour justifier le retrait, Jean-Philippe Horréard, délégué territorial de l’ARS, assurait, le 28 septembre, à 20 minutes, qu’il avait fallu « arbitrer entre un problème de santé publique et un problème d’ordre public ». « L’arrêt des distributeurs est un problème, on ne peut le nier », estimait-il.
Face aux critiques, l’ARS fait valoir que cette expérimentation avait été décidée à l’issue d’une concertation entre la préfecture de Seine-Saint-Denis, la ville de Sevran, l’hôpital Robert-Ballanger et l’association Aurore, qui gère le centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) d’Aulnay-sous-Bois. Elle rappelle également que l’expérimentation prévoyait une extension des horaires du Caarud« aux heures matinales correspondant aux usagers constatés ».
« Régression sanitaire »
Le retrait des distributeurs constituait « une régression sanitaire et la destruction de toute politique de prévention des risques », jugeait Pierre Laporte, le vice-président à la santé et au social du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, avant l’annonce de l’ARS. Dans un message publié sur Twitter, Anne Souyris, l’adjointe chargée de la santé à la Mairie de Paris, avait dénoncé, le 1er octobre, un « acte moyenâgeux et de facto meurtrier »,demandant : « Quel est l’objectif du préfet de Seine-Saint-Denis quand on a la leçon des années 1980 et ses milliers d’usagers de drogues morts du partage de seringues ? »
Pour la Ville de Paris et le conseil départemental, cet épisode était l’occasion de rappeler leur souhait de voir s’ouvrir une salle de consommation à moindre risque (SCMR, dite « salle de shoot ») en Seine-Saint-Denis. « Même si ces salles ne constituent pas l’alpha et l’oméga, elles ont fait leurs preuves dans plein de pays »,souligne M. Laporte.
Or, le temps presse. La loi votée en 2015 prévoit que l’expérimentation de ces salles soit possible pendant six ans à partir de la date d’ouverture de la première d’entre elles et que la durée de fonctionnement ne soit pas inférieure à trois ans. Sauf si les règles devaient évoluer, les futures salles doivent donc impérativement entrer en service avant octobre 2019.
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