| 29.08.2016
Récemment, une grande Association américaine, la New York State medical association, a mis à son ordre du jour l'Assassinat médical,c'est-à-dire le droit pour les médecins de tuer leurs malades : autrement dit de hâter la mort des personnes incurables qui désireraient quitter la vie le plus tôt possible.
Actuellement, aucune nation du monde civilisé n'admet semblable manière de voir (hormis dans l'est de la Sibérie où certaines peuplades tuent encore leurs malades et leurs vieillards), tandis que la dite Association, qui comprend plus de 10 000 membres, la réclame comme un indiscutable droit !
Que pense-t-on en France de ce droit ? Y a-t-il vraiment chez nous des médecins qui seraient disposés à en user si la loi leur donnait ce pouvoir ? Il est permis d'en douter ; mais il est plus simple, pour s'en assurer, de demander à chacun de nos confrères leur opinion sur ce point. Aussi La Gazette médicale de Paris offre-t-elle ses colonnes à tous ceux qui, sur ce sujet fort délicat, voudraient lui adresser quelques communications, et lui communiquer des idées nouvelles.
On va répétant : le médecin, pas plus qu'un autre homme, n'a le droit de tuer son semblable, même pour l'empêcher de souffrir. Certes, il est prudent d'avoir souvent à l'esprit cet adage ; car, sans cela, l'abus ne serait peut-être pas long à se montrer, surtout dans les pays latins à tête chaude !
Mais, cependant, n'est-il pas aussi immoral de tolérer le duel ?
Les Américains et quelques étrangers le pensent ; et la question vaut la peine qu'on la discute. Mais il est bien certain qu'en Europe nous sommes peu préparés à admettre pareille théorie.
En ce qui nous concerne, nous ne pouvons admettre que tout médecin ordinaire ait ce droit ; ce serait trop dangereux. Mais pourquoi ne le conférerait-on pas, sous des garanties spéciales, à certaines personnalités, qui sont et seront toujours au-dessus de tout soupçon ? En Angleterre, les juges sont insoupçonnables, en raison de leur situation matérielle. En France, il y a encore un bourreau, de mœurs irréprochables et inattaquables d'ailleurs, qui ne tue que quand il le faut !
Pourquoi n'aurions-nous pas aussi les médecins qui tuent ? Ce serait une spécialité à créer ; et voilà tout ! En réalité, ce n'est pas si irrationnel que cela le parait à première vue. Et les Américains n'ont peut-être pas tout à fait tort. Mais inutile d'insister. L'opinion d'un journaliste ne devant jamais compter, que nos lecteurs nous donnent la leur ; et l'on sera bientôt fixé !
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