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dimanche 21 mai 2017

La réalité virtuelle à la rescousse des médecins pour les annonces délicates aux patients

Roxane Curtet
| 21.05.2017



ralité virtuelle

Complications de la maladie, effets secondaires liés au traitement, incidents imprévus lors d’un examen ... Comment apprendre à un patient que son cas est grave ou qu’une erreur médicale a été commise ? Bientôt, un système de réalité virtuelle simulant les interactions avec le patient pourrait être disponible pour aider les médecins à mieux se préparer à ces entretiens délicats.

Si ce moment n’est agréable ni pour le praticien ni pour le patient, la façon dont celui-ci va percevoir cette annonce va avoir des conséquences sur l’évolution de sa maladie comme sur l’efficacité des soins. C’est pourquoi la HAS recommande de former les professionnels de santé à ce type de démarches. Pour répondre à cette attente, le Laboratoire parole et langage (LPL) et le Laboratoire des sciences de l'information et des systèmes (LSIS) ont collaboré afin de créer un patient virtuel capable de simuler l’entretien avec un médecin chargé de lui annoncer une mauvaise nouvelle. « La réalité virtuelle a pu être utilisée pour l’apprentissage du geste médical, comme la formation des chirurgiens ou pour soigner certaines phobies », souligne Magalie Oches, enseignante-chercheuse au LSIS.
Un avatar virtuel comme patient
Si des établissements hospitaliers disposent déjà d’un centre de formation avec des sessions d’entraînement aux entretiens avec un comédien dans le rôle du patient, ce procédé est coûteux et difficile à mettre en place. D’où l’intérêt de remplacer l'acteur par un personnage numérique avec qui le médecin intéragira, une fois lui-même plongé dans un environnement de réalité virtuelle mettant en scène une chambre de réveil.
Le plus complexe reste la mise au point du « patient », un avatar animé et autonome qui devra réagir verbalement et physiquement avec des gestes ou des postures particulières en réponse aux propos et aux comportements du médecin. Ainsi, pour le réaliser, les chercheurs se sont basés sur des heures d’enregistrement vidéo provenant des centres de formation du CHU d’Angers et de l’Institut Paoli Calmettes, partenaires du projet. Regards, sourire, froncements de sourcils, les chercheurs ont analysé en détail les vidéos afin de pouvoir décrire avec précision tous les processus de communication verbale et non verbale entre le praticien et le comédien interprétant son rôle de patient. Les données recueillies ont ensuite été traitées via des algorithmes d’apprentissage puis utilisés pour établir des modèles de comportement et de raisonnement de l’avatar du malade.
Actuellement, le patient virtuel est en phase de test auprès d’une vingtaine de personnes. En parallèle, le système complet est en cours d’élaboration. En ce qui concerne le système de dialogue médecin/avatar, il se fonde sur la reconnaissance vocale chargée de transcrire la parole du praticien et sur des capteurs qui permettent la prise en compte de la communication non verbale. Au final, le système devrait être disponible en trois versions : sur ordinateur, avec un casque de réalité virtuelle ou dans une salle immersive.
Enfin, une fois terminé, le dispositif intégrera une fonction qui évaluera le résultat de l’interaction. Le but n’étant pas de « noter » le professionnel de santé qui s’est plié à l’exercice mais de réaliser, grâce à l’interprétation des données de session, des commentaires pour améliorer la qualité de l’entretien parfois négligé lors de la pratique médicale. Normalement, les gastro-entérologues devraient être les premiers à tester ce système.

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