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vendredi 5 octobre 2018

Pourquoi les salariés se droguent-ils au travail ?

« Se doper pour travailler » décrit un phénomène d’une ampleur considérable et identifie les motivations des « consommateurs » ainsi que les réflexions menées dans les entreprises pour protéger les salariés.
LE MONDE  |  Par 

« Se doper pour travailler », sous la direction de Renaud Crespin, Dominique Lhuilier et Gladys Lutz (Erès, « Clinique du travail », 2017, 352 pages, 18 euros).
« Se doper pour travailler », sous la direction de Renaud Crespin, Dominique Lhuilier et Gladys Lutz (Erès, « Clinique du travail », 2017, 352 pages.).
Livre. Cannabis, amphétamines, alcool ? Quand la transformation du travail semble impossible, la transformation de soi apparaît comme une alternative. L’essai Se doper pour travailler (Erès) le démontre à travers plusieurs enquêtes de terrain sur l’usage des substances psychoactives (SPA) au travail, dans le BTP, la police, dans les cabinets d’avocats, dans les aéroports, en France, et à l’international.

L’objectif de l’ouvrage est d’ancrer la prévention à l’analyse du travail réel dans une approche multidisciplinaire (sociologique, juridique, psychologique, ergonomique, etc.). Car « les usages de SPA répondent aux enjeux de l’activité de travail », souligne la chercheuse Dominique Lhuilier.
Se doper pour travailler est le résultat d’un travail collectif, mené sous la direction des chercheurs Renaud Crespin (CNRS), Dominique Lhuilier (CNAM) et Gladys Lutz. Il décrit un phénomène d’une ampleur considérable et identifie les motivations des « consommateurs », les fonctions professionnelles du recours aux substances psychoactives, ainsi que les réflexions menées dans les entreprises sur l’organisation d’une action syndicale possible pour protéger les salariés, car l’enjeu de santé publique est important.
Energie, concentration, productivité
Le dopage au quotidien « est très fréquent », affirment les auteurs. Il n’est pas généralisé, mais il n’est réservé ni à une catégorie socio-professionnelle ni à un secteur d’activité. Des ouvriers, des cadres, des employés, des intérimaires consomment des drogues et des psychotropes.
Pourquoi ? Pour se dépasser, pour garder le rythme, pour supporter la souffrance physique ou psychique, pour anesthésier les peurs, pour s’intégrer à une équipe, bref pour rester adaptés aux conditions de leur emploi. « Les produits leur permettent de trouver l’énergie qui leur fait défaut, la concentration qu’ils espèrent et la productivité qu’ils recherchent ou qui leur est demandée », écrit le psychiatre addictologue Michel Hautefeuille.
La responsabilité du management est clairement établie. Mais les auteurs mettent surtout en garde contre l’individualisation du phénomène qui empêche l’analyse objective des interrelations entre travail et dopage, et donc toute politique de prévention.
« Se doper pour travailler », sous la direction de Renaud Crespin, Dominique Lhuilier et Gladys Lutz (Erès, « Clinique du travail », 2017, 352 pages

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