| 03.10.2018
Beaucoup de femmes sont victimes de violences sexuelles ou de harcèlement sexuel au cours de leur vie. Ces traumatismes ne sont pas sans conséquence sur leur santé mentale et physique, comme le confirme une étude américaine publiée dans le « JAMA Internal Medicine ». Ses auteurs se sont intéressés aux conséquences en termes d'hypertension, de dépression, d'anxiété et de troubles du sommeil.
« De multiples études ont montré l'impact de toute forme de violence sur la santé. Cette nouvelle étude apporte une preuve supplémentaire », indique au « Quotidien » le Dr Muriel Salmona, psychiatre et fondatrice de l’association Mémoire traumatique et victimologie, en commentaire de ces travaux.
Une femme sur cinq victime de violences ou de harcèlement
Quelque 304 femmes, âgées de 40 à 60 ans (âge moyen de 54 ans) et non fumeuses, ont été incluses dans cette cohorte prospective. Leur expérience a été rapportée à l'aide d'entretiens et de questionnaires. « L'étude ne précise pas à quel moment est survenu le traumatisme, regrette le Dr Salmona. L'impact est différent selon qu'il survienne au cours de l'enfance ou à l'âge adulte ».
Parmi ces femmes, 19 % ont déjà subi du harcèlement sexuel au travail et 22 % des violences sexuelles. Elles sont 10 % à rapporter avoir subi les deux.
Ces chiffres sont inférieurs aux estimations américaines : aux États-Unis, entre 40 et 75 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail et 36 % de violences sexuelles. Cette sous-estimation s'explique notamment par le fait que les fumeuses ont été exclues de l'étude. « Le fait de subir des violences, en particulier sexuelles, est un facteur de risque important de conduite addictive, avec des impacts en termes de risque cardiovasculaire. En n'incluant pas les fumeuses, les auteurs ont éliminé une partie des femmes ayant subi des violences sexuelles, souligne le Dr Salmona. Malgré cette exclusion, l'impact sur la santé est significatif. »
Davantage d'hypertension chez les femmes harcelées
En effet, les femmes victimes de harcèlement sexuel présentaient davantage d'hypertension (odds ratio [OR] = 2,36) et de troubles du sommeil (OR = 1,89) que les autres femmes. Quant aux violences sexuelles, elles étaient associées à davantage de symptômes dépressifs (OR = 2,86), d'anxiété (OR = 2,26) et de troubles du sommeil (OR = 2,15).
« Ces différences de conséquences sont peut-être liées au fait que le harcèlement sexuel est sans doute survenu de façon plus récente dans la plupart des cas que les violences sexuelles, mais l'étude ne permet pas de conclure à ce sujet », note le Dr Salmona.
Pour elle, certains éléments auraient gagné à être précisés, notamment le profil psychotraumatique des patients. « Il aurait également été utile de savoir si les violences se poursuivent ou non », souligne la psychiatre.
Toutefois, cette étude a le mérite de témoigner « du préjudice des violences faites aux femmes », selon le Dr Salmona. « Ces résultats doivent inciter à lutter davantage contre les violences faites aux femmes, qui ont un impact lourd en termes de santé. Les médecins doivent systématiquement dépister ces violences afin de proposer une prise en charge adaptée », conclut-elle.
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